Le délégué interministériel pour la reconstruction des îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin est de passage à Paris pour faire le point sur la situation un an après le passage sur cyclone Irma. Il dit "ne pas avoir à rougir du bilan".
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Mickaël Bastide : Le président Macron est attendu à la fin du mois de septembre. A-t-on une date précise ?
Philippe Gustin : C’est l’Elysée qui communiquera. Le Président a indiqué clairement qu’il viendrait à Saint-Martin et dans les Antilles de manière générale.
Il risque de faire face à un mécontentement sur place. Est-ce que vous pensez qu’il fera de nouvelles annonces ?
Tout est compliqué parce que les experts ne sont pas venus à temps, parce que les devis faits par le BTP étaient complètement disproportionnés. Quand on est dans une société qui a vécu pendant 370 ans sans obligation de contrôle, il y a un chantier exceptionnel.
On peut comprendre que tout ne se fasse pas en 5 minutes et que ce serait une erreur de tout faire en 5 minutes car ça voudrait dire que l’on ne tire pas les leçons de ce qui s’est passé.
Donc je peux comprendre que l’on puisse attendre du président de la République et de tous ceux à qui je veux rendre hommage qui ne comptent pas leur temps, qu’on leur demande qu’ils marchent sur l’eau. Ce n’est pas possible.
Il faut raison garder et rester positif surtout si l’on compare la situation avec celle des autres îles de la Caraïbe qui ont été touchées par des cyclones tels que Maria ou Irma. Tout ce qui a été fait n’est pas parfait, mais il n’y a pas à rougir de ce qui a été fait cette dernière année.
Un an après Irma quel est justement le bilan de la reconstruction et quelles sont les perspectives ?
A Saint-Barthélemy, les choses ont avancé plus rapidement puisque tous les hôtels ont ouvert pour la saison. A Saint-Martin, les travaux durent un peu plus longtemps pour plusieurs raisons. 95% du bâti avait été impacté, 25% du bâti complètement détruit. Et puis, Irma a été le révélateur de dysfonctionnements antérieurs.
Donc concrètement il faut reconstruire en respectant des normes, en respectant aussi la dangerosité du territoire. Et puis on a des difficultés qui sont inhérentes à l’insularité.
Quand on a une catastrophe qui se produit en France métropolitaine, le lendemain, à la fois les experts d’assurance, le BTP peuvent être là, prêts à intervenir.
Ici à Saint-Martin, tout est importé. Le BTP local n’était naturellement pas dimensionné pour faire face à une telle catastrophe et donc tout ça crée des lenteurs. Mais aujourd’hui on estime qu’entre 30 et 40% du bâti a été réparé.
A l’avenir, est-ce que les choses vont aller plus vite et dans de meilleures conditions ?
Elles vont plus vite car le vrai chantier a fleuri à partir du 1er mars donc les premiers six mois ont été consacrés à la gestion de l’urgence. Moi ce qui m’importe c’est qu’à l’avenir on tire vraiment les leçons de ce cyclone et que concrètement la collectivité qui a déjà développé un règlement d’urbanisme provisoire continue dans cette voie.
Elle a mis en place une police de l’urbanisme et de la construction pour veiller à ce que l’on ne construise pas n’importe où et surtout n’importe comment.
Comment l’Etat s’est mis d’accord avec la collectivité pour financer ces différents investissements ? On a le sentiment que la collectivité de Saint-Martin aurait besoin de plus d’argent et que l’Etat conditionne son aide.
Il s’agit d’argent public et on ne fait pas n’importe quoi avec de l’argent public. Il y a des règles à respecter, des marchés publics qui doivent être passés. Il y a des règles de transparence.
Aujourd’hui je pense que c’est un faux débat de dire qu’on a besoin de plus d’argent. Il faut le dépenser correctement. Et l’Etat est là pour apporter ce qui manque le plus à la collectivité, c’est-à-dire une capacité d’ingénierie.
