"De peur que la vie ne lui échappe", premier roman de la journaliste guyanaise Catherine Lama

Catherine Lama au Salon du livre de Paris, en mars 2017.
La journaliste Catherine Lama publie son premier roman, "De peur que la vie ne lui échappe" (éditions Orphie). Un ouvrage qui nous entraîne au cœur de la culture guyanaise et de son carnaval emblématique avec ses mystérieux Touloulous. Interview. 
C’est l’histoire d’une rencontre et d’un chassé-croisé, étalés sur plusieurs années, entre un homme et une femme, Héloïse et Aiglon, tous deux passionnés de vélo et de danse. Deux êtres à la psychologie proche, basculant parfois entre rêve et réalité, qui vont se croiser sur la route, et dans la salle de bal. La fiction a pour cadre la Guyane, d’où est originaire l’auteur, la journaliste Catherine Lama (de Guyane 1ere), dont c’est le premier roman. Un ouvrage pas vraiment autobiographique, mais « un peu cathartique », confie-t-elle, tiré des carnets où Catherine Lama couche ses réflexions et billets d’humeur depuis des années. Une fois n’est pas coutume, nous avons interviewé notre consoeur !
 
Ce roman, c’est une sorte d’histoire d’amour ?
Catherine Lama :
 C’est plutôt l’histoire d’une rencontre où les deux protagonistes savent exactement ce qu’ils veulent. Ils cherchent plus du rêve, un jardin secret, qu’une relation basique. Chacun se teste, et vit ses émotions. Dans la relation que je décris, je veux aussi montrer que l’on a besoin de choses qui sont intemporelles, comme l’attention et la tendresse, et qui ne sont pas forcément sexuelles. La satisfaction amoureuse ne passe pas nécessairement par la sexualité.
 
Le sport et la danse occupent une place centrale dans votre livre. Y-a-t-il une volonté de penser également le rapport au corps ?   
Dans le roman l’héroïne cherche effectivement à s’exprimer dans le sport, pas nécessairement dans la performance. Elle est dans le rapport au corps et à la danse comme à l’intellect. Tout cela participe à son équilibre de vie. C’est une énergie qui la porte. Et du côté de l’intellect, elle est beaucoup dans le rêve et la sublimation. Elle se fabrique un univers très personnel qui l’aide dans le quotidien.
 
Avec le carnaval et les Toulous, il y a tout un arrière-plan sociologique de la Guyane que vous explorez…
Pour la femme en Guyane, le personnage du Touloulou représente une liberté, qui obéit à des rites. Toutefois mon personnage ne va plus trop respecter le rituel, ne se consacrant qu’à un seul cavalier. Elle assume en fait sa liberté de choix présente dans le carnaval. Le Touloulou est la spécificité du carnaval guyanais et il faut que cela perdure.
Nous avons d’ailleurs un Observatoire régional du carnaval de Guyane qui travaille à la reconnaissance patrimoniale du personnage du Touloulou. Cette association souhaite perpétuer cette tradition selon les rites et les codes qui sont institués depuis les années 1950, et qui n’existent nulle part ailleurs. L’objectif est de la faire inscrire au patrimoine immatériel de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, ndlr). Les démarches ont commencé depuis 2014.
 

Catherine Lama, « De peur que la vie ne lui échappe » - éditions Orphie, 2017, 155 pages, 13 euros.