Les Outre-mer un exemple pour l'Hexagone en matière de lutte contre le moustique tigre

moustique "aedes albopictus"
La commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale a évalué ce mercredi, les mesures à mettre en oeuvres pour lutter contre le moustique tigre. Elle a auditionné par visio conférence des experts depuis La Réunion, et des spécialistes du sujet venus au Palais Bourbon à Paris. 
 
"La Métropole a beaucoup à apprendre des territoires ultramarins, dont l'expérience et  l'expertises des professionnels qui y travaillent depuis de nombreuses années nous sont extrêmement précieuses". Le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé le sait.

Les territoires ultramarins, hormis Saint-Pierre et Miquelon, sont confrontés depuis des décennies aux moustiques de type aedes,  albopictus ou aegypti selon que l’on soit dans l’océan indien, altlantique ou pacifique. Ces moustiques sont porteurs de virus de la dengue du chikungunya ou encore du zika, des maladies qui peuvent être mortelles.
 

Une espèce invasive

Depuis quelques années, le moustique tigre colonise aussi l’Hexagone. Apparu d’abord dans le sud Est de la France en 2004, il est aujourd’hui implanté jusque dans le nord du pays,  dans l’Aine. En tout ce sont 51 départements de l’Hexagone sur 96 qui sont touchés. Paris n’est plus épargné depuis 2018. L’île de France fait d’ailleurs partie des zones placées en vigilances rouges.

Regarder le reportage d'Outre-mer 1ère. 
©la1ere

 

Comment lutter

Lors de l’audition de la commission, les mesures mises en place pour lutter contre l’épidémie de Dengue qui sévit dans l’île de La Réunion actuellement, sont étudiées. Depuis le 1 janvier 2019, l’épidémie a déjà fait 18 morts, dont 10 directement lié au virus.

Des campagnes de communication sont mises en place. La population est invitée à détruire les gîtes larvaires. Des eaux sales stagnantes adorées par les moustiques femelles pour pourvoir pondre leurs œufs. Des répulsifs sont distribués, et la population est également incitée à s’en procurer. Les moustiquaires sont vivement recommandées.

Une expérience est également mise en place : 3 000 moustiques mâles stériles au rayon X sont lâchés dans la nature mi-juin. Objectif : faire chuter le nombre de moustiques tigres.
 

Empêcher la reproduction et la transmission des virus

Différentes techniques existent. Elles sont actuellement expérimentée en Polynésie en  Nouvelle-Calédonie et maintenant à La Réunion. Dans l’océan pacifique, des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia sont importés. "La bactérie endosymbiotique Wolbachia, présente chez plus de 70% des insectes, est capable d’agir sur leur reproduction, et de réduire la transmission des agents pathogènes chez de nombreuses espèces de moustiques " selon l'INRA.  

A la Réunion, c’est une autre technique qui est utilisée. Les moustiques sont stérilisés au rayon X, une méthode privilégiée par les experts de la biotechnologie, car l’insecte n’est pas génétiquement modifié.
 

Stérilisation au rayon X

Elle est expérimentée pour la première fois sur un moustique en France. Elle a été développée aux Etats Unis dans les années 50 pour lutter contre les insectes ravageurs. Le moustique mâle ainsi stérilisé est lâché dans la nature. Lui ne pique pas l’homme.
La femelle en s’accouplant avec lui va garder en elle, toute sa vie qui dure 45 jours,  le sperme stérile et va pondre des œufs clairs. L’objectif étant à terme de faire baisser la population de moustique.

Les premières études en laboratoire ont montré qu’en lâchant 5 à 10 fois plus de moustiques mâles stérilisés qu’il existe de moustiques dit sauvages, la population baisse de 90 à 97%. Un résultat encourageant qui intéresse les Antilles. Des échanges ont lieu actuellement entre professionnels de l’IRD, l’institut de recherche pour le développement.

Autant d'actions sur le terrain dans les territoires ultramarins, observées de près par les scientifiques et élus de l'Hexagone.