Jusqu’au 20 novembre 2016, la Galerie Meyer à Paris dévoile deux clichés de Paul Gauguin à Tahiti. C’est la première fois que ces photos, prises à la Pointe Vénus en 1896, sont présentées au public. Le peintre y a été identifié presque par hasard par un galeriste allemand.
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Maria Blau regarde les deux clichés sépia, les yeux toujours émerveillés. C’est elle qui a donné un nom à cet Européen qui prend la pose au milieu des habitants, lors d’un pique-nique à la Pointe Vénus en 1896. "C’est ma femme qui l’a trouvé", raconte Daniel Blau. "Elle m’a dit : « c’est Gauguin ! », elle a un œil d’aigle".
"C’est un véritable trésor et une fierté immense de pouvoir exposer ces photos", renchérit Anthony Meyer, le galeriste parisien qui présente pour la première fois au public ces tirages originaux. "Il en existe 4 exemplaires connus seulement dans le monde", poursuit-il. "Et quand on voit ce visage, cette barbe qui lui donne presque un air diabolique, ce regard intense face à l’objectif, on se dit : oui, évidemment, c’est lui !". Des photos anciennes de Tahiti et des Marquises signées Paul-Emile Miot (1827-1900) et quelques objets d’art polynésien ou rappelant Gauguin, complètent l’exposition.
Dans son ouvrage de 256 pages, richement illustré, elle évoque cette période « marquisienne », les derniers mois de la vie du peintre qui ont très peu retenu l’attention des critiques et des biographes. Et devant ces photos, elle ne cache pas son émotion. "Pour moi, le plus émouvant, c’est l’expression de son visage, il est très gai", explique Catherine Boyle-Turner. "Souvent, on met les artistes sur un piédestal, ils sont des dieux et pas des hommes et maintenant on voit Gauguin comme un homme, comme nous, il est sur la plage et il fait la fête."
Il s’installe d’abord à Tahiti puis sur l’île de Hiva Oa dans l’Archipel des Marquises. Il y signera de nombreuses toiles inspirées par la culture polynésienne et la vie quotidienne des Tahitiens. Elles comptent aujourd’hui parmi les plus importantes de son œuvre. Il réalise aussi de nombreuses sculptures sur bois.
"Ici la poésie se dégage toute seule et il suffit de se laisser aller au rêve en peignant pour la suggérer", écrivait Paul Gauguin. Il meurt aux Marquises en 1903 dans le plus grand dénuement. Ses toiles seront vendues sur place à des prix dérisoires, beaucoup de ses sculptures seront détruites. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona, où un Espace Culturel Paul Gauguin a été ouvert le 8 mai 2003 pour célébrer le centième anniversaire de la mort du peintre.
L’exposition est visible jusqu’au 20 novembre à la Galerie Meyer, 17 rue des Beaux-arts à Paris 6e.
Un petit album de voyage
Et le Galeriste allemand de revenir sur l’histoire extraordinaire de sa précieuse découverte. Spécialiste des photos anciennes, amoureux des îles du Pacifique, il acquiert en 2004, presque par hasard, un petit album de voyage. A l’intérieur, une première photo du pique-nique. Dans le groupe, un homme, de profil, qui embrasse une Tahitienne et qui ressemble donc étrangement au peintre français. Mais sans date, impossible de confirmer qu’il s’agit bien de Paul Gauguin.Une cicatrice sur la joue gauche
Daniel Blau parvient rapidement à identifier l’auteur de la photo : Jules Agostini, un ingénieur en travaux publics, photographe amateur qui a séjourné à Tahiti de 1894 à 1898 et qui a justement immortalisé le fare-atelier de l’artiste, à Punaauia. Alors, il y a un an et demi, quand deux albums de Jules Agostini sont mis aux enchères à Paris, l’expert munichois se précipite et parvient à acheter un exemplaire. Il y retrouve sa photo et une seconde du même pique-nique, toutes deux datées du 19 juillet 1896. L’homme y apparaît de face cette fois, une cicatrice reconnaissable sur la joue gauche. Pour Daniel Blau, plus aucun doute désormais."C’est un véritable trésor et une fierté immense de pouvoir exposer ces photos", renchérit Anthony Meyer, le galeriste parisien qui présente pour la première fois au public ces tirages originaux. "Il en existe 4 exemplaires connus seulement dans le monde", poursuit-il. "Et quand on voit ce visage, cette barbe qui lui donne presque un air diabolique, ce regard intense face à l’objectif, on se dit : oui, évidemment, c’est lui !". Des photos anciennes de Tahiti et des Marquises signées Paul-Emile Miot (1827-1900) et quelques objets d’art polynésien ou rappelant Gauguin, complètent l’exposition.
Des photos publiées dans un livre
Caroline Boyle-Turner a elle-aussi obtenu l’autorisation exceptionnelle de publier les deux photos dans son dernier livre consacré au peintre français et intitulé "Paul Gauguin et les Marquises, Paradis trouvé ?", paru cet été aux éditions Vagamundo. L'historienne de l’art mène des recherches et écrit sur Gauguin et les artistes de l'École de Pont-Aven depuis la fin des années 1970.Dans son ouvrage de 256 pages, richement illustré, elle évoque cette période « marquisienne », les derniers mois de la vie du peintre qui ont très peu retenu l’attention des critiques et des biographes. Et devant ces photos, elle ne cache pas son émotion. "Pour moi, le plus émouvant, c’est l’expression de son visage, il est très gai", explique Catherine Boyle-Turner. "Souvent, on met les artistes sur un piédestal, ils sont des dieux et pas des hommes et maintenant on voit Gauguin comme un homme, comme nous, il est sur la plage et il fait la fête."
Paul Gauguin à Tahiti et aux Marquises
Chef de file de l’Ecole de Pont-Aven, ami de Van Gogh, Paul Gauguin est considéré comme l’un des peintres majeurs du XIXe siècle. Il a influencé les Nabis et les Fauves et ouvert la voie à l’art moderne à l’instar de Cézanne et Munch. Il s’est embarqué pour la Polynésie en 1891 grâce à la vente de ses tableaux, espérant fuir la civilisation occidentale.Il s’installe d’abord à Tahiti puis sur l’île de Hiva Oa dans l’Archipel des Marquises. Il y signera de nombreuses toiles inspirées par la culture polynésienne et la vie quotidienne des Tahitiens. Elles comptent aujourd’hui parmi les plus importantes de son œuvre. Il réalise aussi de nombreuses sculptures sur bois.
"Ici la poésie se dégage toute seule et il suffit de se laisser aller au rêve en peignant pour la suggérer", écrivait Paul Gauguin. Il meurt aux Marquises en 1903 dans le plus grand dénuement. Ses toiles seront vendues sur place à des prix dérisoires, beaucoup de ses sculptures seront détruites. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona, où un Espace Culturel Paul Gauguin a été ouvert le 8 mai 2003 pour célébrer le centième anniversaire de la mort du peintre.
L’exposition est visible jusqu’au 20 novembre à la Galerie Meyer, 17 rue des Beaux-arts à Paris 6e.