La collectivité n’avait pas les ressources humaines pour développer l’ensemble des appels d’offre nécessaires. Nous avons trois forces de travail qui vont arriver dans le domaine budgétaire, des marchés publics et dans un secteur bien particulier qui est celui de l’eau. Donc on est là aux côtés de la collectivité, mais on ne se substitue pas à elle.
L’Etat a été bien présent car si on fait la facture totale de ce qu’a coûté Irma et de ce que va coûter Irma, on est à près de 500 millions d’euros de fonds publics.
Tout cet argent n’a pas été encore donné à la collectivité. Concrètement aujourd’hui, combien a reçu la collectivité de Saint-Martin pour faire face à l’urgence ?
D’abord il y a le fonctionnement de cette collectivité. Saint-Martin n’avait plus de recettes. Elle a eu 12,2 millions d’euros à la fin de l’année 2017. Ce qui est prévu c’est 50 millions d’euros pour l’année 2018. Elle a déjà reçu la moitié, à savoir 25 millions d’euros.
Chaque mois, je suis à Saint-Martin pour regarder avec la collectivité l’état de la trésorerie. Je suis assez rassuré quand je vois des rentrées fiscales qui sont plutôt bonnes.
La collectivité a par ailleurs une ligne de crédit de 46 millions d’euros au titre du fonds de solidarité de l’Union européenne que l’Etat a laissé à la collectivité jusqu’au 31 décembre 2018 pour faire face aux réparations des bâtiments publics.
Il y a d’autres fonds qui arriveront, en particulier 15 millions d’euros pour les écoles, à partir de factures dûment certifiées.
L’entente est-elle cordiale entre l’Etat et le président de la collectivité de Saint-Martin ? On a l’impression qu’il y a des tensions...
Moi je ne rentre pas dans ces débats. Cela fait un an que je suis en charge de cette mission. Nous travaillons tous les jours avec les services de la collectivité avec, je le pense, le souci d’améliorer la situation des Saint-Martinois et des Saint-Martinoises. Le reste, vous savez, les querelles, ce n’est pas mon truc.
Philippe Gustin : C’est l’Elysée qui communiquera. Le Président a indiqué clairement qu’il viendrait à Saint-Martin et dans les Antilles de manière générale.
Il risque de faire face à un mécontentement sur place. Est-ce que vous pensez qu’il fera de nouvelles annonces ?
Tout est compliqué parce que les experts ne sont pas venus à temps, parce que les devis faits par le BTP étaient complètement disproportionnés. Quand on est dans une société qui a vécu pendant 370 ans sans obligation de contrôle, il y a un chantier exceptionnel.
On peut comprendre que tout ne se fasse pas en 5 minutes et que ce serait une erreur de tout faire en 5 minutes car ça voudrait dire que l’on ne tire pas les leçons de ce qui s’est passé.
Donc je peux comprendre que l’on puisse attendre du président de la République et de tous ceux à qui je veux rendre hommage qui ne comptent pas leur temps, qu’on leur demande qu’ils marchent sur l’eau. Ce n’est pas possible.
Il faut raison garder et rester positif surtout si l’on compare la situation avec celle des autres îles de la Caraïbe qui ont été touchées par des cyclones tels que Maria ou Irma. Tout ce qui a été fait n’est pas parfait, mais il n’y a pas à rougir de ce qui a été fait cette dernière année.
Un an après Irma quel est justement le bilan de la reconstruction et quelles sont les perspectives ?
A Saint-Barthélemy, les choses ont avancé plus rapidement puisque tous les hôtels ont ouvert pour la saison. A Saint-Martin, les travaux durent un peu plus longtemps pour plusieurs raisons. 95% du bâti avait été impacté, 25% du bâti complètement détruit. Et puis, Irma a été le révélateur de dysfonctionnements antérieurs.
