Le nickel calédonien est un grand voyageur

Au troisième trimestre 2018, les prévisions d’investissements des entrepreneurs étaient pessimistes, surtout dans la mine et la métallurgie
Rizhao en Chine, Rotterdam aux Pays-Bas ou Baltimore aux Etats-Unis, les grands ports mondiaux reçoivent régulièrement leurs conteneurs de nickel calédonien. Confirmation avec la dernière publication de l’INSG.
Le dernier document mensuel consacré au nickel est toujours aussi pointu et détaillé. Des pages de chiffres et de tableaux composent le « World Nickel Statistics ». Il est établi par le très discret Groupe d’étude international du nickel à Lisbonne (INSG). Que faut-il en retenir ? Tout d’abord et pour les trois premiers mois de l’année, la Nouvelle-Calédonie figure en troisième position mondiale pour la production minière de nickel, derrière l’Indonésie et la Russie, mais devant l’Australie, le Canada et les Philippines.

Les routes du nickel 

Les exportations calédoniennes de ferronickel démontrent aussi que l’alliage de métal gris est décidemment un « grand voyageur » comme aime à le rappeler le professeur Philippe Chalmin, historien et coordinateur du rapport Cyclope sur les matières premières. Les conteneurs de nickel calédonien ont été principalement exportés vers la Chine, Taïwan, le Japon, l’Espagne, la Belgique et les Etats-Unis (source INSG). À noter que les Pays-Bas font partie des nouveaux clients des usines de ferronickel calédoniennes.

Selon l’INSG, la Chine est le premier client du ferronickel calédonien, sa seconde source d’approvisionnement mondiale après l’Indonésie. La Nouvelle-Calédonie est également le second client de la Chine pour les oxydes de nickel (VNC), le premier c'est la Papouasie Nouvelle-Guinée, puissance en devenir de l'industrie du nickel en Océanie.

Une concurrence mondiale

La production des deux usines calédoniennes de ferronickel est destinée à la sidérurgie de l’acier inoxydable dont elle optimise la qualité. Le document de l’INSG rappelle aussi que la SLN et KNS ne sont pas en situation de monopole, loin s'en faut. Les deux entreprises font face à 14 concurrents mondiaux. Des usines de ferronickel sont situées dans 10 pays, en Colombie, en République Dominicaine, en Macédoine, en Grèce, en Indonésie, au Japon, en Ukraine, en Russie, en Serbie et au Venezuela. En Océanie, la production calédonienne de nickel des trois premiers mois (+10,3%) devance la production australienne (-12,5%) comparativement à la même période de 2017. On assiste aussi à une montée en puissance de la production de nickel en Papouasie-Nouvelle-Guinée (+13,2%). Sans surprise, la Chine reste, de loin, le premier consommateur mondial de nickel devant le Japon. Le plus grand entrepôt mondial de la Bourse des métaux de Londres se trouve à Johor en Malaisie, avec 153.000 tonnes de nickel, devant Rotterdam 50.000 tonnes.

La semaine du nickel

Les stocks mondiaux de nickel sont marqués par une forte baisse. Dans les entrepôts gérés par la Bourse de Shanghai (SHFE) ils ont baissé de 43,2 % sur un an au mois de mars. À Londres, la capitale des matières premières, les stocks du LME ont baissé de 14,9 %. « Pourvu que ça dure » commente un dirigeant de Larco, le producteur de nickel grec.

Flambe et retombe

Cette semaine, le nickel s’est envolé à Londres, avant de corriger brutalement en fin de semaine. Les spéculations vont bon train concernant de possibles sanctions américaines contre le producteur russe Norilsk (Nornickel). Jeudi, les volumes échangés se sont nettement réduits et les cours du nickel ont suivi. Ils sont passés de 17.000 dollars, pendant quelques heures jeudi matin, à 14.685 dollars vendredi soir. Le marché du nickel reste obnubilé par les tensions entre Etats-Unis, Russie et Chine. Les données sur l’économie chinoise, première importatrice de métaux de base sont contradictoires. La croissance économique s’est stabilisée à 6,8 % au premier trimestre, grâce à une consommation robuste, en dépit d’un essoufflement de la production industrielle.