"Nos besoins sont des besoins de développement, pas de mendicité", François-Noël Buffet peine à rassurer les élus face à la baisse du budget

François-Noël Buffet, auditionné à l'Assemblée nationale le 30 octobre 2024.
Même si le ministre des Outre-mer a promis lors d'une audition devant la commission des lois de l'Assemblée nationale qu'il essaiera de "renégocier" le budget dévolu aux territoires ultramarins, les élus restent pessimistes.

Pendant plus de deux heures, mercredi 30 octobre, François-Noël Buffet a présenté les grandes lignes de la feuille de route du gouvernement concernant les Outre-mer devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.

"L’effort global de l’État au profit des territoires ultramarins pour l’année 2025" est en "légère baisse" par rapport à 2024, a reconnu le ministre des Outre-mer. La mission Outre-mer perd environ 300 millions d’euros par rapport à l’année dernière, soit une diminution de 7%. Le ministre espère néanmoins trouver un équilibre entre "la juste contribution des Outre-mer à l'effort national de redressement de nos comptes publics" et "la préservation des intérêts essentiels de nos territoires ultramarins".

Face à la baisse des crédits de la mission Outre-mer, nous avons porté depuis mon arrivée une position claire : renégocier ce montant autour d’une priorité simple, tenir les engagements de l’État.

François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer.

"Ce n’est pas la méthode qui va payer des routes"

Vie chère, insécurité, accès à l’eau, soutien économique après les émeutes en Nouvelle-Calédonie et en Martinique… Alors que les crises se multiplient en Outre-mer, la diminution des crédits gouvernementaux passe mal auprès des élus, qui ont profité de l’audition du ministre pour exposer leurs doléances.

Nos besoins sont des besoins de développement, pas de mendicité.

Béatrice Bellay, députée de Martinique

Si le ministre assure vouloir "renégocier les crédits", sa bonne volonté affichée ne suffit pas à rassurer les députés ultramarins. "Il y a un changement de méthode, on a un ministre qui semble vouloir discuter plus que passer en force. Ça nous change, sourit Émeline K/Bidi, députée de La Réunion. Mais la méthode ne ramènera pas l’eau potable à Mayotte, ce n’est pas la méthode qui va payer des routes en Guyane et ce n’est pas la méthode qui règlera le problème de la vie chère."

"Il a compris que c’est tout un système qu’il faut mettre à plat, salue la députée de Martinique Béatrice Bellay. Pour autant, il est clair qu’il n’a pas les outils, pas les moyens et pas obligatoirement le soutien de tout le gouvernement." Alors que le Premier ministre impose à ses ministres de se serrer la ceinture, chacun cherche à gonfler son budget, arguant de l’urgence des dossiers dont il a la charge.

Discussion dans l'hémicycle le 13 novembre

Comme François-Noël Buffet, les élus ultramarins espèrent encore corriger la copie et gonfler l'enveloppe dévolue aux Outre-mer lors de l'examen du budget à l'Assemblée. "Nous allons nous battre pied à pied, promet Max Mathiasin, député de Guadeloupe. Il faut qu’il y ait de vraies mesures de développement structurel et de vraies mesures d’assouplissement des normes pour que nos territoires aillent vers un meilleur développement."

"J’entends bien ce que disent l’ensemble des élus ultramarins. Je sais qu’ils me disent la vérité", commente François-Noël Buffet, qui se veut optimiste : "J’ai cette réalité budgétaire dont j’hérite, que je vais essayer de faire progresser. Je pense que si ces deux réalités-là arrivent à converger, on pourra peut-être avoir un budget qui soit correct pour 2025."

François-Noël Buffet sera à nouveau interrogé en fin d’après-midi jeudi 31 octobre, cette fois par la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale. Il défendra son budget le 13 novembre prochain dans l’hémicycle.