Alors que trois projets industriels pourraient voir le jour en Indonésie, d'ici 2025, pour produire du nickel de qualité batterie, dont celui de l’allemand BASF et du français ERAMET, le négociant suisse Trafigura avance dans le cobalt en Afrique.
Son offre avec le consortium calédonien Prony Resources, pour la reprise des actifs de Vale dans le nickel et le cobalt de l’usine du Sud et de la mine de Goro en Nouvelle-Calédonie, se trouve fortement contestée par les indépendantistes calédoniens. Dans sa recherche tous azimuts des métaux de la transition énergétique, le géant du négoce de matières premières Trafigura sécurise ses sources d’approvisionnement en cobalt, tout comme son collègue Glencore. Et se tourne vers l'Afrique, le "continent des matières premières".
Accord sur le cobalt en RD Congo
Trafigura a donc annoncé avoir conclu un accord d’approvisionnement non exclusif avec l’Entreprise générale du cobalt (EGC), une filiale de l’Etat congolais pour contrôler et ouvrir les achats de cobalt aux producteurs artisanaux de ce pays. Sur place, si les grandes mines industrielles produisent la très grosse majorité du cobalt, une part évaluée entre 10% et 20% est extraite artisanalement. La RD Congo est le premier producteur mondial de cobalt.
Le cobalt, dont le prix a fortement chuté à la différence du nickel, reste indispensable aux batteries des voitures électriques, tout comme le nickel. Ces deux ingrédients, dans leur qualité batterie, sont aussi produits par l’usine du Sud en Nouvelle-Calédonie dont la production est interrompue, pour au moins un mois, après les dégradations commises par des émeutiers sur le site industriel.
Le cobalt est également présent dans d’autres objets électroniques, comme les smartphones et les ordinateurs portables. L’Etat congolais tente de contrôler cette production artisanale, pour répondre aux exigences de l’Union européenne et de la Bourse des métaux de Londres sur la traçabilité du métal et son caractère responsable. Il s’est donc associé à Trofigura.
Sous contrôle d'une ONG
Le négociant suisse, non côté en Bourse, s’engage à financer, pour un montant non dévoilé, "la création de zones minières artisanales strictement contrôlées, l’installation de stations d’achat de minerai et les coûts liés à la livraison transparente et traçable d’hydroxyde de cobalt". C'est l’ONG Pact qui est chargée d’accompagner le suivi, pour vérifier que le cobalt est extrait dans des conditions ne contrevenant pas aux droits humains et sociétaux. Les sacs de minerai de cobalt seront étiquetés pour en assurer la traçabilité. Ils seront stockés en sécurité puis transportés, et les lots seront contrôlés. Les producteurs seront payés en fonction de la qualité du minerai et de sa valeur sur le marché. Les négociants comme Trafigura ou Glencore, se trouvent confrontés aux nouvelles exigences internationales et européennes en matière de production éthique et responsable, et de traçabilité des métaux.