Portrait : Estelle Coppolani, la poétesse qui fait voyager la culture réunionnaise à travers le monde

Estelle Coppolani à la librairie Calypso à l'occasion de la sortie de son recueil "Couronnées d’oiseaux"
Son inspiration vient du monde entier et particulièrement de l’océan indien. Estelle Coppolani, écrivaine, poétesse, mais également dramaturge, clame, à travers son dernier recueil de poésies, son amour pour son île natale, La Réunion, qu’elle présente à Paris pour une séance de dédicaces.

Estelle Coppolani est à son aise une fois la porte de la librairie Calypso passée. En plein cœur du 14ᵉ arrondissement de Paris, là où la littérature ultramarine est en ébullition, l’auteure réunionnaise s’est confiée sur la conception de son recueil de poèmes Couronnées d’oiseaux qu’elle présente à l’occasion d’une soirée poétique.

Une littérature régionale à l’écho mondial

"J’écris en présence de toutes les langues du monde" s’amuse Estelle Coppolani qui reprend les dires du grand Edouard Glissant. Pour elle, c’est toute la définition de son art. Entre volonté de ne pas cantonner les écrits à leur territoire d’origine à celle de les diffuser à travers le monde, la poétesse présente avec ce recueil d’une vingtaine de poèmes, son interprétation de la période entre esclavagisme et engagisme sur l’île de La Réunion. Un hommage à ses ancêtres réunionnais, mais également à leur culture.

Littérature tamoule, personnalités marquantes de la culture orale réunionnaise, espaces et paysages sont les principales impulsions de ce pêle-mêle de pensées. Née sur l’île de La Réunion, qu'elle a quitté pour l'Hexagone le temps de ses études, Estelle Coppolani accepte désormais de voyager entre les continents pour présenter ses œuvres. "Ça fait de moi une nomade, je n’ai de pied-à-terre nulle part" avance-t-elle. Même si après des mois de sous-locations dans les quatre coins de la France, l’auteure réunionnaise a enfin trouvé un semblant d’équilibre.

La littérature, quand elle émane de territoires minorés, on a souvent malheureusement tendance à appeler ça de la littérature régionale.

Estelle Coppolani - poétesse et écrivaine

Portée par différents projets artistiques, autour du théâtre et des arts visuels, Estelle Coppolani est fréquemment appelée pour faire des résidences d’artistes de plusieurs mois. La prochaine, qui se déroule à la Cité internationale des Arts de Paris jusqu’en juillet, s’apparente à un moyen supplémentaire de composer, d’échanger et surtout d’écrire. Encore et encore.

Des rencontres, des paysages et des histoires comme sources d’inspirations

Estelle Coppolani a pris plusieurs années pour composer ce recueil de centaines de vers. L’auteure puise son inspiration à la fois du Ramayana ou du Mahabharata, des textes fondamentaux de la civilisation indienne, mais aussi des rencontres qu’elle a faites. Et parfois, elle n’a pas eu besoin d’aller chercher bien loin. "J’ai été élevée et entourée de femmes bavardes" raconte-t-elle. Sa famille donc, et une rencontre par hasard avec un généalogiste, ont été des éléments déclencheurs dans sa volonté de créer un recueil de poèmes, un art très souvent mêlé à la parole, si propre à son territoire natal.

Swaminatha Harihara Sivarcharya, un officiant hindou basé au temple de Saint-Paul assure la cérémonie

Dans ses différents travaux de recherches, "indispensables" pour écrire ce recueil, l’auteure s’est plongée dans différents fragments historiques, qui raisonnent encore aujourd’hui. Le Bal tamoul en est l’exemple parfait. Ce théâtre populaire inspiré du Mahâbhârata et du Râmâyana, une pratique culturelle réunionnaise dont les racines sont ancrées dans le monde rural du sud de l’Inde, l’a grandement animée durant sa période d’écriture. "J’ai réunionnisé la culture indianiste" s’amuse à penser l’auteure, une manière pour elle de rendre à la fois hommage à cette culture, mais aussi de la présenter à toute la communauté francophone à travers le monde.

Je passe énormément de temps sur Google Maps.

Estelle Coppolani - poétesse et écrivaine

Pour produire ses poèmes, Estelle Coppolani a parfois, voire souvent, besoin de s’émanciper des zones ultra-urbanisées qui l’entourent. Pour cela, elle compte sur trois outils essentiels : le premier, Google Maps, essentiellement pointé sur La Réunion et occasionnellement sur l’Inde. Le Trésor de la langue française, un dictionnaire des XIX et XXᵉ siècle, ainsi qu’un livre sur les plantes endémiques réunionnaises. Un mélange parfait qui se complète et qui la lie à son île natale.

Tout ce que j’écris, ça ne vient pas que de moi, cela vient de mon archipel, des territoires autour de moi, de ce que je vois, de ce que j’entends.

Estelle Coppolani - poétesse et écrivaine

Une semaine après la sortie de son recueil, Estelle Coppolani présente à Paris, son recueil Couronnées d’oiseaux. Une étape importante qu’elle concilie avec ses activités de dramaturge et ses collaborations avec des artistes plasticiens.