Les amateurs de tatouages se sont donné rendez-vous dans le nord de Paris, à la Grande Halle de La Villette ce week-end pour la 12ᵉ édition du mondial du tatouage. Près de 500 artistes exposent, dont plusieurs venus des Outre-mer et plus particulièrement de la Réunion et de la Polynésie. "C’est le temple, c’est la plus belle convention d’Europe, donc il faut être là et représenter la Réunion", confie Léon, tatoueur réunionnais présent pour la troisième fois à cet évènement. "C’est une grosse convention et j’aime y participer pour représenter mes deux îles. Ça me rapporte de la visibilité d’être là et voir d’autres grands tatoueurs, c’est vraiment impressionnant" glisse Krish, originaire de l’île Maurice, mais installé à La Réunion.
Comme lui, de nombreux artistes ne pouvaient pas rater ce mondial, d’une part pour se faire connaître, mais aussi pour étendre leur carnet de réservation, à l’instar de Thierry Manao de Polynésie "Je suis là pour l’ambiance, mais aussi pour toucher une nouvelle clientèle, qui est beaucoup plus vaste, car le salon attire des gens de tout horizon."
Pour d’autres comme Moana Toa, cette présence à Paris permet d’obtenir de la visibilité, mais aussi de préparer le terrain pour la relève. "Ce salon, c'est aussi une grosse exposition, les gens voient ce qu’on fait en termes de tatouages polynésiens. On met en valeur la culture, et surtout, on pose les jalons pour les générations de tatoueurs qui arrivent derrière nous".
Le tatouage polynésien toujours très demandé
Crâne de morts, fleurs, animaux, automobiles, il y a pour tous les goûts à ce mondial du tatouage. Mais la star reste le tatouage polynésien, "les gens sont très demandeurs" souffle Tems Harrys. Positionné dès l'entrée du salon, le stand du tatoueur polynésien attire tous les regards. "C’est un accomplissement de tout ce qu’on a fait jusqu’à aujourd’hui, c’est aussi un moyen de sortir du pays". Le jeune artiste regrette que d’autres de ses compatriotes n’aient pu faire le déplacement, notamment à cause des coûts de transport, mais aussi les conditions climatiques. "On est loin d’ici, quasiment 24 h de décalage. Je pense que pour les copains qui sortent du pays, c'est un peu difficile, notamment à cause de la température."
Si les tatoueurs Polynésiens ont du mal à s’exporter, ce n’est pas le cas de leur art traditionnel, constate Thierry Manao. "Les gens se font de plus en plus de tatouages polynésiens, car ça véhicule un regard positif, et ils sont moins intéressés par la culture polynésienne en elle-même. […] C’est toujours dérangeant d’avoir quelqu’un qui s’en fiche de la culture et qui veut un tatouage polynésien, mais c’est comme ça. On aimerait plus discuter avec les gens et qu’ils en connaissent un petit peu plus."
Malgré tout, le tatouage polynésien reste toujours très demandé par les connaisseurs, comme Laura, venue spécialement pour terminer son dessin commencé il y a plusieurs années par Moana Toa "J'ai d'abord eu un coup de foudre pour l'art polynésien et puis c'est un tatouage qui exprime vraiment ce qu'on a envie de représenter. Ce n'est pas juste un joli dessin, je l'ai fait pour m'aider dans ma vie et dans mon avenir".
La culture réunionnaise dans la peau
Krish est dans le même élan culturel que ses comparses de la Polynésie, l’artiste qui participe à son troisième mondial s’inspire beaucoup de son île adoptive, La Réunion. "Sur ce salon, il y a beaucoup de tatoueurs qui viennent d’Europe et pas beaucoup des îles. Donc j’apporte mon style, notamment, je m’inspire de la nature, des animaux et du volcan, explique-t-il.
La Réunion est la seule île de l’océan Indien à avoir un volcan actif, donc je représente beaucoup ça.
Krish
Pour preuve, ses clients fidèles attendent chacune de ses venues dans l’Hexagone pour se faire tatouer un bout de la culture réunionnaise, à l’image de Micky qui a suivi les conseils de Krish et s’est fait graver sur la peau un Gecko de l’île. "C’est une île que j’aime beaucoup, donc j’ai voulu faire représenter l’île de la Réunion sur ma jambe."
Le Réunionnais Léon venu pour "se nourrir au niveau artistique" a lui un style bien loin de sa culture ultramarine. Il s'est spécialisé dans le néo-japonais et le traditionnel américain, qu'il "retouche à sa sauce". Mais il n'oublie pas sa Réunion natale qu'il ajoute à ses compositions à travers ses "couleurs".
Le salon mondial du tatouage attire chaque année près de 20 000 visiteurs. Tous à la recherche de nouveaux styles et de nouvelles tendances. Une belle vitrine pour les artistes ultramarins.