À Paris, procès du Réunionnais soupçonné d'avoir voulu préparer des actes terroristes

Le Palais de justice de Paris.
Surnommé "l'Egyptien", Naïl Varatchia était jugé hier pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et apologie du terrorisme. Le procureur a requis 8 ans de prison. Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin.
Sur les bancs du tribunal, les proches de Naïl Varatchia sont suspendus aux lèvres du procureur. "Parce que vous avez joué un rôle majeur dans le départ de jeunes pour la Syrie, parce que vous avez prôné le jihad armé sur les réseaux sociaux, par la dangerosité que vous représentez, je requiers 8 ans de prison ferme dont une peine de sûreté des deux tiers", lance-t-il à l'adresse du Réunionnais qui le fixe sans sourciller. 


Naïl Varatchia, jeune homme de 23 ans, est-il responsable du départ de quatre personnes pour la zone irako-syrienne ? C'est l'enjeu du procès qui s'est tenu ce vendredi après-midi devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Le natif de Saint-Denis de la Réunion est jugé pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et apologie du terrorisme.

"C'est n'importe quoi"

Pour le parquet, celui que l'on a surnommé "l'Égyptien" a exercé comme prédicateur salafiste sur son île. C'est lors de ses cours qu'il aurait diffusé sa propagande de l'islam radical puis incité et facilité les départs pour la Syrie, ce que confirment les témoignages d'anciens élèves lus par le président. 

"C'est n'importe quoi. Jamais de la vie je n'ai fait ça. L'enquête a été orientée vers moi", a rétorqué Naïl Varatchia. L'homme a toutefois reconnu avoir fait l'apologie du Front Al-Nosra, anciennement affilié à al Qaïda et considéré par la France comme un groupe terroriste. "Ce que faisait ce groupe était légitime. Il s'opposait à Bacha Al-Assad qui massacre des civils. Je ne suis pas pour l'État islamique", a-t-il assuré. 


"Procès d'intention"

Pour ses avocats, le Réunionnais, loin d'être la tête pensante d'une filière jihadiste à la Réunion, Naïl Varatchia a cherché à retenir les jeunes désirant aller en Syrie. Ils regrettent le manque de preuves concrètes à charge contre le prévenu et dénoncent "un procès d'intention". "Il est une victime du contexte actuel", s'est insurgé un des conseils.

Son attitude en prison, à Fresnes puis Bordeaux où il est incarcéré, plaide pour lui. "Influence positive sur les autres détenus, comportement respectueux, aucune crispation vis-à-vis des institutions", détaille un rapport de l'administration pénitentiaire. 

Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin.