Visite ministérielle : à la rencontre des maires et du Congrès, tout en parlant foncier, à retrouver dans notre compte-rendu

A l'estrade, les présidents des associations de maires, avec le ministre et le haut-commissaire.
Pour son cinquième jour en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a passé un long moment avec les maires réunis à Nouméa, dont les deux associations songent à se regrouper. Cet après-midi, Gérald Darmanin a installé l'un des fameux groupes de travail destinés à préparer le prochain statut, celui sur le foncier et la souveraineté alimentaire. Puis direction le Congrès. A revivre dans cet article.

[19 heures] La fin de notre direct pour vendredi. Place à l'édition spéciale avec interview conjointe de Gérald Darmanin.

[18h45] Depuis le haut-commissariat, quelques centaines de mètres à pied pour rejoindre l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie. Au Congrès, entretien avec son président, l'indépendantiste Roch Wamytan (Union calédonienne), puis échanges avec les membres du bureau. De quoi a-t-il été question ? D'avenir institutionnel...

Le ministre Gérald Darmanin accueilli au Congrès par le président de l'institution, Roch Wamytan, le vendredi 2 décembre.

"C'était important que le ministre vienne ici, rencontrer les élus. Dans son programme, il n'a pas pu s'exprimer de façon solennelle devant les 54 élus et il a été reçu par le bureau", a explicité Roch Wamytan au micro de Bernard Lassauce et Cédric Michaut. "Les différents groupes représentés ont pu s'exprimer. Dire l'espoir que les uns et les autres avaient par rapport à la visite de ce ministre." Un ministre qui reviendrait en février, a indiqué le président du Congrès.

"Au niveau de l'état d'esprit, il est vraiment venu pour écouter, comprendre et ensuite essayer de bâtir quelque chose pour le futur statut, a ajouté l'occupant du perchoir. Chacun a ses positions, bien sûr. Il a donné la position de l'Etat. Les responsables indépendantistes qui sont membres du bureau ont donné la position indépendantiste. Nous sommes arrivés à un tournant, à la fin d'une trajectoire (…) A partir du moment où l'Etat a admis la légitimité des trois référendums, ils sont sur leur position. Nous, on est sur une position contraire, puisqu'on ne reconnaît pas le troisième référendum. Maintenant, il va falloir discuter, mettre tout sur la table, notamment la question du troisième référendum."

Patrice Faure et Gérald Darmanin "siégeant" au Congrès aux côtés de Roch Wamytan, le vendredi 2 décembre, à Nouméa.

"Il faut vraiment discuter pour se comprendre, insiste Roch Wamytan. Souvent, on ne se comprend pas. On parle la même langue mais dans les mots que nous utilisons, dans les idées que nous partageons, on ne donne pas le même sens. On arrive à une sorte de brouillard où chacun ne comprend plus personne. Nous, les Océaniens, il nous faut du temps pour parler. Avec ce temps-là, il faut tout remettre sur la table, revisiter notre Histoire. Nous, les Mélanésiens, nous sommes là depuis trois mille ans. (…)"

Or, "si nous partons sur des incompréhensions et des malentendus, nous n'arriverons jamais au bout. Ou on va nous imposer un statut qui ne marchera pas. Prenons du temps pour bien se comprendre et ensuite pour faire parler, comme on dit chez nous, l'esprit de la terre. L'esprit de la terre va s'exprimer, lorsque nous allons pouvoir arriver à une forme de consensus et nous serons dans un dispositif gagnant-gagnant." Et de continuer : "Il faut préserver la paix aussi (…) En 1988, la condition de la paix, c'était l'impartialité de l'Etat au service de tous." 

Cette phase dans laquelle nous sommes est hautement importante, c'est la phase de discussion. On met tout sur la table et on avance. La négociation viendra après, dans le cadre des bilatérales. Et la troisième étape (…), c'est tout le monde autour de la table. Si on n'arrive pas nous-même, il faut qu'on fasse appel à un médiateur.

Roch Wamytan, président du Congrès

[18h26] On l'écrivait plus bas dans ce direct, l'un des huit groupes de travail présentés durant la Convention des partenaires était lancé cet après-midi, à Nouméa. Autour de Gérald Darmanin, un panel de personnalités locales, pour évoquer la vaste question du foncier, et de la souveraineté alimentaire. Ecoutez le reportage de Valentin Deleforterie :

Groupe de travail sur le foncier, première réunion au haut-commissariat

[17 heures] Ce soir, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer accorde un entretien à trois médias calédoniens depuis la résidence du haut-commissaire, à Nouméa. Avenir institutionnel, nickel, finances publiques, insécurité : il répondra aux questions de notre journaliste Sheïma Riahi, d'Elizabeth Nouar pour RRB et d'Elise Washetine pour Caledonia. Après cette interview de Gérald Darmanin à 19 heures, en direct sur les trois antennes de NC la 1ère, place au journal télévisé, en grande partie consacré à la visite.

