Des associations lancent une action en justice contre l'État "pour dénoncer ses défaillances en matière de lutte contre l’orpaillage illégal" en Guyane et en matière de "protection des droits humains et de la nature", annoncent dans un communiqué ce lundi ce collectif composé de l'association des victimes du Mercure-Haut-Maroni, du programme Wild Legal, de la Coordination des organisations des peuples autochtones de Guyane (COPAG), la Jeunesse autochtone de Guyane (JAG), des associations Maiouri Nature Guyane et Solidarité Guyane.
Ce collectif dénonce "le développement effréné de l’orpaillage" (extraction de l’or) en Guyane et la "multiplication incontrôlée de sites clandestins". En janvier 2023, ces associations en recensaient "500 dans toute la Guyane, et pas moins de 114 au sein du seul parc amazonien de Guyane". Or, l'orpaillage a des conséquences néfastes sur l'environnement. "Plus de 7 000 tonnes de boue sont déversées chaque jour dans les cours d'eau" du territoire et "plus de 13 tonnes de mercure par an", alertent-elles dans ce communiqué.
"Troubles visuels, convulsions..."
Le mercure utilisé pour l'extraction de l'or pollue les eaux fluviales et il est également considéré par l'Organisation mondiale de la santé "comme l’un des dix produits chimiques ou groupes de produits chimiques extrêmement préoccupants pour la santé publique". Jean-Pierre Havard, président de l'association Solidarité Guyane énumère les conséquences possibles : "troubles visuels et auditifs, convulsions, troubles mentaux et retard d’apprentissage chez les enfants nés de mères contaminées".
Depuis 2006, la France a interdit du mercure pour l'orpaillage en Guyane "mais il empoissonne toujours la vie des Amérindiens" notamment sur le Haut-Maroni. Des analyses menées en 2023 "confirment la persistance de taux intolérables". C'est pourquoi, ces associations "attaquent l'État français qui n'a pas mis en place de solution pérenne pour garantir le droit à la santé et la sécurité alimentaire de ces populations dont la subsistance dépend traditionnellement de la nature".
Le collectif souligne que "ce recours est inédit" pour que l'État "mette fin à sa carence fautive" pour "la protection de la santé de ses citoyens mais aussi de ses écosystèmes". Car, "il n'est pas tolérable que les actions de l’État se contentent de faire encore et encore le constat des dommages depuis trente ans, sans y mettre fin", expliquent les associations requérantes. Elles réclament "le renforcement drastique" des mesures de lutte contre l'orpaillage illégal.
Les requérants "s'appuient sur des précédents judiciaires". Ils rappellent qu'en 2012, la Cour de cassation "avait reconnu pour la première fois l'existence d'un préjudice écologique causé par Total au littoral breton", après le naufrage du pétrolier Erika. Autre exemple,"la pollution de la rivière Turag au Bangladesh avait conduit le juge en 2018 à reconnaître qu’il est du devoir de l'État de protéger et de défendre les droits propres de l’ensemble des rivières du pays".