Le Parlement européen va-t-il reconnaître l'esclavage comme "crime contre l'humanité" ? 

Le Parlement européen à Bruxelles.
Ce vendredi 19 juin, les députés européens doivent voter pour que le Parlement reconnaisse la traite transatlantique comme "crime contre l'humanité". Si la résolution est votée, ce sera la première institution internationale à le faire.
La résolution votée ce vendredi 19 juin au Parlement européen pour faire reconnaître l'esclavage comme "crime contre l'humanité" est lourde de symboles, alors que le monde entier s'interroge sur le racisme après la mort de George Floyd aux États-Unis. Le 21 mai 2001, le France avait voté la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité au travers de la loi Taubira, du nom de la députée guyanaise Christiane Taubira qui était à l'origine de la proposition de loi, avant d'en être la rapporteure à l'Assemblée nationale.
 

Résolution contre le racisme

Sur proposition de l'eurodéputé d'origine réunionnaise, Younous Omarjee, elle doit être intégrée à la résolution sur les manifestations contre le racisme, étudiée ce jour à Bruxelles.
 
Le texte de onze pages a été porté par 5 des 7 groupes du Parlement et débute par une affirmation : "la vie des noirs compte". Une reprise du slogan "Black lives matter", scandé à travers le monde dans toutes les manifestations anti-racistes. 

Les explications de Valéry Lerouge, correspondant de France Télévisions à Bruxelles : 
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Un symbole fort

"Il est important que le Parlement européen fasse un acte de civilisation", a expliqué Younous Omarjee à France Télévisions. "Dans ce moment, la mémoire et les actes symboliques ont une grande importance". Lors d'une prise de parole dans l'hémicycle mercredi 17 juin, l'eurodéputé avait évoqué la nécessité de regarder l'histoire européenne "avec lucidité" et d'avoir "le courage des actes et des symboles".
 

Nous devons voir que cet événement renvoie à des siècles de domination des Noirs aux Etats-Unis et d'inégalité des conditions en Europe. Gardons à l’esprit que notre histoire européenne a toujours oscillé, comme une pendule, entre la barbarie et la civilisation. Que c’est en Europe, malgré la raison, malgré les Lumières, que les pires théories de hiérarchisation des races sont nées pour justifier les conquêtes, pour justifier l’esclavage, pour justifier la colonisation et pour justifier l’Holocauste.
- Younous Omarjee, député européen (LFI)

 
Younous Omarjee à Bruxelles, quelques minutes avant le vote de la résolution :
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L'Europe face au racisme

Au total, vingt-huit points sont abordés dans la résolution. Si elle est adoptée, elle invitera notamment les institutions et les États membres de l'Union européenne "à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur". Cela devra passer, entre autres, par l'inscription dans les programmes scolaires de "l'histoire des personnes noires et des personnes de couleur". La résolution propose également de faire du 2 décembre une Journée européenne de commémoration de l'abolition de la traite des esclaves.

Les résultats du vote seront dévoilés à 22 heures (heure de Paris) le 19 juin.