[16h40] Alors que l'étape actuelle se passe au Congrès, revenons plus bas dans le centre-ville, à l'auditorium de la CCI, pour revivre la rencontre de ce matin avec de très nombreux maires, et autres conseillers municipaux. Un reportage d'Erik Dufour et Christian Favennec : 

©nouvellecaledonie

[14h35] L'une des raisons données à ce déplacement était d'installer différents groupes de travail qui doivent permettre de tracer la future voie à suivre pour la Nouvelle-Calédonie. Huit groupes annoncés par la Première ministre Elisabeth Borne à la Convention des partenaires, et dont la préparation a été confiée au haut-commissaire Patrice Faure. Celui sur le foncier et la souveraineté alimentaire a été le premier activé cet après-midi, au haussariat. Autour de la table, une quinzaine de personnes : représentants de l'Adraf, du sénat coutumier, de la CCI, la Chambre d'agriculture, l'Agence rurale, le gouvernement ou encore des groupes du Congrès.

A Nouméa, lancement du groupe de travail dédié au foncier et à la souveraineté alimentaire, le vendredi 2 décembre.

Potentiellement, le foncier, c'est des dizaines de sujets différents. Il y en a qui sont plus durs, plus anciens, plus importants aussi en termes d'enjeu. On n'a pas aujourd'hui défini quel était le sujet du foncier.

Philippe Dunoyer, député et participant au groupe de travail

Philippe Dunoyer à propos du groupe de travail "foncier et souveraineté alimentaire", par Valentin Deleforterie

Une première réunion qui en appellera d'autres. La deuxième est prévue la semaine prochaine.

[11h30] Le déplacement de Gérald Darmanin occasionne de nombreuse sollicitations. En parallèle de son programme officiel, les collaborateurs du ministre reçoivent différents porteurs de doléances. Par exemple l'intersyndicale défendant les salariés de la SLN (à lire ici). Hier, plusieurs collectifs et associations citoyennes se sont aussi entretenus avec le directeur de cabinet. Objectif : alerter mais aussi demander le soutien de l’Etat sur différentes problématiques.

La délégation ministérielle reçoit les associations et collectifs, par Lizzie Carboni

[11h15] Votre maire se trouvait peut-être dans l'auditorium de la CCI, ce matin, à Nouméa. Gérald Darmanin y a longuement rencontré les maires du Caillou, ces représentants de proximité qui peuvent se sentir les oubliés des accords et des discussions sur l'avenir. Sans doute le moins politique des rendez-vous qu'aura le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer avec des élus calédoniens, tant leurs préoccupations s'avèrent celles du quotidien.

La rencontre entre les maires et le ministre Darmanin à la Chambre de commerce et d'industrie a duré une partie de la matinée.

Sur le canapé qui remplaçait le classique pupitre, l'invité de marque, lui-même ancien maire de Tourcoing, côtoyait le haut-commissaire Patrice Faure, Sonia Lagarde et Robert Xowie. Ces deux derniers président respectivement l'association française des maires-Nouvelle-Calédonie et l'association des maires de Nouvelle-Calédonie. Deux représentations qui différenciaient historiquement les municipalités indépendantistes ou non.

Sonia Lagarde, présidente de l'AFM-NC, et Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, le 2 décembre à Nouméa.

Aujourd'hui, elles tendent à se rapprocher. Dans son discours, Sonia Lagarde, première élue de Nouméa, a appelé à la réunion des deux associations, prenant pour exemple la Polynésie française où 46 des 48 communes sont réunies dans un syndicat. Robert Xowie, maire de Lifou, a renchéri en déclarant que l'existence des deux associations est le reflet d'une société clivante. Les regrouper serait le signe d'une société apaisée.

Robert Xowie, maire de Lifou et président de l'association des maires de Nouvelle-Calédonie, le 2 décembre, à Nouméa.

Et au-delà de la politique, a-t-il souligné, les municipalités calédoniennes ont d'autres sujets unanimes de préoccupation. Comme les conséquences du réchauffement climatique. Dans l'auditoire, de nombreux maires, adjoints, conseillers et collaborateurs, mais aussi des parlementaires et le président de la province Îles. 

Les membres des deux associations de maires calédoniens ont participé à la rencontre.
Dans la salle, des maires, adjoints, conseillers et collaborateurs.
Les maires ont fait le déplacement de toute la Calédonie, depuis Ouvéa, jusqu'à Yaté.
Dans l'auditorium de la CCI face à Gérald Darmanin, Yoann Lecourieux premier adjoint à Dumbéa, Florence Rolland maire de La Foa, Eddie Lecourieux maire du Mont-Dore.
Rencontre des maires et du ministre de l'Intérieur à Nouméa, avec des premiers édiles comme Willy Gatuhau à Païta, mais aussi des parlementaires tels que le sénateur Pierre Frogier et le député Nicolas Metzdorf, ou encore le président de la province Îles Jacques Lalié.

