Qui n'a pas eu hâte de mettre pied à terre lors d'une traversée remuante entre deux îles polynésiennes ou entre la Désirade et la Guadeloupe ? Vous savez, lorsque la navette est prise dans d'énormes creux et que vous êtes coincé à l'intérieur de la cabine, avec des sueurs froides, mal à la tête et surtout une envie de vomir qui monte de plus en plus ?
C'est ce qu'on appelle la cinétose, ou le mal des transports. La théorie la plus connue et la plus partagée par la communauté scientifique est celle du conflit sensoriel.
Par exemple, dans la cabine d'un bateau ou à l'arrière d'une voiture, le corps est généralement assis et ne bouge pas, les muscles et récepteurs tactiles envoient donc au cerveau le message que le corps est immobile. Un message également transmis par les yeux qui voient seulement la cabine ou l'habitacle et très peu l'environnement autour.
Or, l'oreille interne, qui est l'organe de l'équilibre, perçoit de son côté les mouvements alentours : le roulis ou le tangage sur un navire, les accélérations ou les virages dans une auto. Elle envoie donc au cerveau le signal que le corps bouge. Celui-ci n'arrive parfois pas à gérer ces informations contradictoires, ce qui provoque les symptômes mentionnés ci-dessus.
Le cerveau hallucine !
Mais dans ces cas-là, pourquoi le cerveau réagit en nous donnant envie de vomir ? C'est le sujet de cette Minute Santé :
En 1977, des chercheurs ont mis en lumière l'hypothèse d'un réflexe primaire du cerveau qui se serait maintenu malgré l'évolution.
Une hypothèse résumée plus récemment par le neuroscientifique Dean Burnett dans son ouvrage Idiot Brain : What Your Head Is Really Up To : la seule explication à ce conflit sensoriel pour le cerveau est qu'il hallucine à cause de la présence d'une neurotoxine ou d'un poison. Se pensant intoxiqué, il commande donc au corps de se débarrasser du poison, donc de vomir.
Pourquoi certains sont-ils plus touchés ?
La cinétose affecte certaines personnes et pas d'autres, ou à des degrés divers. On vous prévient tout de suite : on n'a pas d'explication sur le sujet. Les enfants de 2 à 12 ans et les femmes enceintes sont davantage touchées. Être sujet aux migraines ou aux maladies de l'oreille interne peut favoriser aussi le mal des transports.
À l'inverse, on dit que certains ont "le pied marin" quand ils ne souffrent pas du mal de mer. C'est dû à l'accoutumance, car à force de prendre la mer, les marins par exemple ont appris plus ou moins consciemment à anticiper ses mouvements. Ils n'y échappent parfois pas et recommandent dans ces cas-là de s'hydrater et de manger, en particulier de la banane ou de la confiture de framboise au cas où ils soient pris de nausée...
Ce mal-être peut en effet être intensifié si l'on a l'un des 4 F :
- La fatigue
- Le froid
- La faim
- La frousse
Les astuces contre le mal de mer
En plus de manger, se reposer, bien se couvrir et tenter de se détendre, il n'existe pas de formule miracle pour se prémunir définitivement du mal de mer. Mais des solutions existent. Il est ainsi possible avant de monter sur le bateau ou en voiture de prendre des cachets, dont certains provoquent des somnolences, c'est à voir avec votre médecin.
Ceux qui préfèrent des produits plus naturels se tournent vers le gingembre car certains de ses composants agissent sur la muqueuse de l'estomac et peuvent stopper les haut-le-cœur. L'huile essentielle de citron est aussi conseillée pour calmer le système nerveux et diminuer les mouvements de l'appareil digestif.
D'autres choisissent des accessoires comme un bracelet d'acupression. Comme son nom l'indique, il exerce une pression sur un point d'acupuncture situé sur le poignet qui empêcherait les reflux au niveau de l’estomac. Il existe aussi des lunettes "anti-mal de mer" : elles contiennent un liquide qui crée un horizon artificiel dans le champ de vision de la personne qui les porte, ce qui permettrait de re-synchroniser la vue avec l'oreille interne.
Une fois en mouvement, le dernier conseil est aussi de fixer un point au loin droit devant soi, et de sortir au grand air en restant debout quand on est sur un bateau. Mais ça, c'est quand les vagues ne se fracassent pas sur les vitres de la cabine !