Polynésie: confinement prolongé et arrivée de renforts de la réserve sanitaire

Hall aménagé pour accueillir jusqu'à 48 patients
La Polynésie française, qui fait face à une sévère recrudescence de l'épidémie de Covid-19, va prolonger le confinement, et attend cette fin de semaine le renfort d'une centaine de réservistes pour permettre à l'hôpital de faire face à l'explosion des admissions.

Le confinement, le couvre-feu et les restrictions de circulation en vigueur depuis le 23 août vont être "prorogés", a annoncé à France Info le haut-commissaire de la République en Polynésie française, Dominique Sorain. Il doit en préciser ce jeudi les modalités.

Renfort sanitaire : une mission de trois semaines

Pour renforcer les services hospitaliers, trente-six membres de la réserve sanitaire sont arrivés mercredi soir (jeudi à Paris) à Papeete. Une centaine au total sont attendus au fil de la semaine en renfort au Centre hospitalier et dans les hôpitaux périphériques, tous saturés. Infirmiers et aides soignants en réanimation, ces volontaires mobilisés par l'Etat sont déployés pour une mission de trois semaines en moyenne.

"L'objectif est de développer les capacités en réanimation à Papeete", a expliqué à l'AFP Clément, infirmier et coordinateur de ce groupe de réservistes. 

Nous avions déjà accueilli un premier contingent le 15 août, et un second le 25 août. Et nous avons ce soir 36 soignants qui sont envoyés par Santé publique France

Cédric Bouet, chef de cabinet du haut-commissaire, auprès de l'AFP.


"Ils vont chacun rejoindre des services hospitaliers, soit ici à Tahiti au centre hospitalier principal, soit dans un des centres hospitaliers secondaires; en l'occurrence dans les archipels des îles sous le vent, à Raiatea. Ils vont intégrer les équipes qui s'occupent des patients covid", notamment "ceux qui ont contracté des formes graves et qui sont aujourd'hui en réanimation", a-t-il expliqué.

"L'hôpital n'était plus en capacité de faire face à l'ensemble des cas qui lui étaient présentés. Et nous avions observé qu'un phénomène de saturation, d'embolie hospitalière, se profilait, donc il fallait avoir des renforts supplémentaires, c'est ceux qui commencent à nous arriver. Il y en aura d'autres", a ajouté M. Bouet.

Une élue demande la fermeture des frontières 

La Polynésie française a enregistré 387 nouvelles hospitalisations pour Covid-19 en une semaine, un chiffre en hausse constante depuis la diffusion du variant Delta fin juillet, selon le ministère de la Santé local. 

Dans une question écrite au gouvernement local, la représentante indépendantiste à l'Assemblée de la Polynésie française Eliane Tevahitua a demandé la fermeture des frontières. 

"Cette situation de sidération à laquelle nous sommes tous confrontés, depuis quelques semaines déjà, témoigne en réalité de votre incapacité notoire à gérer cette crise", a-t-elle aussi écrit au président Edouard Fritch, tout en dénonçant le "laxisme" de l'Etat en matière de contrôle aux frontières.

"Je n'ai pas compris pourquoi après 160 décès on n'a pas fermé le territoire alors qu'on s'apercevait que tous les jours on avait des décès. Il y a même un week-end où on a eu 54 décès: c'est comme si en France il y avait 13.000 décès en 72 heures, c'est énorme", a déclaré à l'AFP Stéphane Milon, directeur adjoint du centre de rééducation Te Tiare, qui assure désormais des soins post-covid.

Sur la chaîne locale TNTV, Patrick Galenon, le secrétaire général de la CSTP-FO, le plus important syndicat local, a demandé un "confinement vraiment strict", dénonçant les nombreuses dérogations possibles. Il a aussi regretté "une explosion des rassemblements politiques, une explosion de rassemblements festifs, les ouvertures des écoles", jusqu'au début du mois d'août, qui ont favorisé selon lui les contaminations.

L'épidémie a fait 446 morts, dont 115 la semaine dernière. Les autorités sanitaires ont reconnu que ces chiffres n'incluaient pas les décès liés au covid survenus à domicile, dont le nombre n'est pas connu. Le gouvernement local porte son effort sur la vaccination et les soins. Les dépistages sont moins nombreux et le taux d'incidence, qui a dépassé ces derniers jours le chiffre vertigineux de plus de 3.000 cas pour 100.000 habitants, ne peut plus être évalué.