La vie n’est pas une fatalité, et ça, Maxime Gayet l’a bien compris. Déficient visuel depuis l’enfance, le jeune Tahitien ne se laisse pas abattre et fait de son handicap une force. Avant d'arriver en France hexagonale en 2020, après son bac, Maxime s'était déjà fixé en ligne de mire de trouver une discipline olympique pour accomplir son rêve. Dans la grisaille parisienne, en cette fin du mois d'avril, c'est un jeune homme plein d'espoir qui nous reçoit dans son stade d'entraînement à Issy-les-Moulineaux.
Casquette bleue vissée sur la tête, le Tahitien de 21 ans était déjà un adepte de la course à pied en Polynésie française, dès ses 17 ans. Malgré son handicap, que ce soient des courses sur route de 5 Km, en montagne ou encore des trails escarpés de 25 Km, il s'est aligné à plusieurs reprises sur la majorité de ce type d'épreuves locales. Il rivalisait avec les meilleurs des valides sur ces différentes épreuves.
Animé par le challenge, il se met à chercher des ressources sur la pratique de l’athlétisme handisport à haut niveau et parvient à mettre la main sur du contenu de sprinteurs, en situation de handicap comme lui. Banco. À la suite de ses découvertes et sa détection par la Fédération Polynésienne, il pense avoir trouvé chaussure à son pied et se lance dans le sprint. Mais rapidement, Maxime se rend compte que cette discipline ne s’avèrera pas être son effort de prédilection : " je n’ai pas réussi à trouver mon plaisir dans la pratique de cette discipline, ces distances et efforts étaient trop courts pour m’exprimer, en contraste avec les courses auxquelles je participais à Tahiti ", explique-t-il.
Face à l’importance des impacts au sol et leur répétition, lors des entrainements sur piste, Maxime Gayet est victime d'une blessure et se tourne alors vers le vélo. Il découvre les joies du cyclisme de compétition en tandem. Après plusieurs essais, le jeune sportif rencontre un paratriathlète qui va lui transmettre sa passion. "Il ne me manquait plus que la natation ! C’est à ce moment que mon projet s’est aiguillé vers le paratriathlon", raconte-t-il. Intégré à la liste des sports olympiques pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, ce dernier est le sport idéal pour Maxime. Sauf que, cette discipline demande des moyens matériels, mais aussi humain du fait de son handicap. Pour pratiquer son nouveau sport, le Polynésien doit tout prévoir en double : "chaque participation d'épreuve dans ma catégorie de handicap, nécessite un guide aux performances supérieures aux miennes, pour qu’il ne soit pas en difficulté à me guider lors de nos courses. Je dois aussi avoir du matériel adéquat, un tandem sur mesures et performant, qui représente inévitablement un cout non négligeable. Mais l'évolution de mes performances me confronte maintenant davantage dans la nécessité de trouver des guides engagés et fiables." annonce-t-il.
À la recherche de sponsors
Étudiant en troisième année de kiné à l’association Valentin Haüy (AVH) Maxime Gayet a décidé de mettre ses études en pause pour se concentrer davantage sur son sport. Le Tahitien aux allures de surfeur, avec ses cheveux longs ondulé, veut se donner les moyens de réussir et d'accomplir son rêve. Champion d’Europe de paraduathlon en mars dernier en Italie, Maxime augmente ses chances de rencontrer des sponsors et partenaires dans le haut niveau et poursuit sa quête déterminée. Et pourtant, il confie : " Il n’est pas toujours facile d’être reconnu dans le monde du handisport comparativement aux valides". Le jeune athlète ajoute : "Financer soi-même l’ensemble du matériel, les frais doublés liés aux déplacements de courses avec mon guide en plus des dépenses du quotidien, n’est vraiment pas chose évidente au cours de la saison sportive ".
Déterminé, Maxime Gayet passe ses journées à s’entraîner ou à chercher des sponsors pour l’aider à financer son projet : "Mon travail de chaque jour est de trouver des partenaires pour m’aider. Pour participer aux Jeux paralympiques, il me faudrait un budget de 50 000 euros environ". Le triathlète espère rassembler cette somme et met toutes les chances de son côté. "J’ai créé à cet effet un dossier de partenariat, à destination des sponsors et des acteurs qui souhaitent me soutenir. Mes performances et mon investissement témoignent d'une volonté infaillible et d'une recherche des partenaires de confiance, pour lesquels je pourrais porter et représenter haut les couleurs et valeurs communes partagées ".
Paris 2024 : "j’y crois toujours"
Le temps presse. À moins de 500 jours du coup d’envoi des Jeux paralympiques de Paris 2024, le Tahitien reste déterminé. "Les Jeux paralympiques, c'est l’objectif de chaque athlète." Classé troisième au classement français de triathlon, seuls les deux premiers participent aux Jeux. "Quand je suis parti de Tahiti en 2020, Paris 2024, c'était mon objectif et j’y crois toujours, bien sûr.", rêve le Polynésien.