Deux ans de prison avec sursis et interdiction d'exercer les métiers de naturopathe, de magnétiseur et de radiesthésiste. La peine, déjà énoncée en première instance le 15 octobre 2021, a été confirmée ce jeudi 8 décembre par le tribunal correctionnel de Paris. Elle a été prononcée contre Miguel B., un naturopathe d'origine antillaise, jugé pour exercice illégal de la médecine.
Né à Nouméa, l'homme qui se présente comme docteur en médecine moléculaire, spécialiste du cancer, avait fait l'objet d'une enquête lancée en 2019 après la plainte de la veuve de Paul, un de ses patients décédé en 2018. Atteint d'un cancer des testicules, Paul avait suivi un "plan de santé" élaboré par le naturopathe, à base de purges, de jeûnes, d'aliments crus et d'huiles essentielles. "[Miguel B.] a fait croire à mon compagnon qu'en suivant ce protocole, il n'allait pas avoir besoin de chirurgie, alors que ne serait-ce qu'une ablation l'aurait sauvé", avait déclaré la plaignante lors de l'audience, qualifiant le naturopathe de "gourou".
"Je n'ai pas promis de guérison", s'est défendu le naturopathe lors de son procès en appel, qui insiste sur le fait que Paul n'avait pas bien suivi les plans de santé qu'il lui recommandait. Pour rappel, la justice n'avait pas retenu le chef d'homicide involontaire pour lequel l'enquête avait été lancée en février 2019.
Détournement des malades
En première instance, le tribunal avait conclu que le naturopathe, "en toute conscience et volonté", s'était "substitué à un médecin, détournant ses patients de la médecine traditionnelle". Mais aucune demande d'exécution provisoire de sa peine n'avait été demandée. En attendant son procès en appel, Miguel B. a donc continué à exercer, auprès de la centaine de patients qu'il se vante de conseiller. Majoritairement à distance, mais aussi dans un centre monté au Maroc avec Irène Grosjean, la très controversée "papesse du cru". Les parties civiles reprochent à cette dernière d'avoir laissé planer le doute sur la qualification de Miguel B. en médecine.
La Miviludes, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, explique au Parisien avoir reçu 9 saisines entre 2010 et 2019, 8 en 2020, 9 en 2021 et 2 au cours du premier semestre 2022, visant uniquement Irène Grosjean. Elles "mettent en évidence les dangers liés au discours et pratiques adoptés par cette naturopathe" avec "un risque réel de détournement des malades des soins éprouvés" et d'"emprise psychologique". À ce jour, Miguel B. fait toujours partie des naturopathes conseillés par Irène Grosjean sur son site internet. Le délibéré du procès en appel sera rendu le 9 février 2023.