Maire, député, président du Congrès, président du gouvernement, président de la province Sud, sénateur... En quarante-six ans de carrière, Pierre Frogier aura occupé presque tous les postes de l'échiquier politique calédonien. À 72 ans, il a annoncé la fin de sa "vie publique". C'était ce lundi 25 septembre, au lendemain de la défaite aux sénatoriales.
Il a 27 ans quand il rejoint Jacques Lafleur au Rassemblement pour la Calédonie, qui deviendra bientôt le RPCR. Élu à l’assemblée territoriale puis au Congrès, il gravit les échelons du parti et devient l'un des dauphins de son président. À ses côtés, il sera un signataire des accords de Matignon-Oudinot, en 1988, puis de l'Accord de Nouméa, dix ans plus tard.
Président du premier gouvernement
Maire du Mont-Dore de 1987 à 2001, Pierre Frogier a également été président du Congrès, de 1995 à 1997. Et député, à partir de 1996. Il a siégé quinze ans à l'Assemblée nationale, élargissant son réseau, ouvrant des portes aux partisans de la Nouvelle-Calédonie dans la France.
"Les carpes et les lapins de la liste Trahir ensemble"
Après l'Accord de Nouméa, il préside le premier gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Pendant trois ans. Puis viendra un échec. Celui des provinciales de 2004. Il l'attribue à "ces briseurs d’unité, les carpes et les lapins de la liste Trahir ensemble". C'est ainsi qu'il nomme L'Avenir ensemble, créé en partie par des dissidents du RPCR, qui dénoncent l'omnipotence du mouvement et de son leader, Jacques Lafleur.
La "traversée du désert" sera courte. Pierre Forgier revient rapidement aux affaires avec le Rassemblement-UMP et regagne le perchoir du Congrès en 2007. Puis enchaîne avec la présidence de la province Sud, qu'il quitte en 2012.
L'homme aux deux drapeaux
Entre-temps, il est devenu l’homme des deux drapeaux, tricolore et indépendantiste, hissés au fronton du haussariat, en 2010. "Je ne pense pas qu'aujourd'hui, et même demain, nous puissions traduire cette même histoire et cette même volonté de vivre-ensemble au travers d'un seul drapeau. Parce qu'[…]un drapeau calédonien peut aussi nous mener à l'indépendance. Et je n'en veux pas", explique-t-il en 2011, à l'heure de briguer un premier mandat de sénateur. Et de militer pour un troisième accord après celui de Nouméa.
Le Rassemblement ne le suit pas. Il en quitte la présidence en 2018. Il espérait un troisième mandat de sénateur pour être au plus près de l'élaboration de l'avenir institutionnel du territoire. Il était le candidat investi par Les Républicains. C'est Georges Naturel qui siégera désormais dans cette famille politique.