Donc concrètement il faut reconstruire en respectant des normes, en respectant aussi la dangerosité du territoire. Et puis on a des difficultés qui sont inhérentes à l’insularité.
Quand on a une catastrophe qui se produit en France métropolitaine, le lendemain, à la fois les experts d’assurance, le BTP peuvent être là, prêts à intervenir.
Ici à Saint-Martin, tout est importé. Le BTP local n’était naturellement pas dimensionné pour faire face à une telle catastrophe et donc tout ça crée des lenteurs. Mais aujourd’hui on estime qu’entre 30 et 40% du bâti a été réparé.
A l’avenir, est-ce que les choses vont aller plus vite et dans de meilleures conditions ?
Elles vont plus vite car le vrai chantier a fleuri à partir du 1er mars donc les premiers six mois ont été consacrés à la gestion de l’urgence. Moi ce qui m’importe c’est qu’à l’avenir on tire vraiment les leçons de ce cyclone et que concrètement la collectivité qui a déjà développé un règlement d’urbanisme provisoire continue dans cette voie.
Elle a mis en place une police de l’urbanisme et de la construction pour veiller à ce que l’on ne construise pas n’importe où et surtout n’importe comment.
Comment l’Etat s’est mis d’accord avec la collectivité pour financer ces différents investissements ? On a le sentiment que la collectivité de Saint-Martin aurait besoin de plus d’argent et que l’Etat conditionne son aide.
Il s’agit d’argent public et on ne fait pas n’importe quoi avec de l’argent public. Il y a des règles à respecter, des marchés publics qui doivent être passés. Il y a des règles de transparence.
Aujourd’hui je pense que c’est un faux débat de dire qu’on a besoin de plus d’argent. Il faut le dépenser correctement. Et l’Etat est là pour apporter ce qui manque le plus à la collectivité, c’est-à-dire une capacité d’ingénierie.
La collectivité n’avait pas les ressources humaines pour développer l’ensemble des appels d’offre nécessaires. Nous avons trois forces de travail qui vont arriver dans le domaine budgétaire, des marchés publics et dans un secteur bien particulier qui est celui de l’eau. Donc on est là aux côtés de la collectivité, mais on ne se substitue pas à elle.
L’Etat a été bien présent car si on fait la facture totale de ce qu’a coûté Irma et de ce que va coûter Irma, on est à près de 500 millions d’euros de fonds publics.
Tout cet argent n’a pas été encore donné à la collectivité. Concrètement aujourd’hui, combien a reçu la collectivité de Saint-Martin pour faire face à l’urgence ?
D’abord il y a le fonctionnement de cette collectivité. Saint-Martin n’avait plus de recettes. Elle a eu 12,2 millions d’euros à la fin de l’année 2017. Ce qui est prévu c’est 50 millions d’euros pour l’année 2018. Elle a déjà reçu la moitié, à savoir 25 millions d’euros.
Chaque mois, je suis à Saint-Martin pour regarder avec la collectivité l’état de la trésorerie. Je suis assez rassuré quand je vois des rentrées fiscales qui sont plutôt bonnes.
La collectivité a par ailleurs une ligne de crédit de 46 millions d’euros au titre du fonds de solidarité de l’Union européenne que l’Etat a laissé à la collectivité jusqu’au 31 décembre 2018 pour faire face aux réparations des bâtiments publics.
Il y a d’autres fonds qui arriveront, en particulier 15 millions d’euros pour les écoles, à partir de factures dûment certifiées.
L’entente est-elle cordiale entre l’Etat et le président de la collectivité de Saint-Martin ? On a l’impression qu’il y a des tensions...
Moi je ne rentre pas dans ces débats. Cela fait un an que je suis en charge de cette mission. Nous travaillons tous les jours avec les services de la collectivité avec, je le pense, le souci d’améliorer la situation des Saint-Martinois et des Saint-Martinoises. Le reste, vous savez, les querelles, ce n’est pas mon truc.