La Cour de révision des condamnations pénales, siégeant en audience publique à la chambre criminelle de la Cour de cassation, a décidé de réhabiliter Pouvana'a a Oopa, 41 ans après le décès de cette homme politique originaire de Huahine. Cette décision était très attendue en Polynésie.
La Cour de révision a décidé de suivre l'avis de l'avocate générale le 5 juillet dernier. Selon elle, Pouvana'a a Oopa n'avait pas eu selon elle "un procès équitable". L'autonomiste polynésien est enfin réhabilité, 41 ans après sa mort. Cette décision consultable ci-dessous est historique pour la Polynésie française.
A l'issue de l'audience, William Kromwell de France Ô/ Outremer la 1ère a recueilli le témoignage de Teiha Stephenson, l'arrière arrière petit fils de Pouvana'a a Oopa :
Nous sommes très très heureux, c'est ce que l'on attend depuis plus d'un demi-siècle, ma grand-mère a commencé le combat, mon père a repris le flambeau et nous on baigne dedans depuis que l'on est tout jeune. C'est une excellente nouvelle pour vous".
Me Emmanuel Piwnica, désigné curateur à la mémoire de Pouvanaa A Oopa par la Cour de révision a également fait par de sa satisfaction au micro de William Kromwell ci-dessous :
Dans un documentaire signé Jacques Navarro-Rovira, l'historien Jean-Marc Regnault qui a eu accès aux archives a mis en évidence "la présence d’espions auprès de Pouvana’a". Les deux incendies de Papeete semblent bien avoir été provoqués "dans le but de nuire et d’accuser Pouvana’a". Par ailleurs, "le procès ne s’est pas tenu dans des conditions normales".
Années d’exil
L’homme politique déchu va donc passer de longues années en métropole à Marseille, puis à Fresnes de 1963 à 1966. Cette année-là, il est gracié de la peine de prison et poursuit son exil à Pierrefonds, puis direction le département du Gard.
Retour à Tahiti
Début 1968, Pouvana’a subit une attaque qui le laisse hémiplégique. Le 9 novembre, la remise gracieuse de sa peine est annoncée. Il rentre enfin à Tahiti le 30 novembre 1968 après de longues années d’exil. Pendant ce temps, un aéroport a été construit à Fa’a et les essais nucléaires ont commencé à Mururoa.
Pas de réhabilitation
Le jour-même de son retour, Pouvana’a Oopa demande la révision du jugement de 1959. Cette réhabilitation, il ne l’aura donc pas obtenu de son vivant. Malgré tout l’homme qui a toujours clamé son innocence continue sa carrière politique. Amnistié en 1971, il est élu sénateur la même année. Il meurt le 10 janvier 1977. Une foule nombreuse viendra assister à ses funérailles.