Nouvelle-Calédonie : vous reprendrez bien un peu de nickel

Cathodes de nickel pour les aciers spéciaux ou l'acier inoxydable
Les Philippines, l’un des premiers exportateurs au monde, ont décidé de stopper la moitié de leur production de nickel. Les cours du métal pourraient grimper. La Nouvelle-Calédonie peut répondre à la demande et à l’appétit insatiable des usines asiatiques et chinoises pour le nickel.
Et le métal du Diable reprend ses tours. Ce n’est qu’une coïncidence. La SLN calédonienne, forte de son histoire et de ses traditions, venait tout juste d’annoncer avoir produit 2 millions de tonnes de nickel pur : de 1916 à aujourd’hui. Deux millions de tonnes, c'est plus d'une année de la production mondiale de nickel qui est sortie des mines et de l'usine de Doniambo en Nouvelle-Calédonie. Ce qui plante le décor et souligne son importance pour les industries de pointe de l'économie mondialisée. Le modeste communiqué de la SLN, bien dans la tradition du métallurgiste calédonien, survient au moment ou les mines et les usines calédoniennes sont engagées dans la bataille pour la compétitivité. Cette bataille se déroule aujourd’hui sur les fronts indonésiens et philippins, d'autres terres de nickel. Et la bonne nouvelle est arrivée de Manille…

Les Philippines vont stopper la moitié de leur production

Les Philippines, l’un des premiers exportateurs de nickel au monde, ont décidé d'arrêter la production de 28 mines, officiellement pour raisons environnementales. « La décision de Manille est une bonne nouvelle pour les prix mondiaux du nickel et pour la production calédonienne, plus riche plus fiable et plus propre, c’est une opportunité » indique Robin Bahr, directeur des analyses de la Société Générale à Londres. Les Philippines ont donc décidé de stopper la moitié de leur production de nickel.

Le verdict est tombé à Manille : 23 mines devront ou devraient fermer, cinq sont suspendues. Elles menaçaient l’environnement.

Dans la foulée, les cours du métal coté au LME de Londres ont regagné près de 7 % avant de se stabiliser sur le seuil des 10.000 dollars la tonne. « Si le gouvernement de Manille assume sa décision, 10 % de la production mondiale de nickel pourrait être retirée du marché. Le LME pourrait se trouver en déficit dès le mois d’avril » en déduit le Metal Bulletin, journal de référence de la bourse des métaux.

La SLN et KNS pourraient bénéficier d'un appel d'air 

"Le nickel fait l’objet d’un consensus positif et les positions d’achat se renforcent. L’audit minier des Philippines et la fermeture de 28 mines supplémentaires vont bien au-delà de ce que le marché (LME) avait prévu. Le conseil de coordination de l’industrie du nickel des Philippines se réunira la semaine prochaine pour évaluer l’impact sur l’emploi, les recettes et l’économie. il faut malgré tout rester prudent et attendre la suite » note prudemment Alastair Munro de Marex Spectron, l’un des principaux négociants britanniques de nickel auprès du LME.

Les Philippines étaient devenues en 2016 le premier fournisseur mondial de minerai brut de nickel pour l'acier inoxydable chinois. Qu’il s’agisse de minerai ou de métal, la SLN et KNS pourraient donc bénéficier d’un véritable appel d’air pour exporter encore plus en Chine. Le premier producteur mondial d’acier inoxydable absorbe déjà 30% de la production calédonienne de la SLN (Eramet). Chaque année, 10.000 conteneurs de ferronickel quittent le quai de Doniambo transportés par 80 cargos.

Sur ce total, 50 navires prennent la route du Nord vers la Chine, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud. La grande route maritime du nickel calédonien passe au large des côtes de l'Indonésie et des Philippines.