Le parquet de Nouméa requiert l'extradition d'un Chinois dans son pays

Le parquet de Nouméa a requis mercredi un avis favorable à l'extradition d'un Chinois de 64 ans, objet d'une notice rouge d'Interpol, qui a été arrêté fin avril en Nouvelle-Calédonie et a "peur" d'être torturé s'il rentre en Chine.
Cette affaire inhabituelle devant les tribunaux de Nouméa intervient au moment où le débat sur les extraditions vers la Chine suscite des manifestations monstres à Hong Kong.  
  

Incarcéré

Ning Sisheng a été arrêté fin avril à l'île des Pins en Nouvelle-Calédonie alors qu'il y faisait escale dans le cadre d'une croisière touristique avec une amie. Visé par une notice rouge d'Interpol et un mandat d'arrêt international, il a été incarcéré immédiatement.    
 

Résident en Australie

Mercredi, la demande d'extradition de Pékin était examinée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Nouméa.   Les autorités judiciaires chinoises reprochent à ce sexagénaire, qui réside depuis 2010 en Australie et n'a pas remis les pieds en Chine depuis le 13 décembre 2011, une infraction "d'absorption de fonds publics". Selon les éléments transmis par Pékin, il aurait piloté "une escroquerie pyramidale" et détourné environ 1,3 million d'euros.       


Traité d'extradition

Dans son réquisitoire, l'avocat général Christian Pasta a fait valoir qu'au vu du traité d'extradition entre la Chine et la France de 2015 "toutes les conditions sont réunies" pour qu'un avis favorable au renvoi du prévenu en Chine soit rendu.       

Peur du retour en Chine

"Il n'est pas question pour la cour de dire si les charges sont suffisantes ou pas puisque nous n'avons pas le dossier de procédure", a-t-il par ailleurs précisé. Après des explications confuses sur les faits qui lui sont reprochés, l'homme, dont les propos en chinois étaient traduits par une interprète, a exprimé sa "peur" de retourner en Chine. "Je vais être torturé", a-t-il dit, en affirmant qu'il n'était "pas un escroc".
 

Risque de torture

Son avocat, Stéphane Bonomo, a dénoncé le "système carcéral (de la Chine) qui broie". "Les obligations internationales de la France ne seront pas respectées si mon client est renvoyé en Chine", a-t-il ajouté, citant le cas de la justice néo-zélandaise qui s'est récemment opposée à l'extradition d'un homme, recherché pour homicide, vers la Chine, en raison du risque de torture.       


Décision le 24 juillet

La cour d'appel rendra sa décision le 24 juillet et la transmettra au gouvernement. L'extradition d'un ressortissant étranger nécessite un décret du Premier ministre.