Nickel : une analyse de la banque Morgan Stanley évoque la SLN et Eramet

Devant le siège de la banque Morgan Stanley à New-York.
Le prix volatil du nickel continue de tester la patience des acteurs du marché mondial des métaux de Londres (LME). Nickel et véhicules électriques, acier inoxydable, la banque américaine Morgan Stanley évoque aussi la situation de la SLN en Nouvelle-Calédonie. Sans faire de commentaire.
 
Le constat : dans une analyse publiée en début de semaine, l’une des principales banques d’investissement du secteur des matières premières évoque les tourments actuels du marché du nickel. Morgan Stanley pointe tout d’abord l’offre excédentaire d’acier inoxydable dont le marché n’aurait pas tenu compte, ainsi que l’insuffisance d’investissements des compagnies minières pour répondre à la demande spécifique du marché des batteries pour les véhicules électriques. Résultat, la banque américaine rappelle que les prix ont baissé de 20 % par rapport à leur pic du mois de juin.

Selon l’analyse, la baisse des cours ne devrait pas se poursuivre, en raison des menaces pesant de nouveau sur la rentabilité des producteurs, mais aussi car les réductions de l’offre intervenues en 2015-2017 ont réduit les stocks mondiaux de nickel.

Signe de l’importance, même relative, prise par la Nouvelle-Calédonie dans le marché du nickel, l’analyse évoque, mais sans commentaire : « la SLN (Eramet) qui a suspendu la production et reporté des plans d’expansion sur son gisement de Kouaoua en Nouvelle-Calédonie – environ 20 % des capacités de la SLN – en raison de troubles sur le site ». L’analyse de Morgan Stanley est lue par les investisseurs et les analystes du monde entier. Comment l’interpréter ? Jean-François Lambert, consultant et ancien banquier spécialiste du financement des matières premières pour HSBC, livre son sentiment : 
 

"La Chine est inquiète et le miracle des véhicules électriques est encore un mirage. Cela pèse sur le nickel à court terme. Mais la longue-vue reste positive : la Chine va reprendre des couleurs le gouvernement chinois veille, et le mirage, progressivement, deviendra réalité. Est-il raisonnable dans ces conditions de mettre la production de la Nouvelle-Calédonie en stand-by ? Ce que la SNL ne peut produire, d’autres le produiront. Le marché n’en souffrira pas, les Néo-Calédoniens en revanche..."

 

Dans la pénombre des usines

Malgré la baisse inquiétante des cours, les fondamentaux du nickel ont peu changé souligne encore Morgan Stanley. L’Indonésie pèse sur le marché avec d’importantes capacités d’exportation vers la Chine de minerai mais aussi de ferronickel. Tout comme les Philippines... Difficile d’y voir clair dans le jeu de ces deux producteurs et de leurs clients chinois qui développent leurs capacités de production de sulfures de nickel pour les batteries des véhicules électriques. "Un marché qui nécessitera 366.000 tonnes de nickel pur en 2025 contre 66.000 tonnes en 2019" précise la banque américaine qui ajoute "la réponse du géant anglo-australien BHP Billiton est d’augmenter les capacités des complexes industriels et miniers de Nova et de Nickel West en Australie".

La croissance de la demande de nickel pour les véhicules électriques permet d’envisager un prix autour de 16.500 dollars la tonne, mais « à plus long terme » conclut Morgan Stanley, « il suffira d’une croissance de 1,5 % à 2 % par an de la demande en nickel pour l’acier inoxydable pour que cette prévision se réalise ». En attendant, le cours du nickel s’échangeait de nouveau en baisse autour de 12.215 dollars la tonne (-1,61 %) en soirée au LME. Sur un mois, la chute est de près de 12 %.