Cette idée, c’est Whereez. Une start-up née en 2016 et dont l’histoire amuse encore son créateur. "Je faisais des travaux chez moi avec des amis. En discutant, on s’est rendu compte qu’on s’ennuyait tous dans nos jobs respectifs. On voulait avoir quelque chose de plus fun à monter". Le processus était lancé.
L’idée, en elle-même, avait déjà germé quelques jours plus tôt. Convié à vivre un stage de clown, auquel participait une amie, Karim Asika a été séduit par l’expérience et trouvé enthousiasmant de découvrir une activité à laquelle il n’aurait jamais pensé participer si elle ne s’était imposée à lui. "Je voulais permettre aux gens de découvrir facilement des activités insolites et originales via une plateforme qui les réunisse toutes en un seul endroit". C’est désormais chose faite. Whereez est né… Quant à Karim Asika, pour l'anecdote, il a continué de pratiquer le clown pendant quelques temps.
Impact social positif
Entouré de deux associés, il se lance dans la construction de ce projet. "Un long chemin de croix", basé sur beaucoup de rebondissements, de remises en cause, mais aussi de joies et de surprises… Et finalement, la voilà. La plateforme compte aujourd’hui plusieurs centaines de partenaires à Paris, près de 150 à La Réunion, et déjà une centaine dans les Hautes-Alpes, région d’origine de son associé.Dans un premier temps, le concept se développe à Paris, où Karim Asika vit depuis plus de 17 ans. Mais rapidement, le désir de faire découvrir son île natale se fait sentir. La faire découvrir à ceux qui ne connaissent rien d’elle. Mais aussi, et surtout, à ceux qui y vivent, parfois depuis toujours, mais qui ont depuis, oublié ce qu’elle est réellement.
Il y a quelque chose d’authentique dans ce projet. Derrière cette authenticité, on revient aux racines de La Réunion.
Ce qu’il voulait en créant Wheerez, c’était conjuguer tous les espaces temporels, lier le monde globalisé dans lequel s’inscrit La Réunion, avec le local. "Comment on fait se rencontrer une grande entreprise qui a une antenne du CAC40 à La Réunion, et un apiculteur qui vit dans les hauts de Dos d'Âne ? On le fait via Whereez".
C’est en ça qu’ils tirent leur épingle du jeu de la concurrence. La force de leur entreprise, c’est leur ancrage local fort. Karim Asika met un point d’honneur à travailler avec des structures locales et à taille humaine. Des structures qui travaillent de manière responsable. "C’est notre culture d’entreprise. On y tient vraiment parce qu’on veut avoir un impact social positif".
Whereez ouvre à La Réunion ! Paris n'est plus seule !https://t.co/2SUU2U9Ea5#paris #iledelareunion #974 #island #sortie #food #pornfood pic.twitter.com/iQOdST0Ahx
— Whereez (@WhereezParis) 12 mars 2017
A La Réunion, la start-up a par exemple permis la rencontre entre une entreprise réunionnaise et un apiculteur établi dans les hauts de Dos d’Âne. Par cette rencontre, axée sur la sensibilisation à la disparition des abeilles, "l’apiculteur a pu toucher 50 personnes d’un coup, qui pourront ensuite transmettre le message à leur famille, leurs connaissances… L’idée est de faire en sorte que cet apiculteur puisse, à travers son message, responsabiliser les gens sur le respect de l’écosystème, ce qui est très important à la Réunion !"
Se réapproprier sa culture
Sensibiliser. Parfois, dès le plus jeune âge. Des ateliers sont également développés autour de la cuisine responsable. Quels aliments consommer ? Comment apprendre à consommer localement ? "Est-ce vraiment intéressant de faire venir un kiwi d’Afrique du Sud ? Est-ce qu’on ne peut pas plutôt manger un fruit qui pousse à La Réunion ?" Ces ateliers permettent aux enfants d’apprendre très tôt à cuisiner en utilisant des produits locaux, à consommer local et à se réapproprier leur culture réunionnaise.L’île regorge de dynamisme et de richesse. On a une spécificité dont je me suis rendu compte en m’exportant. L’ouverture culturelle n’est pas juste un message publicitaire sur l’île, c’est une réalité et je l’ai vécue. On a une facilité à comprendre les autres cultures qui est hors-norme dans le monde. Il ne faut pas la perdre.
Rencontre avec Karim Asika, de la start-up Whereez
La richesse culturelle de La Réunion permet une immense variété d’activités, liée aux populations qui y vivent, à leur origine, à leurs traditions. A l’ouest de l’île, autour de Saint-Gilles, le site proposera de nombreuses activités liées à la culture et à l’art ; dans le sud, plus sauvage, les expériences seront davantage liées aux traditions réunionnaises. C’est d’ailleurs là que l’on retrouve la plupart des activités liées au Maloya et à ses instruments ; les partenaires de l’est de l’île, eux, permettront davantage de découvrir les traditions des populations d’origine indienne. Pour exemple, des cours de Kalarippayatt, art ancestral de combat indien, très peu connu sur le reste de l’île.
Il y a un espace de rencontre entre des personnes qui veulent découvrir des choses et d’autres qui ont à cœur de partager leur passion". De cet échange, naît la reconquête. La reconquête de son territoire et de ses racines. Découvrir l’autre pour se découvrir soi-même.
"C'est mon histoire"
Si le cœur de cible du Whereez est avant tout les locaux, vivant dans l’une des trois zones couvertes par le site, Karim Asika ne cache pas son ambition de créer des passerelles entre les territoires. "On veut être un pont entre La Réunion et Paris. Parce que c’est mon histoire. Et parce que les échanges sont nombreux".Pour lui, il est important de proposer aux Parisiens de découvrir La Réunion autrement. Son idée, à plus long terme, est de se baser sur cet exemple pour le reproduire à toutes les échelles. "On peut être à Paris et vouloir découvrir les Hautes-Alpes de manière authentique". Il en est de même pour un Réunionnais qui souhaiterait découvrir la vie d’un Haut-alpin, ou d’un Haut-alpin qui voudrait découvrir le Paris authentique. "Notre stratégie est de faire en sorte que les activités soient appropriées par des locaux, pour ensuite dire à un Parisien, un Réunionnais ou un Haut-alpin : ‘si vous voulez vivre et découvrir tel territoire comme le font les gens qui habitent sur place, passez par Whereez.’"
Karim Asika souhaite reste discret sur le sujet, mais après Paris, La Réunion et les Hautes-Alpes, de nouvelles destinations sont à venir sur le site. La reproduction du concept à toutes les échelles est donc enclenchée. La reconquête de nos territoires respectifs, aussi.