Pourquoi commémore-t-on les victimes de l'esclavage le 23 mai?

La grande marche du 23 mai 1998 en souvenir des victimes de l'esclavage avait réuni 40 000 personnes à Paris
Les dates de commémorations des victimes de l'esclavage sont multiples. Aux dates de l'abolition dans chaque département d'Outre-mer, s'ajoutent des dates de commémoration dans l'Hexagone, le 10 mai et le 23 mai. Explications

#La grande marche du 23 mai 1998

Aucun département ou territoire d'Outre-mer ne célèbre l'abolition de l'esclavage le 23 mai. Cette date est à relier à la grande marche du 23 mai 1998. Ce jour-là, pour le cent-cinquantenaire de l'abolition,  40 000 personnes défilent silencieusement dans les rues de Paris pour commémorer les victimes de l'esclavage.

 

#Le 10 mai, jour de l'adoption de la loi Taubira

En 2006, c'est pourtant le 10 mai qui est choisi comme date de commémoration nationale, en plus des commémorations locales. Le 10 mai, en référence au jour où la loi de Christiane Taubira, reconnaissant l'esclavage comme crime contre l'humanité est adoptée. C'était en 2001.
 
 

#Concurrence sur les dates?

Ce choix du 10 mai ne fait pas l'unanimité. Le Comité du 23 mai 1998, présidé par Serge Romana, lui préférant … le 23 mai. C'est en effet cette marche qui est à l'origine de la loi Taubira.
Le 23 mai devient, en 2008,  la journée du souvenir des victimes de l'esclavage colonial. Une journée qui a bien failli disparaitre du calendrier officiel: lors de l'examen du projet de loi Egalité Outre-mer fin 2016, la commission des lois du Sénat, estimait que cette dernière était de trop et prêtait à la confusion. Elle a donc envisagé de la supprimer avant de revenir sur sa décision après une grève de la fin de Serge Romana.

 
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# Et Outre-mer, quelles sont les dates retenues?

Les départements français ayant connu l'esclavage commémorent le jour où le décret d'abolition de l'esclavage, signé le 27 avril 1848  est arrivé sur les territoires concernés.  Dans les faits, chaque territoire a sa propre histoire, faite de révolte des esclaves et de résistance des esclavagistes.
Ainsi en Martinique, un nouveau soulèvement d'esclaves le 22 mai accélère le processus d'abolition. Le gouverneur prend la décision d'affranchir les esclaves avant l'arrivée du décret sur l'île. A la Réunion, au contraire, le décret ne sera promulgué que huit mois après sa signature, les colons refusant de s'y résoudre.
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Les dates retenues sont donc :  le 27 avril à Mayotte, le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe et à Saint-Martin, le 10 juin en Guyane, le 9 octobre à Saint-Barthélémy et le 20 décembre à La Réunion.