Polynésie: Edouard Fritch ne "s'accrochera pas au pouvoir"

Edouard Fritch, président de la Polynésie française
Le président de la Polynésie française, Edouard Fritch, annonce qu'il considèrerait sa "mission terminée" si son budget n'était pas voté ou s'il était "défiguré", lors d'une conférence de presse où il a aussi présenté la démission de deux de ses ministres.
 "Je ne vais pas m'accrocher au pouvoir" a déclaré hier le président de la Polynésie à l'AFP. "S'il faut prendre une décision, je le ferai", a-t-il ajouté, avant d'envisager "de démissionner tout le gouvernement" sans exclure une "dissolution" de l'assemblée. Cette dissolution peut être demandée à la France en cas de blocage des institutions. Les Polynésiens devraient alors retourner aux urnes. La ministre de l'Outre-mer, George Pau-Langevin, l'avait évoquée en septembre avant de préciser: "on n'en est pas encore là".

Deux ministres démissionnent et ne sont pas remplacés

Le ministre de l'Agriculture, Frédéric Riveta, et celui de la Jeunesse et des sports, René Temeharo, ont démissionné du gouvernement pour retrouver un siège à l'assemblée de la Polynésie française: ils poussent hors de l'hémicycle deux représentants élus sur la même liste, mais proches de Gaston Flosse, et passés dans l'opposition. Les deux ministres ne sont pas remplacés: Edouard Fritch se chargera lui-même de l'agriculture, tandis que la ministre de l'Education Nicole Sanquer sera chargée de la jeunesse et des sports. Frédéric Riveta et René Temeharo retrouveront leurs sièges de représentants à l'assemblée dans un mois. Edouard Fritch disposera alors du soutien de 26 représentants sur 57; il espère convaincre au moins trois autres élus de le rejoindre pour obtenir la majorité absolue (29).

Edouard Fritch va créer son propre parti

Edouard Fritch et la plupart des représentants qui le soutiennent ont été élus en mai 2013 sur une liste conduite par Gaston Flosse. Les deux hommes ont été proches pendant plus de trente ans. C'est d'ailleurs Gaston Flosse qui a poussé Edouard Fritch à la présidence polynésienne, lorsqu'il a perdu tous ses mandats en septembre 2014, après une condamnation à trois ans d'inéligibilité. Les deux hommes se sont ensuite brouillé, et Edouard Fritch a été exclu du parti de Gaston Flosse. Leur majorité à l'assemblée a volé en éclats. Malgré le soutien d'autres élus autonomistes, Edouard Fritch a le plus grand mal à faire passer ses projets de lois. Edouard Fritch a annoncé qu'il créerait son propre parti à la mi-décembre. Ces dissensions font craindre un retour de l'instabilité politique, qui avait miné cette collectivité d'outre-mer entre 2004 et 2011.