Les parlementaires ultramarins réagissent au discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès

Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en congrès à Versailles, le 9 juillet 2017, pour son discours de politique générale.
Plusieurs députés et sénateurs des Outre-mer ont assisté au discours de politique générale du président de la République devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles ce lundi. Ils regrettent de façon quasi unanime l'absence de mention des Outre-mer. Réactions.
 
Il y a les parlementaires, nombreux, qui se sont rendus à Versailles pour écouter le président de la République. Et puis il y a ceux qui ont boudé le discours, préférant leurs terres d’élection. C'est le cas de Jean-Hugues Ratenon, député de La France Insoumise (LFI), qui rencontrait aujourd’hui des planteurs de cannes de la Réunion. Comme le Réunionnais, la totalité des députés LFI et une poignée de Les Républicains (LR) avait décidé de boycotter le Congrès, parlant de dérive monarchique. 

Dès l'ouverture de son discours, Emmanuel Macron a répondu à ce boycott, promettant un amendement qui l'autoriserait, dès l'an prochain, à rester écouter et répondre aux élus. Une décision qui satisfait la députée réunionnaise Huguette Bello (Gauche démocrate et républicaine), ainsi que le député polynésien Moetaï Brotherson, comme il l'explique dans une vidéo postée sur les réseau sociaux.  

Pas un mot sur les Outre-mer

"Le président Macron n'a pas dit une seul mot, mais pas un mot des Outre-mer", poursuit le député indépendantiste de la 3ème circonscription de Polynésie, tout à coup beaucoup plus critique. Dans son discours de près d'une heure et demie, le président de la République n’a fait que des références indirectes aux territoires d’Outre-mer. Par exemple, lorsqu’il a évoqué la réforme constitutionnelle, Emmanuel Macron a insisté sur la différenciation des règlements et des politiques selon le territoire. Quelques jours après la clôture des assises des Outre-mer, certains parlementaires se sont particulièrement étonné que le chef de l'État n’ait pas évoqué les grandes lignes de sa politique à venir Outre-mer.
 
Le député de Martinique Jean-Philippe Nilor (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) parle d'une "erreur" dont, promet-il, Emmanuel Macron "se souviendra" : "Ce qui est impressionnant, c'est le silence assourdissant sur les réalités de nos territoires. (...) Je ne sais pas si c'est volontaire, en tout cas, c'est lourd de signification pour nous."

"Je pense qu'il faut le droit à la différenciation et surtout qu'il faut un statut particulier pour nos territoires", a expliqué Antoine Karam, sénateur de Guyane. Pourtant apparenté au groupe REM, il a regretté, lui aussi, l'absence de référence à son département et aux autres territoires d'Outre-mer. 
 

De la satisfaction... 

Le 28 juin, le président recevait le "Livre bleu", synthèse des assises des Outre-mer, qui vise à déterminer la politique du gouvernement dans ces territoires pour la suite du quinquennat. Mais l’absence de mention dans son discours de politique générale ne surprend pas le sénateur LREM de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi. Le président n’ayant "cité aucune autre région de France".
Même son de cloche du côté de la député réunionnaise Nadia Ramassamy : "La France, c'est aussi les Outre-mer. À aucun moment, je n'ai vu qu'il y avait un manque de discernement entre les Outre-mer et n'importe quel territoire de la métropole." La députée de la 6ème circonscription de La Réunion se satisfait des propositions économiques du président, tant qu'il tient compte des spécificités ultramarines.   

... Et des regrets

La député Huguette Bello (Gauche démocrate et républicaine) "regrette infiniment" qu'Emmanuel Macron n'ait pas abordé les problèmes bien particuliers de La Réunion tels que "les chiffres difficiles de la pauvreté, 40% des personnes sous le seuil de pauvreté, les problèmes de logement, les problèmes liés à la jeunesse de notre territoire". 

Le sénateur de Nouvelle-Calédonie a, quant à lui, regretté que le président de la République n'ait pas évoqué la Nouvelle-Calédonie et le référendum d'autodétermination du 4 novembre prochain.