Philippe Dunoyer a répondu à Thérèse Waïa, lors du journal télévisé du dimanche 11 septembre. Député de la première circonscription et porte-parole de Calédonie ensemble, il s'est exprimé sur de nombreuses questions liées à l'actualité politique.
Le référendum de projet et le respect du calendrier
Un référendum de projet est souhaité par la confédération loyaliste Ensemble, dont Calédonie ensemble, le parti de Philippe Dunoyer, est une composante. Dimanche, Gil Brial, porte-parole du groupe Les Loyalistes au Congrès, l'a rappelé, lors d'une conférence de presse.
Ecoutez-le au micro de Bernard Lassauce et Claude Lindor :
"Je suis aussi aligné sur l'espoir d'atteindre ce référendum de projet en juin 2023", confirme Philippe Dunoyer. "Chaque jour qui passe, mais on en parlera, nécessite plus encore la reprise du dialogue. Il faut tendre vers juin 2023. Si ce n'est pas juin et que cela déborde un peu du calendrier, comme le disait d'ailleurs Monsieur le haut-commissaire [Patrice Faure, NDLR], récemment, ce ne serait pas très très grave". Le député mentionne qu'en mai 2024, l'absence d'élections provinciales nécessitera une réforme constitutionnelle. "Ce calendrier n'est pas un calendrier contraint par hasard, il faut vraiment que l'on tende le plus possible à l'atteindre."
La visite de Jean-François Carenco pour "retisser les fils du dialogue"
En tant que parlementaire, Philippe Dunoyer sera reçu Jean-François Carenco, le ministre délégué des Outre-mer, qui débute, ce lundi, une visite de quatre jours sur le Caillou. "Lors de l'entretien individuel, je pense que nous aurons l'occasion d'aborder des sujets peut-être un peu plus spécifiques, notamment ceux de la lutte contre l'hyperinflation, de la transition énergétique, car c'est encore un sujet et des réformes que je porte". Mais avant tout, le déplacement de Jean-François Carenco doit renouer les fils du dialogue à trois, entre les indépendantistes, les non-indépendantistes et l'Etat. "Hors de cette configuration, aucune solution ne sera viable en Nouvelle-Calédonie", indique-t-il.
Le dialogue est nécessaire. C'est une citation que je peux rappeler : l'art de la politique, c'est de rendre possible ce qui est nécessaire. Les Calédoniens ont l'impression que c'est impossible. Quand ils écoutent ou qu'ils lisent les déclarations, ils ont vraiment l'impression que le dialogue est impossible, que personne ne veut dialoguer avec personne.
Pour le député de la première circonscription, l'expérience de Jean-François Carenco, qui a été secrétaire général adjoint du haut-commissariat, à partir de 1988, puis secrétaire général en 1990 et 1991, soit à la fin des Evénements et lors de la signature des accords de Matignon-Oudinot est un atout. "Il a une connaissance du terrain. Il était là, il y a 30 ans, justement à cette période. Moi, je veux le soutenir et l'accompagner dans toutes les démarches qui permettront de ne plus nous interpeller à distance, comme on le fait, mais de confronter nos opinions, même si elles sont différentes, dans des lieux de débat."
Retrouver de la confiance et de l'apaisement pour "garantir un avenir dégagé"
Plutôt que de s'arrêter aux postures et "déclarations qui sont parfois, pas tout le temps, très dures et très fermées", Philippe Dunoyer s'intéresse à "d'autres qui ont l'air d'ouvrir des portes" (…) notamment, de la part de Jean-Pierre Djaïwé, qui appelait même l'Etat à imaginer un espace qui soit un espace de discussion (…) On va réussir à retrouver les fils de ce dialogue, même si c'est peut-être un peu plus difficile que ce qu'on avait prévu", poursuit, optimiste, le député de la première circonscription.
