Peines confirmées en appel pour les deux Mahorais reconnus coupables des crimes de Montluçon

La cour d'appel du Puy-de-Dôme, à Riom, le vendredi 23 octobre, lors des réquisitions et des plaidoiries
La cour d'assises du Puy-de-Dôme jugeait en appel deux jeunes Mahorais pour les meurtres de trois personnes âgées à Montluçon, en 2017. Ils ont été condamnés aux peines maximales, perpétuité et trente ans de prison, comme en première instance.
Après quatre jours de procès, la cour d'assises de Riom a tranché, vendredi 23 octobre. Les jurés ont reconnu coupable les deux accusés, originaires de Mayotte. Ils ont suivi les réquisitions de l'avocat général qui avaient réclamé les mêmes peines que lors du premier procès devant la cour d'assises de l'Allier, en novembre 2019. Le premier accusé, Zaki Ali Toumbou, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. Le second accusé, D.A., mineur au moment des faits, est condamné à 30 ans de réclusion.

Lors du réquisitoire, l'avocat général a expliqué : "Ils ont piétiné massacré et craché sur la dignité humaine. Je n’avais jamais vu un dossier avec une telle intensité d’horreur". 
 

Rappel des faits

En mars 2017, la ville de Montluçon avait été plongée dans l'horreur et la peur. trois retraités étaient retrouvés morts en l'espace de quelques jours. Le couple Ginette et Massimo Degl'Innocenti, 85 et 71 ans, avait été assassiné dans d'atroces circonstances à leur domicile. Neuf jours plus tard, Jeannine Ponce, 74 ans, avait elle aussi été suppliciée jusqu'à la mort. Quelques heures avant le meurtre de Jeannine Ponce, une jeune femme avait été violée à de multiples reprises dans son appartement, devant son compagnon, ligoté et battu. 

Très rapidement, deux hommes de 17 et 18 ans sont interpellés. Ils sont tous deux originaires de Mayotte. Zaki Ali Toumbou avait 18 ans au moment des faits. Son comparse, D.A., était encore mineur.  Mis en examen pour "meurtres accompagnés ou suivis d'actes de torture ou de barbarie" et "viol en réunion", ils sont renvoyés une première fois devant la cour d'assises de l'Allier. Condamnés à la perpétuité et à 30 ans de prison, ils avaient fait appel du verdict. Le procès en appel aura donc confirmé les condamnations. 
 

Réactions

"C'est une décision satisfaisante parce que la justice a reconnu la gravité des faits. Mais avec mes clients, nous appréhendons le pourvoi en cassation envisagé par la défense de l'un des accusés", a déclaré l'avocate des parties civiles, à l'issue de ce procès de quatre jours. "Le premier accusé a un peu plus parlé qu'en première instance et a demandé pardon, même si on sait qu'il avait été préparé par ses avocats. Le plus jeune, pas du tout. Il était dans la défiance et la provocation", a poursuivi Me Bloch.  

"C'est une décision regrettable. Elle nous oblige à régulariser un pourvoi en cassation (...) qui imposera un nouveau procès aux familles des victimes" a déploré l'avocat de Zaki A.T., Renaud Portejoie. "Peut-être que la Cour a un peu jugé dans l'émotion. Les faits sont évidemment terribles. Nous avons exhorté la cour d'assises à ne pas oublier qu'elle jugeait un mineur et un tout jeune majeur (ndlr: à l'époque des faits) et qu'il fallait leur laisser une chance, même dans 20 ans, même dans 30 ans", a-t-il ajouté.
    
A l'audience, l'avocat avait rappelé les parcours chaotiques et violents des accusés, entre Mayotte et la métropole, où ils étaient livrés à eux-mêmes.