[10 heures] En robe sur les marches du TPI. Des avocats du barreau de Nouméa ont mené cette action symbolique d'une demi-heure, plus tôt dans la matinée, au tribunal de première instance. Ils étaient accompagnés de la Ligue des droits de l'Homme et du citoyen en Nouvelle-Calédonie. Une démarche qui a mobilisé une trentaine de personnes. Même si Gérald Darmanin n'est pas en charge de la justice, il s'agissait de profiter de la visite ministérielle pour alerter une nouvelle fois sur les conditions de détention au centre pénitentiaire. Le numéro trois du gouvernement central a d'ailleurs été convié à visiter la prison où "des détenus vivent dans moins d’espace que des chiens à la fourrière"

Une trentaine de personnes se sont mobilisées de façon symbolique devant le TPI de Nouméa, le vendredi 2 décembre.

L'ordre [des avocats] s'est réuni ce matin pour manifester, profiter de l'occasion de la venue du ministre, pour faire passer un message au niveau de l'Etat au sujet de la situation au Camp-Est, qui est connue de tous depuis bien trop longtemps. Depuis quinze ans, on ne cesse de se révolter. 

Marie-Katell Kaigre, correspondante de l’Observatoire international des prisons

"J'y suis allé il y a quinze jours, il y avait 530 prisonniers détenus", relate le bâtonnier, Me Frédéric de Greslan. Pour 200 cellules. "On est très au-delà de la capacité d'accueil. Les détenus, notamment en maison d'arrêt, sont à quatre par cellule. les cellules font neuf mètres carrés. A partir du moment où on a moins de trois mètres carrés par détenu, on est dans des conditions qui sont présumées inhumaines. L'intégralité de la maison d'arrêt est dans ce cas, et un certain nombre d'autres cellules." De quoi parler de "cachots" plus que de cellules et de "conditions abjectes".

Plusieurs propositions dans la manche : "Ce que nous souhaitons comme solution à mettre en œuvre, ce serait de réaliser une étude sociologique et criminologique pour mieux connaître la population du Camp-Est, et afin de pouvoir faire de vraie propositions de réinsertion, déroule Me Marie-Katell Kaigre. Ensuite, il nous faut recruter davantage de personnels au sein du SPIP, [le Service pénitentiaire d'insertion et de prévention] - des conseillers d'insertion, des psychologues et des addictologues. Augmenter les stages de prévention de la violence et tout ce qui est problèmes d'addiction…"

Une prison va être ouverte à Koné l'an prochain, qui comportera une centaine de places. "Même si 100 détenus sortent du Camp-Est pour aller là-haut, il y a plus de 200 mises à l'écrou en attente, relativise Me de Greslan. Ça fera juste un appel d'air et le trou sera rempli instantanément par tous les condamnés en attente d'exécution de leur peine. La solution est dans la construction d'un nouvel établissement."

Maître Denis Milliard renchérit : "Une nouvelle prison coûtera très très cher. Il y a une solution intermédiaire, dans ce pays agricole, avec une jeunesse mélanésienne très attachée à la terre et à la culture, c'est de créer la troisième prison agricole de France." Il suggère même au Congrès d'envoyer une mission se faire une idée dans l'une de ces structures.  

Reportage à retrouver au JT

[7h30] Alors que Gérald Darmanin doit déjeuner aujourd'hui avec les autorités judiciaires, les avocats du barreau de Noumea ont décidé de manifester. Un "rassemblement en robe" est prévu "sur les marches du palais de justice" pour dénoncer "les conditions indignes de détention au Camp-Est".

[7h15] La journée d’hier était orientée sécurité le matin, avant une escale de quelques heures à Lifou. Visite officielle au commissariat central, convention de coordination entre la police nationale et la police municipale, retrouvailles avec le président de la province Îles et entretien avec les trois maires loyaltiens. A retrouver dans notre compte-rendu détaillé.

[7 heures] Bienvenue dans ce cinquième direct sur la visite qu’effectue le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, on reste à Nouméa et le programme semble bien protocolaire, en tout cas sur le papier. Voici ce qui a été transmis lundi aux rédactions : 

  • 8h50, échange avec les maires de Nouvelle-Calédonie, à l'amphithéâtre de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie), à Nouméa.
  • midi, déjeuner avec les autorités judiciaires, au haut-commissariat.
  • 14 heures, lancement du groupe de travail sur le foncier, au haussariat.
  • 16 heures, entretien avec Roch Wamytan, président du Congrès, au boulevard Vauban.
  • 16h20 : entretien avec les membres du Congrès.
  • Ajoutons qu'une édition spéciale sera diffusée à 19 heures sur toutes nos antennes. Gérald Darmanin répondra aux questions de notre journaliste Sheïma Riahi, d'Elizabeth Nouar pour RRB et d'Elise Washetine pour Caledonia.