Dans le langage du rugby, Fabien Galthié le sélectionneur utilise le mot finisseur pour les joueurs qui ne démarrent pas le match. Au handball, c'est un peu différent tellement les rotations sont effectuées en cours de match. Melvyn Richardson aura attendu la 18ème minute de ce match pour montrer le joueur magique qu’il peut être. Pas un finisseur, mais un super joker de luxe, un vrai impact player.
Ce n’est pas dans le style de son père Jackson, c’est du Melvyn. En regardant de plus près ce match contre le Monténégro, c’était même Magic Melvyn.
Melvyn rassure et assure
Patrice Annonay, notre consultant, était admiratif quelques minutes après le coup de sifflet final :
"Melvyn a donné un signal fort, on peut compter sur lui malgré la blessure de Dika Mem, il est là. Ça rassure ses coéquipiers et le sélectionneur qu’il soit à ce niveau-là et au bon moment. C’est un garçon humble, qui se fond dans le collectif, ce n’est pas la star qui va tirer les autres joueurs derrière lui, il est plutôt suiveur, homme de travail et de devoir. Mais sa performance ne m’étonne pas, il est en pleine confiance."
On a retrouvé, sur ce qu’on a vu dans ce match, le Melvyn d’il y a deux ans. Lors de sa dernière saison à Montpellier, il était stratosphérique, avant qu’il parte à Barcelone.
Patrice Annonay, consultant handball la 1ère
Interrogé en zone mixte après son match par nos confrères de France télévisions sport, Melvyn n’a pas changé ses habitudes. Il reste profondément collectif, et ne souhaite pas mettre sa performance en avant. Tout juste, se rappelait-il, d’avoir marqué dix buts au micro de Manu Roux.
"Ah bon ? Je ne savais pas que j’en avais mis autant ! Après le but, c'est d’aider au maximum l’équipe et je suis content de l’avoir fait. On a eu un début de match un peu poussif dans cette grande salle de Cracovie qu’on découvrait, il faisait froid donc c’était compliqué de nous mettre en chauffe. Mais on a su rester sérieux et appliqués en attaque ou en défense."
Toute la palette du Réunionnais y est passée. Il était à la fois tireur de près ou de loin, meneur, passeur décisif, tireur des jets à 7 mètres, il a réceptionné des caviars de ses coéquipiers comme ce but que lui offre Élohim Prandi en seconde période. Il a même eu de la réussite sur un but qui tape la base du poteau avant de rentrer, la marque des grands joueurs. Et enfin, il a même connu l’échec sur le dernier tir du match, un 7 mètres que le gardien monténégrin détourne, ce qui aurait pu monter son curseur personnel à 11 buts, et qui lui a laissé un petit goût d'inachevé.
"Ce qu’il a montré, au près ou au loin, traverser, passer au pivot, gérer les timings et les changements de rythme, c'était fort. Et quand il lâche son bras gauche et qu’il est relâché, c'est difficile de l’arrêter. Mentalement, il se pose moins de questions, car il a ce rôle à prendre", note Patrice Anonay.
Les bleus sont armés
Voilà donc l’équipe de France dotée de sa force de frappe made in Réunion, qui se conjugue avec un autre phénomène dans les buts, Vincent Gérard. Le gardien tricolore a permis aux bleus de ne jamais douter dans une entame quasi parfaite où il a éteint les velléités monténégrines en effectuant deux arrêts coup sur coup. Il rendra une copie à 45 pour vent de réussite dans ses arrêts, ce qui est une statistique phénoménale à ce niveau de compétition.
Patrice Annonay est donc satisfait du rendu tricolore :
"Ils ont fait une démonstration, un match plein, le match contre la Slovénie les a un peu alertés sur certaines choses qu’ils ont su gommer contre le Monténégro. L’attaque tournait bien, le liant que je n'avais pas vu il y a deux jours, je l’ai vu, et puis Vincent a fermé très vite la porte."
Pour autant, notre consultant, pointilleux, remarque encore des points à travailler, ou des aspects négatifs qui auraient pu transformer le match d’hier en démonstration à plus de 40 buts marqués, même si on n’en était pas loin au final.
"Le seul truc qui ne fonctionne pas trop encore, si je veux être un peu critique, ce sont les rotations avec certains joueurs. On voit qu’il y a clairement un sept majeur avec quelques joueurs remplaçants très costauds comme Melvyn qui sont des détonateurs. Mais on est armés, même sans Dika Mem qui est encore blessé. On monte en pression et on a donné aux autres équipes un signal fort, il faudra venir nous chercher."
Tous les voyants au vert
Globalement, la bande à Guillaume Gilles devrait disputer la première place à l’Espagne, vainqueur de la Pologne 27/23. Avec une perspective de jouer en quarts de finale la Norvège ou l’Allemagne mercredi prochain.
"Il y a aussi une confiance commune qui se dégage de cette équipe qui doit maintenant regarder ses adversaires droits dans les yeux. Ceux qui joueront la France auront des frissons et de tremblements."
Le choc face à l’Espagne dimanche va nous permettre de nous jauger. Un championnat du monde c’est step by step. L’Espagne dimanche ce ne sera pas le juge de paix mais ça montrera où est le curseur de l’équipe de France par rapport son l’objectif d’être championne du monde
Patrice Annonay, consultant handball la 1ère
Melvyn Richardson est dans la même analyse que Patrice Annonay :
"C’est un bon début de championnat, on est ambitieux, on n’a pas envie de faire de calculs, notre objectif est de gagner un maximum de match pour se qualifier le plus facilement possible, je suis très satisfait, car tout le monde fait ce qu’il avait à faire, moi compris."
Le match contre l’Iran vendredi serait presque une formalité ? L’entraîneur Guillaume Gilles parle d’un match que son équipe doit clairement gagner. Seule précaution à avoir, toujours garder la vigilance et la concentration, quel que soit l’adversaire.
"Savoir garder l’état d d’esprit et le niveau de jeu permettra, si la victoire se profile tôt, de faire des rotations dans l’effectif, ce qui est nécessaire dans la gestion mentale et physique d’un groupe qui vit bien." conclut notre consultant.