Photo, Manga et Court-métrage : les sorties de la semaine (21/09/20)

La Guadeloupe en photo, un afro-manga ambitieux et le week-end du court-métrage sur la 1ere.fr : voici l'actualité de cette semaine. 

Expo photo 

Gregory Halpern - Soleil cou coupé (jusqu’au 18 octobre, fondation Henri-Cartier Bresson). Pour répondre à une commande de la Fondation Hermès, le photographe américain Gregory Halpern s’est immergé, en 2019, en Guadeloupe, pour en restituer sa perception que l’on peut qualifier de politique puisque son travail s’intitule "Soleil cou coupé" comme le poème d’Aimé Césaire. Le poète avait emprunté ce titre à Guillaume Appolinaire, car il y voyait la métaphore de son peuple asservi par la puissance coloniale, avant qu’il ne s’en libère. En une trentaine de photos, Halpern développe ainsi cette dualité entre, d'une part la beauté des paysages, et d'autre part les stigmates de l’histoire de l’archipel. Comme ces statues défigurées, ou les fresques rappelant les événements de 1967. Un regard étranger et bienvenu sur la Guadeloupe.
 

Extrait de l'exposition "Soleil cou coupé" de Gregory Halpern


BD

The Last Kamit de Michael Damby et Dwen Uno. (sortie 15 septembre). Soyons clair, The last Kamit n’est pas le premier afro-manga mais avec ce premier opus, les deux auteurs, deux Guadeloupéens, Michael Damby et Dwen Uno (leurs noms de scène) entendent marquer un grand coup. "Grâce aux mangas, nous avons découvert la culture japonaise. Grâce aux Comics, la culture américaine. Nous aimerions qu’avec The last Kamit, notre public découvre la culture afro. Car les auteurs partent avec l’idée de s’installer dans la durée. "Nous voulons permettre à d’autres auteurs de raconter une histoire qui s’inscrit dans l’univers de The Last Kamit développe Michael Damby. Cet afro-manga raconte les péripéties de Sanka et de son amie Emany qui traversent l’Afrique afin de se développer spirituellement et physiquement. Au cours de leurs pérégrinations, ils vont croiser la route de personnages fictifs et réels qui ont marqué l’histoire de l’Afrique, des Antilles et des États-Unis.
Dans leur enfance, ces deux trentenaires ont été bercés par l’univers de Dragon Ball et de Club Dorothée. "Mais les Noirs n’apparaissaient jamais ou presque. C’est pourquoi nous nous sommes dits que nous allions créer quelque chose à notre image". Autrement dit ce Kamit, référence à un super héros noir, sauveur de l’humanité. En prévente, la BD s’est vendue comme une bouchée pain, à des milliers d’exemplaires.
 

Court-métrage

Ti moun aw de Nelson Foix (29’). A Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, alors qu’il est poursuivi, le jeune Chris découvre sur son palier, un bébé posé dans un cabas avec sur un carton cette inscription Ti moun aw (ton enfant en créole). Doutant de sa paternité, Chris se lance à la recherche de la mère de l’enfant. Avec ce court métrage (en créole), le fils du philosophe Alain Foix prouve, dans son domaine, que bon sang ne saurait mentir.
Ici, Nelson traite avec doigté la question de la paternité dans la société matrifocale qu’est la Guadeloupe. "Il y a cette idée que les Antillais sont des pères souvent absents. Si les clichés partent d’une réalité, les choses sont plus compliquées. C’est ce que je voulais montrer. Parmi la nouvelle génération, je vois des jeunes, parfois même un peu perdus, qui s’occupent de leurs enfants". Prix jeunes talents France Télévisions, le court-métrage a récemment concouru au Festival international de Trinidad et Tobago. Puis, il sera aussi en compétition à l’Urban Film festival de New York (23 septembre) et au Bolton international film festival (octobre), en Angleterre. Canal+ Caraïbes devrait le diffuser à partir du 23 septembre. Tout comme la plateforme my Canal.   

 

Les courts-métrages à l'honneur sur la1ere.fr :

Et aussi dans le cadre des Journées du patrimoine : 24 courts métrages tournés en Nouvelle-Calédonie, à la Réunion, à Saint-Pierre et Miquelon, à Mayotte, aux Antilles et en Guyane mais aussi aux États-Unis, en Papouasie Nouvelle-Guinée et en Nouvelle-Zélande. Ouf !!! Des paysages à vous couper le souffle vous transportent dans ces contrées, loin des cartes postales touristiques habituelles. Les fictions vous révèlent certaines facettes de la culture pays. Ces histoires courtes sont le reflet de nos territoires parce que, notamment, elles s'expriment en langues vernaculaires comme le dréhu, le shimaoré, le créole réunionnais ou le créole martiniquais, entre autres. 


Musique

Disparition de  Frederick "Toots" Hibbert, de Toots and The Maytals. Le leader de Toots and The Maytals, le Jamaïquain Frederick Toots Hibbert est décédé vendredi 11 septembre en Jamaïque, à l’âge de 77 ans, vraisemblablement des complications de la Covid. Le groupe restera dans l’histoire comme celui qui a popularisé le mot reggae avec son tube Do the reggay (1968), allusion faite au mot streggae qui, en anglais jamaïcain, désignait les filles mal fagotées. Toots and The Maytals s’est surtout signalé avec de nombreux standards de ska et de reggae (Pressure Drop, Monkey Man, etc...), repris par The Specials, les Clash et même par Amy Winehouse. Habité, charismatique, chanteur à la voix chaude, Frederick "Toots" Hibbert électrifiait ses concerts avec ses prestations scéniques. C’est lui qui a écrit Redemption Song que son ami Bob Marley s’était réapproprié en conservant juste la mélodie. Le 28 août dernier, Toots venait juste de sortir un single Got to be the Tough avec Ziggy Marley, et produit par le fils de Ringo Starr. L’album devait suivre en 2021.