C’est à Limoges que l’Oreille est hardie s’est rendue à la rencontre de Paul Francesconi. C’est là qu’il a établi ses quartiers et ceux de sa compagnie Soleil glacé. "Soleil glacé", c'est ce qu’on appelle un oxymore - quand vous mettez ensemble deux termes qui a priori s’opposent. C’est exactement ce qui se passe dans Kal (je t’aimerai jusqu’à la fin des temps) qui raconte la rencontre de deux êtres qui a priori n'ont rien à voir ensemble. Ce spectacle vient tout juste de se donner à Paris pour quelques jours au théâtre l’Échangeur, après notamment avoir été créé au théâtre de l’Union à limoges. Voilà typiquement ce que l’on pourrait appeler une "pièce Covid" : prête pour être jouée en 2020, juste avant le début du premier confinement, elle a dû attendre patiemment deux ans pour être vue.
Rencontres des cultures
Du coup, Paul Francesconi et son trio d’acteurs ont pris le temps de travailler et peaufiner leur spectacle. Kal, c’est avant tout une écriture sur le papier et sur scène, aux inspirations qui ressemble à son auteur. Plus qu'écrire du théâtre, le Réunionnais, ancien étudiant à Sciences Po, aspire à faire vivre sa poésie. Et c’est avant tout une émotion qu'il a voulu traduire et à laquelle il a voulu donner chair : le sentiment généré par la rencontre. Amoureux de sa terre natale, La Réunion et grand amateur de voyages et de l’Asie, Paul Francesconi a puisé dans ces éléments pour y trouver la forme que prendrait son spectacle.
Rencontres des êtres
Tout se passe au sommet enneigé d’un volcan. Un homme, Ram, pêcheur de son état, obligé de quitter son île, débarque sur la plage d’un continent. Là, il rencontre Kal et, fasciné par la jeune femme silencieuse, la suit jusqu’au sommet du volcan où règne un froid intense. S’ensuit toute une séquence où l’un et l’autre tenteront, chacun comme il peut, d’entrer en contact. Lui, cherchant à vaincre le mutisme de Kal, elle essayant de laisser un homme de nouveau l’approcher.
Kal ne s’appelait pas ainsi au début mais c’est en faisant lire une ébauche de son texte qu’un lecteur lui fait remarquer que son personnage principal ressemble fort à la grand-mère Kalle qui peuple les histoires de La Réunion. Qu’à cela ne tienne, Paul Francesconi s’empare de la légende pour réécrire et rebaptiser son personnage Kal, jeune femme irrémédiablement liée au volcan après avoir subi la violence des hommes et fait l’objet d’une malédiction.
Écoutez l’Oreille est hardie…
Et découvrez un auteur et un metteur en scène, plein de créativité, d'ingéniosité et de beauté dans la conception et réalisation de sa pièce Kal (je t’aimerai jusqu’à la fin des temps). Paul Francesconi a voulu ce spectacle comme un poème chanté et dansé et, tout au long du spectacle, on est baigné d’un doux mélange de chants en créole réunionnais et de musique d’inspiration traditionnelle japonaise - telle que l’on peut l'entendre dans le théâtre nô, encore une forte inspiration du jeune metteur en scène.
C’est un très beau spectacle où le rythme et les éléments visuels très sobres alliés à l’interprétation des trois acteurs (la Réunionnaise Chloé Lavaud, Martin Jaspar et Elsa Dupuy) qui jouent de leurs corps qui dansent et d’instruments de musique, sont pour beaucoup dans la fascination du spectateur qui a du mal à quitter la pièce...
Écoutez Paul Francesconi dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI !
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