Pouvana'a a Oopa, l'autonomiste polynésien innocenté par la Cour de révision

La Cour de révision des condamnations pénales, siégeant en audience publique à la chambre criminelle de la Cour de cassation, a décidé de réhabiliter Pouvana'a a Oopa, 41 ans après le décès de cette homme politique originaire de Huahine. Cette décision était très attendue en Polynésie.  
La Cour de révision a décidé de suivre l'avis de l'avocate générale le 5 juillet dernier. Selon elle, Pouvana'a a Oopa n'avait pas eu selon elle "un procès équitable". L'autonomiste polynésien est enfin réhabilité, 41 ans après sa mort. Cette décision consultable ci-dessous est historique pour la Polynésie française. 
 

Arrêt de la Cour de révision

 

Réactions

A l'issue de l'audience, William Kromwell de France Ô/ Outremer la 1ère a recueilli le témoignage de Teiha Stephenson, l'arrière arrière petit fils de Pouvana'a a Oopa : 

Nous sommes très très heureux, c'est ce que l'on attend depuis plus d'un demi-siècle, ma grand-mère a commencé le combat, mon père a repris le flambeau et nous on baigne dedans depuis que l'on est tout jeune. C'est une excellente nouvelle pour vous". 

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Me Emmanuel Piwnica, désigné curateur à la mémoire de Pouvanaa A Oopa par la Cour de révision a également fait par de sa satisfaction au micro de William Kromwell ci-dessous :
 
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Incendies criminels

Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1958, deux incendies criminels ont lieu à Papeete. Le domicile de Pouvana’a est perquisitionné. Le député de la Polynésie et vice-président du conseil du gouvernement local est accusé d’avoir voulu incendier la capitale tahitienne. Un procès a lieu en octobre 1959. Pouvana’a est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et 15 ans d’exil. Il est déchu de son mandat de député en 1960.
 
Arrestation de Pouvana'a
 

Accès aux archives

Dans un documentaire signé Jacques Navarro-Rovira, l'historien Jean-Marc Regnault qui a eu accès aux archives a mis en évidence "la présence d’espions auprès de Pouvana’a". Les deux incendies de Papeete semblent bien avoir été provoqués "dans le but de nuire et d’accuser Pouvana’a". Par ailleurs, "le procès ne s’est pas tenu dans des conditions normales".
 

Années d’exil

L’homme politique déchu va donc passer de longues années en métropole à Marseille, puis à Fresnes de 1963 à 1966. Cette année-là, il est gracié de la peine de prison et poursuit son exil à Pierrefonds, puis direction le département du Gard.
 

Retour à Tahiti

Début 1968, Pouvana’a subit une attaque qui le laisse hémiplégique. Le 9 novembre, la remise gracieuse de sa peine est annoncée. Il rentre enfin à Tahiti le 30 novembre 1968 après de longues années d’exil. Pendant ce temps, un aéroport a été construit à Fa’a et les essais nucléaires ont commencé à Mururoa.
 

Pas de réhabilitation

Le jour-même de son retour, Pouvana’a Oopa demande la révision du jugement de 1959. Cette réhabilitation, il ne l’aura donc pas obtenu de son vivant. Malgré tout l’homme qui a toujours clamé son innocence continue sa carrière politique. Amnistié en 1971, il est élu sénateur la même année. Il meurt le 10 janvier 1977. Une foule nombreuse viendra assister à ses funérailles.
 

Saisine de Christiane Taubira

En 1988, les descendants de Pouvana’a forment une demande en révision de ce fameux procès de 1959. Leur requête se termine par un rejet de la Cour de cassation en 1995. En 2014, sous la présidence de François Hollande, Christiane Taubira saisit le 18 juin 2014 la commission d’instruction comme le lui demandait l’Assemblée territoriale de Polynésie.
 
François Hollande se recueille sur la tombe de Pouvana'a a Oopa

Ce processus a aujourd'hui pris fin quatre ans plus tard avec une décision historique pour la Polynésie et les descendants de Pouvana'a.