Pour préparer les JO de Tokyo, l’athlète martiniquais Dimitri Bascou choisit encore La Réunion

Le Martiniquais Dimitri Bascou avec sa médaille de bronze olympique obtenue sur 110 mètres haies en 2016 à Rio.
Après quelques jours de vacances chez lui en Martinique, Dimitri Bascou va repartir s’entraîner loin du stress parisien à La Réunion. À 33 ans, il vise une nouvelle médaille olympique aux JO de Tokyo en 2021. Un dernier pari à sa portée.
Il pourrait afficher un moral en berne. Pour Dimitri Bascou, 2020 aurait dû symboliser le début d’une fin en apothéose. Les Jeux Olympiques de Tokyo lui offraient l’occasion de décrocher une nouvelle médaille sur l'épreuve du 110 mètres haies. Nouveau Graal à 33 ans après le bronze obtenu en 2016 à Rio.
 

Une préparation perturbée

Pour préparer au mieux cet ultime rendez-vous olympique, le Martiniquais avait conçu un long stage spécifique de trois mois à La Réunion. Dès le mois de février dernier, Dimitri avait renoncé à la grisaille parisienne pour la lumière de l’île Bourbon. Rampe de lancement discrète et idéale pour celui qui s’entraîne seul depuis deux ans. Sauf que le coronavirus a compromis le décollage de la fusée Bascou.
 

À La Réunion, j’avais programmé beaucoup de compétitions. La première d’entre elles devait avoir lieu… le lendemain de la mise en place du confinement. La vie des gens a été placée en mode pause forcée. Période incroyable. Et le report des JO de Tokyo a eu l'effet d'un énorme coup de massue. Nous sommes entrés dans un flou complet.

Dimitri Bascou



Pas de Jeux Olympiques en 2020,  ni même de Championnats d’Europe à Paris. Sombre perspective pour un Dimitri Bascou alors confiné à Saint-Gilles. "On est passé d’un entraînement hyper-spécifique sur le stade de Sait Paul à un simple entretien physique dans un 40 mètres carrés, détaille le sportif. Heureusement que nous avions une piscine privative juste en bas. J’ai bien essayé d’aller m’entraîner mais j’ai été refoulé du stade à chaque fois. Psychologiquement, je suis passé par différents états. Entre l’absence totale de motivation et l’envie de repartir au plus vite. Mais comme je n’abandonne jamais un projet en cours, je suis toujours là !"
 
Quelques jours de vacances en Martinique pour l'athlète Dimitri Bascou avant la reprise de l'entraînement à La Réunion.
 

Son calendrier ne parle déjà plus que de 2021

Pas question de renoncer. Le dernier rêve olympique de Dimitri Bascou est juste repoussé d’un an. Ceci étant, ne vous attendez pas à voir courir le Martiniquais en 2020. La courte saison d’automne (avec les Championnats de France à Albi en septembre et quelques meetings) n’a pas trop d’intérêt pour un hurdleur de son âge.
 

Les quelques compétitions prévues en août et septembre, c’est une façon de montrer un peu d’athlétisme. C’est bien pour les jeunes. Mais pour moi, ce serait surtout une grosse prise de risque. Me blesser maintenant à douze mois des Jeux pourrait me coûter très cher.

Dimitri Bascou



Alors l'athlète prend son temps et s’apprête à nous refaire le coup de cet hiver. Il sera dans quelques jours sur l’île de La Réunion pour une vraie préparation déconfinée. "Je souhaite revenir dans la configuration de pré-saison 2020, explique-t-il. J’ai maintenant pas mal de repères à La Réunion. Je m’y sens bien. Serein. Alors que je pense que l’humeur à l’INSEP sera anxiogène en cette fin d’année. Je veux m’écarter de tout ça."
 

Question évidente : pourquoi avoir privilégié La Réunion plutôt que la Martinique ? Réponse toute simple : "Le décalage horaire y est meilleur par rapport à l’Hexagone. Juste ça. Et je dois reconnaître que l’ambiance à La Réunion me rappelle un peu la Martinique…"
 
Le hurdleur martiniquais Dimitri Bascou. Photo vintage !
 

La méthode Bascou : discrétion, réflexion, action

Le Martiniquais connaît déjà sa date de retour dans l’Hexagone : le 28 décembre prochain. Il a des objectifs bien définis : "Je compte arriver en forme pour la saison hivernale. J’ai le temps de me programmer pour ça. L’idéal serait de casser la baraque sur la saison en salle afin d’aborder le printemps dans les meilleures conditions."

Surtout que pour se préparer à La Réunion, le champion ne manquera de rien. Ou presque. "J’ai juste transformé les bains froids de l’INSEP en baignoire d’eau glacée. À part ça, je dispose d’un kiné juste à côté et le stade de St Paul a tout le matériel nécessaire."

En toute discrétion, Dimitri Bascou va donc reprendre le chemin de l’entraînement, en essayant de rester au maximum à l’abri d’informations souvent angoissantes. "Le problème, c’est que l’info vient à vous. Avec le numérique, il est quasiment impossible de ne pas être atteint. D’où l’importance de se recentrer sur soi. Chercher une raison. À titre perso, je me répète tel un mantra que je vais faire les Jeux pour me prouver que je peux y arriver. C’est tout ce qui compte."

En cette période si particulière, Dimitri a la chance de n’enregistrer aucune défection au niveau de ses partenaires. Malgré la crise économique qui a découlé de la pandémie de Covid-19, le groupe Eiffage demeure ainsi un soutien précieux et fidèle du Martiniquais. Pour une fois, l’âge de Dimitri (33 ans) est un atout : "Si cette pandémie était arrivée en 2015 ou 2016, elle aurait clairement gâché ma carrière. Aujourd’hui, je suis très triste pour la jeune génération. Le coronavirus leur vole une partie de leur vie."

Celui qui entraîne la hurdleuse réunionnaise Lucy Sincère, garde cependant espoir. Pour elle. Pour lui. Le mot découragement fait rarement partie du vocabulaire de Dimitri Bascou. Alors rendez-vous en 2021 !