Les sportifs sont pour l’instant épargnés par le reconfinement. L’INSEP demeure ouvert. Les athlètes y préparent les JO de Tokyo. Sauf que le Covid-19 rôde et amène son lot d’interrogations. L’entraîneur martiniquais Stéphane Caristan nous aide à y voir plus clair.
Le temps passe. Vite. Stéphane Caristan a aujourd’hui 56 ans. Le double finaliste olympique (Los Angeles en 1984 et Barcelone en 1992) est aujourd’hui préparateur physique au département performance de l’INSEP.
Caristan l’entraîneur sait très bien comment Stéphane l’athlète aurait réagi s’il avait été confronté à une pandémie mondiale : "Je pense que je l’aurais vécue au jour le jour, affirme-t-il. Je bossais pour gagner. Je vivais avec cet unique objectif. C’était ma philosophie. Donc le report d’un an des Jeux n’aurait fait que renforcer mon envie de revenir encore plus fort."
Vingt-huit ans après sa dernière aventure olympique, le Martiniquais tente de faire passer ce même message à la nouvelle génération. Avec constance et passion.
Le coronavirus n’a rien changé à ses méthodes de travail. Si ce n’est que désormais… il a chaud ! "Le masque est évidemment obligatoire pour les entraîneurs. Ça tient chaud. On respire mal. Et avec la distanciation, je dois parler plus fort pour me faire comprendre. Mais ça va, on y arrive. Le vrai problème est ailleurs."
La peur du virus ? Pas vraiment. Les athlètes sont jeunes et en bonne santé. Le risque se révèle minime pour eux. Ce qui complique les choses relève plutôt du calendrier. Les Jeux Olympiques de Tokyo sont dans neuf mois. Très bien. Mais d’ici là ? "Dans l’immédiat, confirme Stéphane Caristan, il est impossible de se projeter sur quoi que ce soit. Toutes les compétitions à venir ou presque sont annulées les unes après les autres. Préparer les JO sans pouvoir se mesurer aux autres plonge les athlètes dans un flou qui n’est pas simple à gérer."
Un agenda qui évolue au jour le jour. Des athlètes parfois perturbés par ce qu’ils ont traversé au printemps dernier. Dans ces conditions, quel comportement adopter pour les entraîneurs ? "J’essaie avant tout d’être positif. En permanence. Comme s’il n’y avait pas de coronavirus. On travaille avec un objectif précis et sans utiliser le mot ‘si’. En général, les athlètes vivent dans une bulle. Il faut chercher au maximum à ce que cette bulle les isole des problèmes extérieurs."
Une première dans l’histoire des JO modernes : "On perdrait une partie de ce qui fait la beauté du sport, déplore Caristan. Je n’ose pas imaginer ma carrière à des moments pareils dans des stades vides. Il faut arriver à se dépasser tout seul. C’est presqu’une quête intérieure. Prenez le joueur de tennis Gaël Monfils. Habitué à se sublimer en communiant avec le public, il a eu du mal à trouver du sens à ce qu’il fait devant des tribunes désertées."
Au printemps 2020, le CIO avait très vite annoncé le report d’un an des JO. Selon le champion martiniquais, en 2021, il faudra prendre une décision… le plus tard possible : "Les Japonais ont une discipline que nous n’avons pas. Ils ne prendront pas le risque d’organiser les Jeux s’il n’y a pas de vaccin disponible. Donc si le vaccin arrive en juin, c’est jouable. Les athlètes pourraient alors être vaccinés dans les temps. Espérons que le gouvernement japonais aura la possibilité d’attendre jusqu’au dernier moment."
Stéphane Caristan croise les doigts mais redoute déjà les conséquences d’une éventuelle annulation définitive du rendez-vous olympique nippon : "Ce serait un drame. Ni plus ni moins. Certains athlètes ne disputent qu’une fois les Jeux dans leur carrière. Ils ont organisé toute leur vie autour de cet événement. Et que dire à un immense champion comme Teddy Riner ? Désolé mais tu vas devoir encore patienter trois ans pour finir en beauté à Paris ? Je sais que tout cela n’est rien en regard du nombre de victimes de cette pandémie mondiale. Mais le sport aurait quand même du mal à se relever d’une telle annulation. Sur un plan humain, j’entends."
