Montpellier : une jeune femme d’origine guadeloupéenne décède, le Samu mis en cause

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Le 15 octobre dernier, une juriste de 25 ans succombe à une méningite foudroyante. Après plusieurs appels aux services d’urgence, ceux-ci ont refusé de déployer une équipe pour la prendre en charge. Une enquête a été ouverte par le parquet de Montpellier.

Vendredi 25 octobre le corps d’une jeune femme a été incinéré à Montpellier. Meggy avait 25 ans, elle était juriste et originaire de la Guadeloupe, elle avait toute la vie devant elle. Elle est décédée le 15 octobre faute de prise en charge par les services d’urgence de l’Hérault des suites d’une méningite foudroyante. Elle repose aujourd’hui auprès de sa famille sur l’île papillon.

"De l’eau avec du sucre"

Le jour du drame, la victime alerte sa meilleure amie sur son état de santé : vomissements, fortes fièvres, douleurs... "Lorsque je suis arrivée chez elle à 15 h 11 j’ai tout de suite constaté que son état était critique. J’ai alors appelé le Samu dans les minutes qui ont suivi", explique-t-elle. Tandis qu’elle détaille la situation et les antécédents asthmatiques de son amie à l’opérateur du Samu puis à un médecin, ceux-ci ne semblent pas la prendre au sérieux. "J’ai alors passé le téléphone à mon amie afin qu’elle puisse décrire ses symptômes au médecin. Elle était en grande souffrance et a alors réclamé de la morphine. Ce à quoi le médecin lui a rétorqué d’un ton très sec et méprisant : "calmez-vous, madame, calmez-vous." J’ai eu le sentiment que parce que nous étions des femmes, notre souffrance n’était pas écoutée comme si nous étions en train de mentir ou d’exagérer la situation." Les deux amies obtiendront comme seule prescription "de l’eau avec du sucre" et l’adresse d’un cabinet de SOS Médecin. Un diagnostic bien en deçà des symptômes que présentait la malade qui ne possédait de surcroît pas de moyen de transport.

"J’ai eu l’impression qu’on les dérangeait"

À 15 h 45, tandis que Meggy dit ne plus sentir ses membres inférieurs et présente de fortes difficultés à respirer, Justine* contacte les pompiers qui la dirigent vers un centre d’appel du Samu. Elle explique alors l’état plus qu’inquiétant dans lequel se trouve son amie, mais là encore les services d’urgence ne réagissent pas, et aucune ambulance n’est envoyée au domicile de la jeune femme. "J’ai eu l’impression qu’on les dérangeait. On m’a seulement conseillé de lui donner sa Ventoline", témoigne Justine*.

"Je vois tout blanc, je vais mourir"

À 16 h 56, un troisième ami de la victime se présente à son domicile. Ensemble ils portent la jeune femme alors paralysée jusqu’au véhicule de ce dernier et partent en direction de la clinique la plus proche. "Le GPS nous indiquait 13 minutes, nous avons essayé de la rassurer en lui disant que tout allait bien se passer", témoigne l’un de ses amis. Sur le trajet, Meggy respire de plus en plus difficilement et la Ventoline ne semble plus produire le moindre effet. En très grande détresse, celle-ci répète "Je vois tout blanc, je vais mourir". Cinq minutes avant d’arriver aux urgences, elle perd connaissance. L’un de ses amis tentera de la réanimer. En vain.

Plus de deux heures après le premier appel au Samu, Meggy sera finalement admise aux urgences à 17 h 30. "Les urgentistes de la polyclinique ont tenté de la réanimer et en raison de son état, ont décidé de la transférer en urgence absolue au CHU de Montpellier. Nous avons rapidement appris son décès", se désole Justine*.

"Il faut que justice soit faite"

Aujourd’hui les amis de la victime attendent des réponses. "Nous avons décrits des symptômes qui auraient dû alerter les secours. Que faut-il dire aux services d’urgence pour obtenir une prise en charge ?", s’insurge l’un d’eux. De plus, si tous espèrent que des drames comme celui-ci ne se reproduisent pas, certains d’entre eux souhaitent "des sanctions" à l’encontre des opérateurs et des médecins qui n’ont pas pris au sérieux leurs appels. "Si elle avait été prise en charge à temps, elle serait peut-être toujours parmi nous. Il faut que justice soit faite", conclut Justine*.

Pour sa part, la famille de la victime, a porté plainte pour "non-assistance à personne en danger et homicide involontaire", affirme son amie. Le parquet a été saisi et une enquête judiciaire a été ouverte.

De son côté, le CHU de Montpellier, où le décès de la jeune femme a été déclaré, s'est engagé, par communiqué, "à apporter en toute transparence les précisions nécessaires à la compréhension des circonstances exactes du décès », rapportent nos confères de France 3 Occitanie. Enfin, l’Agence régionale de santé (ARS) a lancé " une mission d’inspection sur les conditions de prise en charge de la jeune montpelliéraine, le jour du drame", affirment nos confères.

*Le prénom a été modifié