Cinq choses à retenir après l'élection de Louis Mapou à la présidence du 17e gouvernement calédonien

Ce jeudi 8 juillet, Louis Mapou a été élu président du 17e gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
L'arrivée à la tête de l'exécutif de l'élu indépendantiste marque la fin d'une période sans gouvernement de plein exercice depuis cinq mois. Louis Mapou était l'invité, jeudi, du JT de NC la 1ère.

Une date historique, pour les indépendantistes. Louis Mapou, membre de l’Union nationale de l’indépendance, a été élu jeudi 8 juillet président du 17e gouvernement de Nouvelle-Calédonie. Une élection qui fait de lui le premier indépendantiste président du gouvernement depuis l'Accord de Nouméa, en 1998. Le seul précédent remonte à Jean-Marie Tjibaou, au début des années quatre-vingts, et c'était dans un cadre très différent. NC la 1ere revient sur cette journée particulière sur le Caillou.

  • 1. Une élection rapide 

C’est dans une ambiance plutôt glaciale que les 11 membres du gouvernement se sont rassemblés, jeudi, au siège de l'exécutif à la baie de la Moselle à Nouméa. L’objectif ? Se mettre d’accord sur le nouveau président du gouvernement. Après cinq tentatives infructueuses et de longues négociations entre indépendantistes, le résultat tombe, cette fois en quelques minutes : 6 voix en faveur de Louis Mapou, 4 voix pour le président sortant Thierry Santa et 1 vote blanc de la part de Joseph Manauté de Calédonie ensemble.

Cette élection met fin à une crise institutionnelle de plus de cinq mois durant laquelle le 17e gouvernement, élu le 17 février, n'a pu entrer en fonctions car les frères ennemis du FLNKS --l 'UNI et l'UC -- se disputaient la présidence. Un accord a été trouvé la semaine dernière. Dans l'intervalle, l'exécutif sortant a expédié les affaires courantes.

  • 2. Pas de vice-présidence pour l'AEC

Quelques minutes après le résultalt, Isabelle Champmoreau s’est exprimée au nom de l’Avenir en confiance. Les Loyalistes ont exposé leur décision de ne pas candidater pour la vice-présidence. "Nous n’accepterons pas la vice-présidence du gouvernement pour plusieurs raisons, a-t-elle souligné. Alors que les partisans du Non ont été majoritaires lors des deux derniers scrutins, les indépendantistes ont fait le choix de rompre les équilibres institutionnels à quelques mois de la fin de l’Accord de Nouméa."

Nous ne pouvons pas cautionner cette politique anti-démocratique, pas plus que celle portée par Louis Mapou dans les domaines économiques et sociaux. Enfin, nous constatons que la frange la plus radicale des indépendantistes a pris le pas sur les modérés que représentait Samuel Hnepeune.

Avenir en confiance

 

Faute de candidat, la vice-présidence - qui par tradition revient au camp adverse - n'a pas été attribuée. En raison de cette vacance, l'exécutif entrera pleinement en fonctions d'ici une semaine au plus tard.

  • 3. Louis Mapou estime que "c'est un honneur et une lourde responsabilité"

L’élection à la présidence de Louis Mapou est un véritable événement pour le camp indépendantiste. Âgé de 62 ans, l'élu est engagé depuis ses années étudiantes en faveur de l'indépendance. Il accède à un poste clef à quelques mois du troisième référendum sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Louis Mapou s’est d’ailleurs exprimé sur sa nouvelle fonction. 

Nous arrivons au moment le plus difficile de l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie de ces trente dernières années (...) C'est un honneur, parce qu’on doit porter un héritage qui est lourd.

Louis Mapou

 

Il a aussi annoncé son plan d’action et ses priorités en tant que nouveau président. "Mon gouvernement sera un gouvernement de proximité, a-t-il expliqué. Les trois grandes priorités sont la sortie de la crise Covid-19, la gestion du Ruamm et les mesures pour le personnel soignant, ainsi que la gestion du budget de la Nouvelle-Calédonie." Il a ensuite tenu à ajouter :

Il reste cinq mois pour trouver la solution. Une solution de dialogue, une solution dans la collégialité, puisque nous l’avons défendue. Je rajouterai qu’il y a beaucoup de difficultés. Il y a de fortes inégalités. Il faut bien poser les choses. Si ce gouvernement collégial à majorité indépendantiste pouvait être une lueur d’espoir pour les gens, on aura déjà gagné beaucoup.

Louis Mapou

 

  • 4. Un jour historique célébré par l’UNI  

Les collaborateurs de l’Union nationale de l’indépendance s'étaient réunis jeudi matin au gouvernement. Ils ont célébré la victoire de Louis Mapou à la présidence en entonnant Madrinejë, le chant de joie traditionnel en drehu. Louis Mapou était très ému face à ses collaborateurs et les a remerciés pour leur présence. 

Il faut de la persévérance, voyez-vous, on ne lâche rien.

Louis Mapou

 

  • 5. Des réactions mitigées 

L’Avenir en confiance a dévoilé dans la matinée un communiqué affirmant que les loyalistes "prennaient acte de l’élection de Louis Mapou à la présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et refuseront une vice-présidence de caution". L’Union calédonienne a également partagé un communiqué dans lequel il affirme sa position.

Cette élection démontre à nouveau que l’UC sait prendre ses responsabilités dès lors qu’il s’agit de sortir le pays de ses difficultés.

Union calédonienne

 

"L’UC s’est engagée pour débloquer la situation afin que le 17e gouvernement entre en fonction, poursuit le parti. Le pays a besoin d’un exécutif de plein exercice pour traiter les problèmes des Calédoniens et pour que la campagne pour la troisième consultation se déroule dans les meilleures conditions."

Le ministre des Outre-mer s’est également exprimé sur cette élection du nouveau président du gouvernement dans un communiqué. 

Le ministre des Outre-mer se félicite de l’accord intervenu, ce jeudi 8 juillet à Nouméa, (..) Il adresse ses félicitations à M.Mapou qu’il rencontrera prochainement. (...)  Il tient également à saluer le sens des responsabilités des membres du 16e gouvernement qui ont continué à expédier, jusqu’à ce jour, les affaires courantes.

Communiqué de presse de Sébastien Lecornu