Pollution, manque d'eau, catastrophes naturelles... Les enfants d'Outre-mer particulièrement exposés au changement climatique

Femmes et enfants faisant la lessive dans une rivière à Mayotte
À l'occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, la Défenseure des droits publie un rapport sur le droit des enfants à un environnement sain. Particulièrement vulnérables, les petits Ultramarins sont en première ligne.

Comment grandir dans un monde bouleversé par le changement climatique ? "On a voulu montrer l’impact du réchauffement climatique et de la pollution sur les droits des enfants", résume Claire Hédon, la Défenseure des droits, qui publie un rapport consacré au droit des enfants à un environnement sain à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant.

Pour élaborer ce document, les équipes de la Défenseure des droits ont consulté des milliers d’enfants âgés de 2 à 22 ans. Pour la première fois, des enfants de La Réunion, de Mayotte, de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe ont été interrogés. Ils ont pu exposer leurs problèmes et même leurs idées de solutions. 

Perte de droits en cascade

Être privé du droit à un environnement sain limite l’accès à d’autres droits. L’exemple le plus parlant est celui de l’accès à l’eau. "Moi, c’est quand je bois de l’eau que j’ai peur. Avec la saison sèche, il n’y avait plus d’eau dans le village. On est obligés de boire l’eau du fleuve, et l’eau du fleuve, elle est sale et polluée", témoigne un enfant originaire des Outre-mer, cité anonymement dans le rapport.

Le développement de maladies hydriques et la découverte récente de cas de choléra à Mayotte témoigne du danger majeur que constitue la pollution de l’eau en Outre-mer. 

Rapport de la Défenseure des droits. Le droit des enfants à un environnement sain

Non seulement un manque d’accès à l’eau impacte directement la santé, mais il prive aussi les jeunes de l’éducation à laquelle ils ont droit, car quand il n’y a pas d’eau, les classes ferment. "Aux Antilles entre les évènements climatiques, les problèmes de transport les grèves et les sargasses, c’est 20% de cours en moins. C’est une année de cours en moins sur le primaire", dénonce Claire Hédon.

Ecole fermée, en Guadeloupe, à cause d'une coupure d'eau.

Pollution et catastrophes naturelles

"En Guyane, les enfants sont exposés aux pollutions générées par l’orpaillage illégal, qui produit des métaux lourds, et notamment du plomb, diffusés dans les sols puis dans l’eau et l’alimentation, rappellent les auteurs du rapport. Le saturnisme infantile prend des proportions particulièrement inquiétantes sur ce territoire : un enfant sur cinq y souffre d’une contamination au plomb." Les conséquences peuvent être dramatiques : même à faible dose, l’empoisonnement au plomb peut laisser des séquelles neurologiques irréversibles.

Chlordécone aux Antilles, intoxication au plomb en Guyane, sargasses… La pollution entraîne des conséquences graves sur la santé, surtout aux premiers âges de la vie. En France, plus de trois enfants sur quatre respirent quotidiennement un air toxique. "À exposition équivalente, la vulnérabilité des enfants les plus pauvres est plus grande du fait d’un état de santé plus fragile à la naissance et d’un recours moindre aux soins", notent les auteurs du rapport. Or la pauvreté est particulièrement prégnante en Outre-mer.

Majicavo

Au risque de pollution s’ajoute celui des catastrophes naturelles, bien plus fréquentes dans les territoires ultramarins. Là aussi, les enfants les plus pauvres, parce qu’ils vivent dans des logements insalubres ou précaires, sont les plus vulnérables. Ces catastrophes, au-delà des risques directs de blessures, ont des conséquences à long terme. Elles peuvent créer de l’anxiété chez les enfants et endommager durablement les infrastructures de transports ou d’assainissement.

La dernière génération

"En Outre-mer, ce sont des observations complètement exacerbées par rapport à ce que vit la métropole. C’est l’accès à l’eau, c’est la précarité de l’habitat, c’est la pauvreté qui est beaucoup plus forte, et c’est ce sentiment des enfants d’être éloignées des décisions de la métropole", résume Eric Delemar, le Défenseur des enfants, adjoint de la Défenseure des droits. Si les problématiques sont exacerbées dans les territoires ultramarins, "ce qui se passe en Outre-mer est peut-être un avant-gout de ce qui peut se passer dans l’Hexagone", alerte Claire Hédon.

La crise environnementale porte directement atteinte aux droits humains les plus fondamentaux : droit à la vie, à la sécurité, à la santé, ou encore, à la dignité.

Rapport de la Défenseure des droits. Le droit des enfants à un environnement sain

Outre les impacts directs sur leur vie quotidienne, les enfants interrogés dans le rapport témoignent d’une grande angoisse pour l’avenir de la planète. "Si on continue comme ça, on sera peut-être la dernière génération", s’inquiète l’un d’eux.