Jean-Pierre Djaïwé, porte-parole du Palika : “Il faut que les uns et les autres sortent de leur posture”

Jean-Pierre Djaïwé invité du journal du 22 octobre ©NC la 1ère
Invité du journal télévisé du dimanche 22 octobre, Jean-Pierre Djaïwé, porte-parole du Palika, a réaffirmé la position du mouvement en faveur de discussions trilatérales. Seule solution pour trouver “une voie médiane” vers un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie.

C’était l’actualité de la semaine : les élus du Congrès ont réussi à se mettre d’accord sur les grands principes d’une réforme du régime unifié d’assurance maladie. Jean-Pierre Djaïwé, porte-parole du Palika, y est revenu dimanche soir, lors du journal télévisé.

Il a rappelé le contexte de cette réforme. Les “dépenses colossales, imprévues”, engagées au début de la crise sanitaire. Et cet emprunt de 20,8 milliards de francs contracté auprès de l’AFD pour y faire face. En contrepartie, “l’AFD, a demandé à la Nouvelle-Calédonie de mettre en place des mesures qui lui permettent de financer ses besoins, donc nous sommes contraints de trouver de nouvelles recettes mais aussi de maîtriser nos dépenses et de relancer l’activité économique pour créer de la richesse”, résume Jean-Pierre Djaïwé.

Il n’y a pas de bons moments pour instaurer des taxes et demander à ce que les Calédoniens paient davantage mais quand on est au pied du mur, on est bien obligé d’avancer.

D’autant plus “qu’en l’état actuel des choses, il va falloir des recettes nouvelles” pour boucler le budget 2024. Les réformes pourraient apporter “de l’ordre de 20 à 21 milliards de francs”, précise le président du groupe Union nationale pour l'indépendance au Congrès.

Les sénatoriales, preuve que "des choses qui étaient impossibles hier sont devenues possibles"

Le Ruamm est pour lui la preuve que “même sur des sujets compliqués, on peut faire en sorte de trouver un chemin qui nous emmène à l’unanimité". Il met en avant un autre signal positif : les sénatoriales. "Certains ont crié haut et fort au hold-up, à la trahison. Moi je pense plutôt qu’il y a eu une évolution des mentalités. On ne pouvait pas imaginer hier que des grands électeurs indépendantistes puissent voter pour un candidat non-indépendantistes”, et inversement.

"La question n’est pas de savoir ce que l’Etat veut pour la Nouvelle-Calédonie." 

Pour inciter ses homologues à entamer des discussions trilatérales sur l'avenir institutionnel du territoire, Jean-Pierre Dajïwé cite également Nainville-les-Roches, les accords de Matignon, l’Accord de Nouméa. “L’histoire nous montre que le format trilatéral a toujours prévalu” aux moments décisifs.

Alors que l’UC a décidé de suspendre toutes les discussions avec l’Etat jusqu’à son congrès, mi-novembre, le Palika le réaffirme : "La question n’est pas de savoir ce que l’Etat veut pour la Nouvelle-Calédonie. La bonne question est de savoir ce que nous, les Calédoniens qui habitons dans ce pays, nous voulons pour l’avenir de notre pays. Et pour cela, il faut que l’on se retrouve autour de la table.

L'indépendance en partenariat avec la France comme voie médiane ? 

Il va falloir qu’on trouve quelle est la voie médiane entre ceux qui veulent le maintien dans la France et ceux qui veulent l’indépendance. Y a-t-il une voie médiane ? Certainement, mais il faut qu’on en discute, que les uns et les autres sortent de la posture qu’ils ont actuellement pour trouver une voie qui va dans le sens d’un statut définitif pour la Nouvelle-Calédonie”, poursuit Jean-Pierre Djaïwé. Défendant, à nouveau, l’indépendance en partenariat avec la France. Cette interdépendance, sur laquelle Daniel Goa, président de l’Union calédonienne, a indiqué vouloir reprendre la discussion. Elle pourrait être un point de convergence.

Le document de la discorde

Le document martyr, lui, reste un point de divergence chez les indépendantistes. L’UC y voit un document de recolonisation, le risque de sortir de la trajectoire de décolonisation validée par le congrès du FLNKS du 23 février. Le Palika le considère comme “irrecevable en l’état” mais comme une base de travail.

Ce qui a été décidé (à Paris, en septembre, NDRL), c’est qu’on faisait des contre-propositions, qu’on l’amendait et qu'on le renvoyait. Nous avons fait ce travail avec nos militants, nous avons renvoyé un document en fin de semaine”, annonce Jean-Pierre Djaïwé.

La question binaire, il faut l’abandonner, plutôt aller vers un projet qui inscrive le pays vers un statut définitif.

Nous, et c’est la position du FLNKS, pensons qu’il faut trouver un grand accord et que nous pourrons ensuite revenir travailler l’acte d’autodétermination et aller dans le sens d’un projet qui inscrive le pays vers un statut définitif. Mais il faut d’abord que l’on arrive à trouver un accord entre nous sur différents sujets. Le corps électoral, les institutions”, précise-t-il.

Droit à l'autodétermination : "deux générations, c'est un délai inacceptable"

Le corps électoral, autre “sujet délicat pour le FLNKS mais il y a un risque juridique à organiser les provinciales de 2024 avec le corps électoral de l’accord de Nouméa”, indique Jean-Pierre Djaïwé, qui appelle là encore à discuter pour “trouver un accord”.

La Palika en souhaite un pour début 2024. En revanche, hors de question d’attendre deux générations pour réaborder le droit à l’autodétermination. “Le FLNKS a été très clair là-dessus, c’est un délai qui est inacceptable. Il faut trouver un délai beaucoup plus raisonnable.