La pluie, la boue, la houle mais pas le vent : en Guadeloupe, l'état de catastrophe naturelle fait polémique

Un arbre tombé sur une maison à Petit-Bourg en Guadeloupe, où les dégâts causés par les vents de l'ouragan Maria ne sont pas reconnus comme catastrophe naturelle.
L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle après le passage de l'ouragan Maria a été publié au Journal officiel dimanche. Les inondations, les coulées de boue et la houle sont concernées, pas le vent. Un scandale pour la députée Hélène Vainqueur-Christophe.
Cinq jours après le passage de l'ouragan Maria aux Antilles, l'arrêté qui reconnait l'état de catastrophe naturelle a été publié au Journal officiel ce dimanche 24 septembre. Il concerne les dégâts provoqués par les inondations, coulées de boue et chocs mécaniques liés à l'action des vagues suite au passage de l'ouragan Maria les 18 et 19 septembre. Il s'applique à la plupart des communes de Guadeloupe, une vingtaine en Martinique, ainsi qu'aux collectivités de Saint-Martin et Saint-Bathélémy.

En ce qui concerne les vents cycloniques, seules les communes de Terre-de-Haut et Terre-de-bas, deux îles de l'archipel des Saintes, sont reconnues en état de catastrophe naturelle. Partout ailleurs, les dommages causés par ces forts vents ne seront pas pris en charge par les assurances, dans le cadre de l'état de catastrophe naturelle.

Scandaleusement restrictif ? 

La prise en charge des dommages provoqués par le vent relève alors de la "garantie tempête". Les sinistrés seront dédommagés si leur contrat d'assurance le prévoit.

Dans un message posté sur Facebook, la députée de Guadeloupe Hélène Vainqueur-Christophe se dit stupéfaite. "Cette rédaction scandaleusement restrictive risque de compliquer singulièrement les démarches des personnes sinistrées par les vents cycloniques auprès de leur compagnie d'assurance."

"Je dois faire part de ma grande incompréhension, et même de mon indignation, quant au périmètre retenu par le Gouvernement pour cet arrêté."


Le maire de la commune de Saint-François évoque, quant à lui, une "grave offense du gouvernement".

Le fonds de secours pour les Outre-mer

De son côté, la Ministre des Outre-mer affirme qu'il y aura un fonds de secours pour ce que les assureurs ne couvriront pas, malgré l'arrêté de catastrophe naturelle.
 

Des dégâts constatés sur la commune de Goyave en Guadeloupe le 19 novembre, quelques heures après le passage de l’ouragan Maria.

L'état de catastrophe naturelle et le fonds de secours pour les outre-mer

 

Parallèlement à la garantie "catastrophe naturelle", le fonds pour les Outre-mer est destiné aux ménages et aux petites entreprises de type artisanal ou familial dont les biens non-assurés ont subi des dégâts importants, ainsi qu’aux exploitants agricoles ultra-marins pour leurs pertes de fonds et de récoltes ou encore les collectivités territoriales pour des dommages causés à des équipements publics non-assurables.
Les sinistrés doivent adresser au maire de leur localité une demande d’indemnisation au titre du Fonds de secours, assortie d’une évaluation des dommages.


Les 18 et 19 septembre derniers, des vents allant jusqu'à 260 km/h ont notamment emporté des toitures, éventré des maisons et ravagé 100% des bananeraies de Guadeloupe et 70% de celles de Martinique. L'arrêté de catastrophe naturelle va permettre aux 6.000 salariés de la filière de bénéficier du chômage technique, et aux 600 producteurs de continuer à percevoir des aides européennes.