Paris : les agresseurs du boucher guadeloupéen jugés aujourd'hui

Le Guadeloupéen Steevens Kissouna a ouvert sa première boucherie en août 2018 dans le Xe arrondissement de Paris
Le 4 mai dernier Steevens Kissouna était molesté par une quinzaine de militants antispécistes, autrement dit des personnes opposées à la maltraitance animale. Cet artisan boucher guadeloupéen de 33 ans, qui vend de la viande bio à Paris, se remet doucement de cet épisode éprouvant.
"Des porcs élevés sur paille, nourris aux céréales 100% biologiques, avec un accès systématique à l'extérieur" : des panneaux vantent les choix des éleveurs qui travaillent avec Steevens Kissouna. Le Port-Louisien est attaché aux conditions d'élevage et au goût de la viande : "On essaye de faire autre chose (Ndlr : que les boucheries classiques). Les agriculteurs viennent régulièrement faire des animations. On est souvent en contact, on échange pour améliorer la filière. C'est le bien-être des animaux, des éleveurs, du boucher et du consommateur."
 

Commerce de proximité

Dans cette halle couverte du Xe arrondissement de Paris, Steevens Kissouna se sent bien. Après s'être entendu avec le boucher qui vendait son fonds de commerce, il a présenté son dossier à la municipalité qui l'a validé. En août 2018 il installait sa première entreprise dans l'Hexagone, où il vit depuis l'âge de 18 ans. "Je suis heureux ici. C'est un marché avec une clientèle de quartier, on est vraiment un commerce de proximité. C'est comme si on était à la campagne, dans un petit village."
 
Si les affaires marchent, Steevens Kissouna envisage d'ouvrir une autre boucherie à Paris
 Le 4 mai, un samedi, le Guadeloupéen est en train de préparer la commande d'un client quand il reçoit un projectile. "A ce qu'il paraît c'est du faux sang !", raconte-t-il. Face à lui entre quinze et vingt militants remontés. "Là je suis sorti de mon étal pour les repousser. C'est à ce moment qu'il y a eu une altercation et je suis tombé." Avec une côte fêlée, le médecin constate sept jours d'ITT (incapacité totale de travail). Steevens Kissouna sera de nouveau au labeur trois jours après cette agression. "Je suis près de la porte du marché, c'est tombé sur moi mais ça n'a rien de personnel."
 

"Je ne dors pas"

Pourtant derrière son sourire et l'accueil aimable qu'il réserve à ses clients, Steevens Kissouna souffre encore psychologiquement. "Physiquement j'essaye d'aller mieux, mais moralement c'est compliqué. Les nuits sont dures, je ne dors pas. J'espère que la justice fera son travail, comme ça cela en dissuadera plus d'un de recommencer ce genre de choses." Deux militants comparaissent ce mardi 4 juin devant la 23è chambre du tribunal correctionnel de Paris. 
 

Les agresseurs du boucher guadeloupéen jugés aujourd'hui