Nickel: Gary Nagle, nouvel homme fort de Glencore [et de l’usine du Nord en Nouvelle-Calédonie]

Gary Nagle, Directeur général de Glencore

Fin d’une époque chez le négociant et trader suisse Glencore. Gary Nagle actuellement à la tête de la branche charbon en Australie, va remplacer à la direction générale Ivan Glasenberg, qui part en retraite en 2021.

Alors que les indépendantistes calédoniens ne veulent pas abandonner les richesses en nickel du Territoire "à une multinationale suisse le Trader Trafigura", oubliant leur partenariat dans le nord de l’archipel avec une autre multinationale suisse Glencore, dont la réputation est comparable, cette dernière s’apprête à changer de PDG. Gary Nagle, 45 ans, va succéder à Ivan Glasenberg. Tous deux sont nés en Afrique du Sud, sur le continent des matières premières.

Glencore et Trafigura: blanc bonnet et bonnet blanc

Yvan Glasenberg aura marqué l’histoire de la multinationale du négoce des matières premières, Glencore, fondée par le trader Marc Rich, décédé en 2013. Dans le sillage de cette aventure entre "amis" naîtra ensuite un autre groupe suisse du négoce,Trafigura, aujourd'hui candidat à la reprise de l'usine du Sud de la Nouvelle-Calédonie. Les hauts dirigeants des deux sociétés, Glencore et Trafigura, se connaissent bien, font le même métier de négociant, et des passerelles existent entre eux. Par sa fortune, Yvan Glasenberg pèse à lui seul l’équivalent de près de la moitié du PIB de la Nouvelle-Calédonie où sa firme de trading opère la production et la commercialisation du nickel de l’usine du Nord (KNS).

Glencore et l'usine du Nord (KNS)

Yvan Glasenberg, le PDG de Glencore se trouvait en Nouvelle-Calédonie en décembre 2014 pour assister à l’inauguration officielle de l’usine du Nord, dont la multinationale détient toujours 49 % du capital, mais aussi le contrôle de la dette et des emplois, associée à la société SMSP-SOFINOR, bras minier des indépendantistes calédoniens. Avec le nickel du Koniambo, Yvan Glasenberg mènera une politique parfois faite de déclarations brutales et de menaces.

Ainsi, en 2016, il déclarait : "Nous ne sommes pas mariés avec la Nouvelle-Calédonie, nous avons payé très cher un gros tas de nickel " ou encore "nous n’avons pas l’intention de continuer à assumer une opération qui perd autant d’argent". Pourtant, quatre ans plus tard, Glencore est toujours là. Il est vrai que la situation a changé et que le cours du nickel vise les 20.000 dollars la tonne. Plus du double de son cours en 2016. Il est vrai aussi que la Nouvelle-Calédonie a permis à Glencore d'améliorer son image sociétale loin de ses dérives africaines. D’une société de négoce et de trading empêtrée dans des accusations de commerce douteux, Yvan Glasenberg aura fait un groupe puissant coté en Bourse et intégré verticalement dans l’industrie minière à partir de sa fusion avec Xstrata (en 2013).

Et maintenant ?

Que va faire son successeur en Nouvelle-Calédonie, lui qui a pu suivre de près, depuis le siège de la filiale charbon de Glencore en Australie, la contestation menée par ses partenaires calédoniens contre la venue de New Century et aujourd'hui de de son collègue Trafigura, candidat au rachat de l’usine du Sud  avec un consortium majoritairement calédonien ? Mystère, il reste quelques mois pour avoir la réponse. La feuille de route qu’adoptera Gary Nagle ne sera pas sans conséquences pour l’usine du Nord.

Nagle est le fils spirituel de Glasenberg, c’est une grande continuité. Il pense sans doute que la Calédonie c’est plus compliquée qu’ailleurs mais dans un monde où le nickel va être déterminant, l’usine du Nord et sa ressource du Koniambo sont importants. Il n’y aura pas, selon moi, de réaction excessive, Glencore a besoin du nickel calédonien. Je ne pense pas une seconde qu’ils vont partir, Gary Nagle va s’efforcer de trouver une solution rentable pour eux, mais ce n’est pas nouveau.

Jean-François Lambert, expert et consultant en investissement matières premières

 

Montrer un autre visage

Glencore s’est fixé un objectif de neutralité carbone en 2050, qui implique une forte réduction de sa production de charbon. ll reviendra aussi à Gary Nagle de finir le nettoyage entamé dans les pratiques contestées de préfinancement, paiements de commissions, gestion environnementale et humaine, et recours aux intermédiaire parfois douteux qui ont valu à Glencore - comme à la plupart de ses concurrents - plusieurs enquêtes judiciaires. Un Sud-africain va en rempacer un autre, Ivan Glasenberg, après 37 ans dans cette industrie des matières premières restera le deuxième actionnaire du groupe, avec environ 9 % du capital de Glencore.