Patrice Faure, haut-commissaire : ce qu’il faut retenir de son mandat en Nouvelle-Calédonie

Le haut-commissaire Patrice Faure avait pris ses fonctions en juin 2021, en Nouvelle-Calédonie. Après 20 mois en tant que représentant de l'Etat, il quitte le territoire.
Il achève 20 mois en tant que représentant de l'Etat sur le territoire. Patrice Faure, le haut-commissaire quitte ses fonctions prochainement. Son successeur, Louis Le Franc, devrait prendre sa suite le 6 février prochain. Retour sur les moments clés du passage de Patrice Faure en Nouvelle-Calédonie.

C’est le 12 juin 2021 que Patrice Faure, alors préfet du Morbihan, prend ses fonctions de haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie. Un rôle qu’il endossera dans une période très fragile pour le Caillou : entre référendums, insécurité et coronavirus, Patrice Faure n’a pas eu la tâche aisée.


Une mandature sous Covid-19

A peine quatre mois après sa prise de fonction, le variant Delta du coronavirus fait son entrée en Calédonie et se propage rapidement au sein de la population. Un nouveau confinement est ainsi décrété, le second pour 2021; celui-ci sera plus sévère que les autres. A ce moment-là, Patrice Faure réaffirme le soutien de l'Etat au gouvernement local et à la population calédonienne. Il a d'ailleurs accueilli lui-même à Tontouta, les renforts sanitaires venus de l'Hexagone, pour prêter main forte aux équipes médicales du Médipôle.

C'est dans ce contexte fragile que Patrice Faure accueille également Sébastien Lecornu, alors ministre des Outre-mer au mois d'octobre 2021.

Engagé contre l'insécurité au Mont-Dore

Dès lors qu’il a pris ses fonctions, Patrice Faure a rapidement fait des exactions à Saint-Louis, l’une de ses priorités. Il s’est déplacé de nombreuses fois sur la commune du Mont-Dore, à la rencontre des habitants mais aussi des forces de l’ordre qui assurent la sécurité des habitants. Malheur à celui ou celle qui disait que l’Etat ne faisait rien; il ne pouvait pas l’entendre. "Entre 2017 et 2022, c’est un milliard de francs qui [a] été attribué à la mairie du Mont-Dore, dont plus de 650 millions de francs qui ont été à destination de la tribu de Saint-Louis" disait-il en juillet 2022, après une série de caillassages. Pendant son temps en Calédonie, il aura d’ailleurs inauguré deux gendarmeries sur le territoire; et l’une d’elle se trouve à Saint-Michel, sur la commune du Mont-Dore. Il est également à l'initiative des barrages filtrants à Thabor, dit aussi "le verrou" par les habitants, depuis bientôt un an. 

Lutte contre l’insécurité et la délinquance routière

"Il n’y a rien qui fonctionne sur la sécurité routière : 90% des accidents sont sous l’empire d’un état alcoolique ou/et avec des stupéfiants. L’immense majorité de celles et ceux qui ont des accidents n’ont pas le permis" disait Patrice Faure dans une interview sur notre antenne en août 2022. Pour lui, il faut mener un travail de fond pour changer les "comportements", notamment auprès de la jeunesse. En 2022, le bilan des morts sur la route s'est conclu par 70 décès. 

Concernant la sécurité globale sur le territoire, qui est l'une des missions principales allouées à un haut-commissaire, Patrice Faure n’a pas lésiné sur les moyens. Lors du troisième et dernier référendum en 2021 notamment, 1400 gendarmes et environ 250 militaires sont venus prêter main forte aux forces de l'ordre déjà en place sur le territoire. A cela, il faut ajouter une centaine de policiers, 30 engins blindés et bien d’autres dispositifs encore. La sécurité était ainsi maximale. Ces moyens avaient également été utiles pour agir à d'autres moments que lors du référendum, comme il l'avait dit dans une précédente interview, en novembre 2021 : "C’est l’alcoolémie au volant, l’accidentologie, les cambriolages et les vols de voiture, par exemple"


Deux référendums à organiser

Ils [20 mois] ont été exceptionnels. C’était une période de tension, de préparation, de dialogue, d’adhésion. In fine, tout le monde a adhéré à ce que nous avons voulu, nous, l’Etat : organiser ce troisième référendum.

Patrice Faure, haut-commissaire

En à peine deux ans, le représentant de l'Etat aura vu la tenue de deux référendums d'auto-détermination. Celui du 12 décembre 2021, Patrice Faure le considère comme une mission réussie car il a été maintenu; une décision dit-il "assumé" par les représentants de l’Etat. Concernant le référendum de projet, il reste confiant. "Moi je vois que les choses ont beaucoup évolué, il y a toujours quelques postures; pour autant on voit que les postures sont en train de tomber, il faut qu’elles tombent pour que nous puissions passer à la réalité de l’ambition des uns et des autres." a-t-il dit sur notre antenne ce dimanche 22 janvier.

En parallèle de ces échéances électorales, Patrice Faure, sous la houlette de Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, aura piloté les différents groupes de travail pour l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie; ils avaient été décidés lors de la convention des partenaires à Paris, en novembre 2022. Quatre groupe de travail sur huit se sont déjà tenus depuis le 2 décembre 2022. 

Trois ministres en visite 

Pendant son séjour, Patrice Faure aura reçu non pas deux mais trois ministres du gouvernement français : Sébastien Lecornu, une première fois fin 2021, en pleine épidémie de Covid-19 puis à la veille du troisième référendum, en décembre de la même année. Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer est venu lui septembre 2022 en et Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, en novembre-décembre 2022.

En quatre ans, la Calédonie aura connu pas moins de quatre haut-commissaires. Quid de la stabilité du dossier calédonien ? Certains politiques ont effectivement regretté le turn-over trop fréquent parmi les représentants de l’Etat. "Le ministre Darmanin est en train de travailler justement à une réforme ou un accompagnement pour qu’il y ait des durées déterminées pour certains postes réputés compliqués, loin… En même temps, il y a aussi le rythme du dossier qui a pris un peu de retard. Il était peut être inenvisageable que je passe trois ou quatre ans ici donc il fallait passer le relais" a dit Patrice Faure.

Patrice Faure était l'invité du JT de 19h30 ce dimanche 22 janvier. Il répondait à Valentin Deleforterie.

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