Perquisition au siège de la douane suite à une enquête sur l'achat d'un bateau de lutte contre la drogue aux Antilles

Vedette de surveillance rapide
Une perquisition a eu lieu, jeudi 6 juillet, à la direction générale de la douane à Montreuil dans le cadre d'une enquête sur l'achat d'un bateau à plus de 300.000 euros, destiné à la lutte contre les stupéfiants dans les Antilles.
La direction générale de la douane a été perquisitionnée, jeudi 6 juillet,  sur instruction du parquet national financier dans le cadre d'une enquête sur l'acquisition d'un bateau en 2011-2012 qui n'a jamais été livré, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
 
Des documents relatifs à l'achat de ce navire pour un montant de plus de 300.000 euros, destiné à la lutte contre les stupéfiants dans les Antilles, ont été saisis au siège à Montreuil, près de Paris, a indiqué cette source. A l'issue de la perquisition, aucune garde à vue n'a été prononcée et aucune audition réalisée, ont déclaré d'autres sources proches de l'enquête.
 
Contactée par l'AFP, la direction générale de la douane a confirmé la perquisition, réalisée par la brigade de répression de la délinquance économique.
 

L'achat d'une embarcation très rapide

L'enquête porte sur l'achat d'une "embarcation très rapide, de type intercepteur", destinée à "lutter contre la contrebande de stupéfiants perpétrée au moyen de bateaux type -go fast-", selon le rapport annuel de la Cour des comptes, paru en février. Ses auteurs critiquaient un "montage" financier qui a "coûté très cher à l'administration".
 
Entre février 2011 et fin 2012, la douane a versé, "en pure perte" 307.618 euros à un constructeur américain basé en Floride, selon la Cour des comptes. La douane a en outre commis "plusieurs erreurs" dans les procédures et les calculs des sommes réclamées, avait rapporté la Cour, qui trouvait "anormal" qu'"aucune procédure disciplinaire" n'ait été engagée
à l'encontre des fonctionnaires "responsables de ces échecs".
 

Une procédure contre le constructeur         

Dans un courrier adressé jeudi aux 17.000 agents de la douane, que l'AFP a pu consulter, leur directeur général Rodolphe Gintz a affirmé que son administration, "victime d'un constructeur indélicat", "n'est en aucune façon restée inactive". Une procédure pour "non-respect des obligations contractuelles" a notamment été engagée auprès du tribunal administratif de Montreuil, qui a "très récemment condamné le fournisseur à reverser à la Douane les sommes dues", a indiqué Rodolphe Glintz dans ce courrier. Ces faits ont également été dénoncés auprès du Procureur, a-t-il ajouté.
 

Plusieurs affaires

Cette perquisition survient après plusieurs affaires ayant récemment ébranlé la douane. Le 21 avril, deux hauts responsables, la numéro 3 de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) et le chef de la Direction des opérations douanières (DOD) du Havre, ont été mis en examen dans une affaire portant sur des pratiques d'enquête illégales, notamment autour de la saisie de 43 tonnes de café contrefait en juillet 2015.
 
En décembre 2016, près de 800.000 euros en liquide avaient été saisis lors de perquisitions au siège de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) et dans les antennes locales des douanes au Havre et à Rouen. Une saisie record en octobre 2015 de 7 tonnes de cannabis dans des camionnettes stationnées à Paris, à l'époque saluée par le président François Hollande, avait par ailleurs été entachée de soupçons concernant le rôle trouble d'un indicateur, sur fond de rivalités entre services de douanes et de police.