Nouvelle-Calédonie : grève à la SLN, usines de nickel à bas coût, des analystes font part de leurs craintes

Transport du minerai de nickel dans l'usine SLN (Eramet) de Nouméa en Nouvelle-Calédonie
La menace des producteurs à bas coût se précise et pourrait peser sur les cours du nickel. En Nouvelle-Calédonie, la grève des mineurs de la SLN entre dans sa troisième semaine a souligné une dépêche du Metal Bulletin (Fastmarkets) de Londres.
 
Le Metal Bulletin, "l'oeil" du marché des métaux de Londres, a parlé de la Nouvelle-Calédonie ce jeudi. Le site d’information de l’industrie minière et du monde de la finance a précisé que "deux syndicats s'opposent aux nouvelles structures de travail introduites dans le cadre d'une restructuration de la SLN, qui tourne à perte (…) Eramet, le fabricant français de ferro-alliages, prévoit une perte de résultat d’exploitation d’environ 15 M € pour la SLN en raison de ces manifestations et d’autres perturbations des activités minières en Nouvelle-Calédonie" a conclu le site d’information à Londres. Dans l’hexagone, Le Figaro et Investir ont souligné que "la société Le Nickel est en difficulté à cause d’une grève." Pour ne rien arranger, une note d’analyste d’Oddo BHF, un groupe financier franco-allemand, s’est montrée réservée sur le groupe français, entrainant une chute brutale de l’action Eramet à la Bourse de Paris. Avant une forte reprise en fin de semaine liée aux nombreux projets du groupe français dans les secteurs de la Transition énergétique. 
 

Menaces sur les cours du nickel

Dans une interview accordée à L’Usine Nouvelle, Damien Courmalin, analyste senior matières premières chez Goldman Sachs a estimé que la révision à la baisse des cours du métal, si elle se confirme "serait liée principalement à une nouvelle technologie de production de nickel adaptée au secteur des batteries, moins onéreuse, qui a changé les attentes de coûts marginaux de production de ce métal." Le projet de Tsingshan en Indonésie, et d’autres, basés sur une production massive et à bas coût, font peser une vraie menace pour les usines calédoniennes, et tout d’abord pour la SLN, ont estimé plusieurs analystes dont Robin Bahr, le directeur des analyses métaux de la Société Générale : "Difficile de savoir ce que vont faire exactement les Chinois en Indonésie, mais la menace de grandes usines à bas coût, si elle se concrétise, pourrait s’avérer préjudiciables à la SLN."
 

Le marché tient pour le moment

Sur le marché mondial du nickel, les informations ont été un peu plus positives. Les importations chinoises de ferronickel ont augmenté de 63 % en glissement annuel, le plus haut niveau depuis juin 2017 a souligné le négociant Marex Spectron. Les réductions des stocks dans les entrepôts de nickel du LME se sont poursuivies. C'est la première fois depuis 2013 que le seuil de 200.000 tonnes est dépassé. Même s'il est souvent dit qu'il faut interpréter avec soin les stocks en entrepôt, il ne s'agit en effet que d'une infime partie (positive) de la situation dans son ensemble.

A Londres, des analystes ont commenté les élections qui vont se dérouler cette année en Indonésie (avril) et aux Philippines (mai), laissant entendre que cela pourrait créer une incertitude concernant l'approvisionnement en nickel. De leur côté, les Philippines vont commencer une nouvelle série d'audits miniers en mars, qui doivent être terminés d'ici juin.

Au LME, le nickel valait 11.947 dollars la tonne + 1,74 % vendredi à 15 h 30 GMT +1,25 % semaine.
ERAMET +7,26 % [-15,86 % semaine] GLENCORE +4,16 % [+0,47 %] VALE +3,40 % [+4,76%]