"Moi, Kadhafi" de la Martiniquaise Véronique Kanor sur les planches parisiennes du 9 au 21 janvier

Serge Abatucci dans la pièce "Moi, Kadhafi"
Après des représentations aux Antilles à Avignon et à Ouagadougou, la pièce écrite par Véronique Kanor, originaire de la Martinique, et mise en scène par Alain Timar, est jouée à Paris à La Scala, du 9 au 21 janvier. L'acteur Serge Abatucci, également codirecteur du Centre dramatique Kokolampoe en Guyane, livre une performance remarquable.

Du 9 au 21 janvier 2024, "Moi Kadhafi" est présentée à Paris. La pièce, créée par Véronique Kanor lors de résidences d'écriture en Guyane et en Martinique, a été présentée dans les Antilles, au Festival d'Avignon Off et également au festival Les Récréatrales à Ouagadougou au Burkina Faso.

Pour cette pièce Alain Timár le metteur en scène souhaitait un monologue pour Serge Abatucci dans le rôle de Kadhafi.

Véronique Kanor a travaillé dans un premier temps sur la biographie de Mouammar Kadhafi, mais le texte n’était pas concluant. C’est alors que lui vient l’idée de déplacer son regard vers les Antilles.

La façon la plus juste d’écrire Kadhafi était de partir de moi, de mes terres créoles et de mes sentiments de personne descendant d’un peuple colonisé. J'ai choisi d’évoquer Kadhafi par le ricochet d’un autre personnage et ce, depuis une autre terre que sa Libye.

Véronique Kanor, autrice

Le rôle de Paul a été confié à Serge Abatucci en raison de sa ressemblance physique frappante avec le dictateur libyen. Ce dernier, codirecteur du Centre dramatique Kokolampoe en Guyane, offre une performance exceptionnelle. Cette représentation vise à explorer les subtilités de l'héritage de Kadhafi et à questionner les mécanismes de l'assimilation.

de Gauche à droite : Alain Thimar (metteur en scène) Serge Abatucci (comédien) et Véronique Kanor (auteure)

Au fil des répétitions et des représentations, l'acteur antillais finit par s'immerger tellement dans le personnage qu'il en vient à se perdre lui-même. Progressivement, il se transforme en guide de la révolution libyenne, plongeant dans une confusion des rôles et des identités, livrant un monologue fiévreux et passionné sur l'état du monde.

Le désir d'Alain Timar de faire incarner le colonel Kadhafi par Serge Abatucci remonte à longtemps, fasciné par la puissance et le magnétisme du leader libyen que le comédien parvient à restituer sur scène.

La rencontre avec le comédien Serge Abatucci (avec qui j’ai déjà travaillé) et dont la ressemblance avec Mouammar Kadhafi m’a étonné, a entériné le projet. J’ai souhaité également que Véronique Kanor (à qui j’avais fait appel pour la pièce « Le temps suspendu de Thuram ») écrive la pièce. Alfred Alexandre s’est joint à nous pour la dramaturgie.

Alain Timar metteur en scène

Alors que Paul s'identifie de plus en plus au personnage, le chef d'État traqué devient le miroir fantasmatique du comédien quittant son île pour se produire sur les terres de l'oppresseur. Des images sur support vidéo évoquent la Libye sous l'ordre du Colonel, soulignant le paradoxe de l'émancipation promise par la soumission militaire, et les projections reflètent la fascination iconographique qui entourait Kadhafi.

Serge Abatucci dans "Moi, Kadhafi"

La deuxième partie du spectacle révèle pleinement Serge Abatucci alors qu'il endosse les costumes kadhafiens, plongeant dans une rage vindicative.

Mouammar Kadhafi est décédé dans la confusion en 2011, lynché puis tué à Syrte en Libye lors d'un soulèvement soutenu par la communauté internationale, laissant le pays plongé dans une grande instabilité.

À l'affiche du Théâtre La Scala dans le 10e arrondissement de Paris, la pièce "Moi Kadhafi" sera jouée du 9 janvier jusqu'au 21 janvier 2024.