En Polynésie, le site sacré de Taputapuatea pourrait être inscrit ce dimanche à l'Unesco

Taputapuatea
Situé sur l'île de Ra'iatea dans l'archipel des Îles-Sous-le-Vent, le marae de Taputapuatea est considéré comme le berceau du monde polynésien. Il pourrait être inscrit ce dimanche au patrimoine culturel mondial de l'Humanité, une première pour les Outre-mer.
C'est un lieu sacré de 2.500 hectares, situé sur l'île de Ra'iatea dans l'archipel des Îles-Sous-le-Vent, et considéré comme le berceau du monde polynésien : le marae de Taputapuatea, en Polynésie française, pourrait être inscrit dimanche au patrimoine culturel mondial de l'Humanité, une première pour les Outre-mer.
 
"On espère une reconnaissance internationale" pour ce site, qui revêt "une importance religieuse, spirituelle, sociale, culturelle, cultuelle et politique", a expliqué à l'AFP le ministre de la Culture de la Polynésie française, Heremoana Maamaatuaiahutapu, qui s'est rendu vendredi avec le président de Polynésie, Édouard Fritch, à Cracovie(Pologne), où se tient la réunion du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco. 
 

Premier site "culturel" Outre-mer

Si ce site est reconnu par l'Unesco, ce sera une première pour les Outre-mer, qui ont déjà de nombreux sites naturels classés, mais aucun "culturel". Ce marae (lieu sacré polynésien), qui compte une partie terrestre et une partie maritime, a "une importance particulière pour l'ensemble du monde polynésien, par seulement pour la Polynésie française", a-t-il insisté, citant par exemple Tonga, Samoa, Hawai, les îles Cook, la Nouvelle-Zélande ou l'île de Pâques.
 

Qu'est-ce qu'un marae ?

Un marae est un lieu de culte, où se pratiquaient les cérémonies, avant l'évangélisation  venue d'Europe. Les ancêtres des Polynésiens y agençaient des centaines de pierres, qui disposaient selon eux de "mana" (qui peut à la fois se traduire par "pouvoir" et "force spirituelle").
 
Mais le marae de Taputapuatea est considéré comme le berceau de la civilisation polynésienne, où se déroulaient des "cérémonies religieuses" et des "réunions politiques entre toutes les îles polynésiennes. Des décisions importantes y étaient prises avec l'ensemble des chefferies des îles. C'était presque les Nations unies de la Polynésie", précise le ministre. 
 
Symbole de l'expansion de la culture polynésienne, des marae liés au marae Taputapuatea existent dans tout le triangle polynésien, notamment à Hawai au Nord, aux îles Cook et en Nouvelle-Zélande au Sud-Ouest.
 

300 vestiges archéologiques

Taputapuatea est parsemé d'environ 300 vestiges archéologiques. Le site est "protégé par un classement local", mais "en cas de classement par l'Unesco, il va falloir réfléchir à gérer le flux de touristes, pas forcément respectueux du site", aujourd'hui ouvert à tous, a admis Heremoana Maamaatuaiahutapu. "Ce site a toujours beaucoup d'importance aujourd'hui".

Il en veut pour preuve que c'est dans ce lieu que, le 17 juillet 2015, les dirigeants de la Polynésie française, de Niue, des îles Cook, de Samoa, de Tonga, de Tokelau et de Tuvalu, sept territoires et Etats du "triangle polynésien", ont adopté une déclaration commune dans la perspective de la COP 21.

La candidature du marae de Taputapuatea a été soutenue par l'ancien président François Hollande, qui s'y était rendu en février 2016.