Retrouvons donc cet équilibre, garantissons à nos enfants qu'ils ont un avenir dégagé, permettons aux entreprises de s'investir en confiance pour qu'elles ont un horizon dégagé. Bref, retrouvons les clés normales de la vie politique. Nous ne serons pas d'accord sur tout, bien sûr, mais il faut que l'on trouve des lieux pour confronter nos oppositions.
Un triple déni des indépendantistes
Pour Philippe Dunoyer, ne pas vouloir participer au comité des signataires, ne pas participer au référendum de projet et ne pas préparer l'évolution institutionnelle d'après Accord de Nouméa, "n'est pas possible. C'est intenable". Que les indépendantistes ne soient prêts à discuter que de l'indépendance constitue un triple déni. "Le premier déni, c'est celui de l'Accord de Nouméa et des accords de Matignon, qu'ils ont signés. Ces deux accords donnaient aux Calédoniens, et pas à un parti politique, le soin de définir leur avenir. Le deuxième déni, c'est le déni du résultat des trois référendums. Les Calédoniens ont dit trois fois non à l'indépendance. Troisième déni : le déni du processus de décolonisation, justement, à l'échelle internationale, qui dit que l'on peut en sortir autrement que par l'indépendance."
Le "consensus d'avenir définitif" et le droit à l'autodétermination voulus par Calédonie ensemble
Jeudi soir, à l'université de la Nouvelle-Calédonie, vie chère, bilan du gouvernement Mapou, avenir de la confédération loyaliste Ensemble et sortie de l'Accord de Nouméa ont été abordés, lors du conseil politique de Calédonie ensemble. Le parti non-indépendantiste, bien que fermement attaché au maintien dans la France, est ouvert au maintien du droit à l'autodétermination, mais sous certaines conditions.
Le reportage de Dave Waheo-Hnasson et Laura Schintu :
"Les Calédoniens attendent de nous qu'on libère le champ, l'horizon, que l'on offre une autre perspective qu'un référendum 'pour ou contre'", estime Philippe Dunoyer. Calédonie ensemble propose "un consensus d'avenir définitif", un statut qui concilie souveraineté et République, qui serait assorti d'un droit à l'autodétermination. "Il faudrait revoir avec quelle majorité on peut déclencher l'exercice du droit à l'autodétermination. Non pas à un tiers seulement, ce qui fait 18 élus sur 54 [au Congrès], d'autant que chaque sensibilité a ces 18 élus. On voudrait un exercice qui soit les uns avec les autres, avec une majorité des deux tiers ou des trois cinquièmes, comme cela se fait dans la région", détaille le porte-parole de Calédonie ensemble.
Interrogé sur les recours déposés par les indépendantistes à l'encontre des résultats du troisième référendum, Philippe Dunoyer reconnaît "le droit de le contester" mais rappelle que "ce référendum a bien eu lieu" et que son résultat est connu.
On sait ce que les Calédoniens ne veulent pas. Maintenant, ce qu'il faut qu'on définisse, c'est ce que les Calédoniens veulent.
Réforme de l'ITR, défiscalisation et solidarité face à "l'hyperinflation"
Interpellé par un internaute sur sa liberté d'action au sein du groupe Renaissance, à l'Assemblée nationale, le député de la première circonscription, rappelle que la confédération loyaliste Ensemble s'est bâtie en soutien du président de la République Emmanuel Macron, de la politique qu'il a menée sans pour autant être d'accord "avec tout ce qu'il se passe". "C'est la raison pour laquelle nous avons poussé, avec Nicolas Metzdorf [député de la deuxième circonscription], à obtenir (…) une aide financière pour les Calédoniens qui sont les plus démunis, alors que ce n'était pas prévu dans le texte initial". Parmi les chantiers à venir au palais Bourbon, le député cite également la réforme de l'ITR [l'indemnité temporaire de retraite], la défiscalisation et "une solidarité nationale parce que les Calédoniens sont confrontés à une hyperinflation."
Retrouvez l'intégralité de cet entretien conduit par Thérèse Waïa :