Même si la médecine est par principe identique pour tous les patients, quelles que soient leurs origines, il s’avère que dans chaque spécialité, une adaptation des connaissances peut être nécessaire. Ce constat, le professeur Antoine Mahé l’a réalisé en pratiquant sa spécialité, la dermatologie, en particulier aux Antilles.
Exemple : le fonctionnement des saturomètres, ces appareils qui déterminent la teneur en oxygène dans le sang, peut être perturbé par une pigmentation mélanique importante. En clair, sur une peau noire, le saturomètre a tendance à surestimer le taux de saturation en oxygène. Ce qui peut avoir des conséquences chez les malades en Covid grave.
Conscient de ces spécificités, le professeur Antoine Mahé a créé un diplôme de "Médecine de la diversité" à l’Université de Strasbourg, où il enseigne. Cette formation existe depuis deux ans. Ouverte aux médecins, elle propose, entre autres, des cours sur la diversité génétique des populations humaines, sur les spécificités dermatologiques des peaux noires, sur la drépanocytose, le lupus et les maladies tropicales.
La prise en compte du contexte génétique, culturel ou géographique du patient éloigne le risque du « biais cognitif », cette erreur d’appréciation qui fait que le médecin pose un mauvais diagnostic ou prescrit un mauvais traitement. Typiquement, la drépanocytose, maladie qui touche notamment les Antillais, est encore mal connue des médecins qui n’ont pas été sensibilisés à cette maladie. C’est pourquoi, au-delà du diplôme universitaire de médecine de la diversité, le professeur Mahé envisage de mettre en place une dizaine d’heures de cours dans le corpus obligatoire des étudiants en médecine de l’Université de Strasbourg.