Caristan l’entraîneur sait très bien comment Stéphane l’athlète aurait réagi s’il avait été confronté à une pandémie mondiale : "Je pense que je l’aurais vécue au jour le jour, affirme-t-il. Je bossais pour gagner. Je vivais avec cet unique objectif. C’était ma philosophie. Donc le report d’un an des Jeux n’aurait fait que renforcer mon envie de revenir encore plus fort."
Vingt-huit ans après sa dernière aventure olympique, le Martiniquais tente de faire passer ce même message à la nouvelle génération. Avec constance et passion.
Préparation classique pour agenda incertain
À l’INSEP, Stéphane Caristan a des journées bien remplies. La préparation physique, il la dirige pour différentes disciplines : pentathlon moderne, tir à la carabine, basket garçons (moins de 16 ans), foot féminin (toujours moins de 16 ans) et même en solo pour un judoka.Le coronavirus n’a rien changé à ses méthodes de travail. Si ce n’est que désormais… il a chaud ! "Le masque est évidemment obligatoire pour les entraîneurs. Ça tient chaud. On respire mal. Et avec la distanciation, je dois parler plus fort pour me faire comprendre. Mais ça va, on y arrive. Le vrai problème est ailleurs."
La peur du virus ? Pas vraiment. Les athlètes sont jeunes et en bonne santé. Le risque se révèle minime pour eux. Ce qui complique les choses relève plutôt du calendrier. Les Jeux Olympiques de Tokyo sont dans neuf mois. Très bien. Mais d’ici là ? "Dans l’immédiat, confirme Stéphane Caristan, il est impossible de se projeter sur quoi que ce soit. Toutes les compétitions à venir ou presque sont annulées les unes après les autres. Préparer les JO sans pouvoir se mesurer aux autres plonge les athlètes dans un flou qui n’est pas simple à gérer."
La dimension psychologique
Si le monde du sport est épargné pour l’instant par ce reconfinement, il n’a peut-être pas pris le temps d’analyser l’arrêt total et généralisé de mars dernier. L’espace d’un week-end, l’INSEP a dû renvoyer tous ses pensionnaires et fermer boutique. "Certains athlètes ont encore des séquelles du confinement, reconnaît le Martiniquais. Ils sont stressés par ce qu’ils ont vécu. Leur sommeil s’en trouve altéré. La dimension psychologique n’est pas à prendre à la légère."Un agenda qui évolue au jour le jour. Des athlètes parfois perturbés par ce qu’ils ont traversé au printemps dernier. Dans ces conditions, quel comportement adopter pour les entraîneurs ? "J’essaie avant tout d’être positif. En permanence. Comme s’il n’y avait pas de coronavirus. On travaille avec un objectif précis et sans utiliser le mot ‘si’. En général, les athlètes vivent dans une bulle. Il faut chercher au maximum à ce que cette bulle les isole des problèmes extérieurs."
Des JO en 2021 ? Vraiment ?
Avec la deuxième vague de Covid-19 qui sévit actuellement en Europe, la question du maintien des Jeux Olympiques l’été prochain commence à se poser. Mais si Tokyo parvient à maintenir le rendez-vous planétaire, ce sera certainement à huis clos.Une première dans l’histoire des JO modernes : "On perdrait une partie de ce qui fait la beauté du sport, déplore Caristan. Je n’ose pas imaginer ma carrière à des moments pareils dans des stades vides. Il faut arriver à se dépasser tout seul. C’est presqu’une quête intérieure. Prenez le joueur de tennis Gaël Monfils. Habitué à se sublimer en communiant avec le public, il a eu du mal à trouver du sens à ce qu’il fait devant des tribunes désertées."
Au printemps 2020, le CIO avait très vite annoncé le report d’un an des JO. Selon le champion martiniquais, en 2021, il faudra prendre une décision… le plus tard possible : "Les Japonais ont une discipline que nous n’avons pas. Ils ne prendront pas le risque d’organiser les Jeux s’il n’y a pas de vaccin disponible. Donc si le vaccin arrive en juin, c’est jouable. Les athlètes pourraient alors être vaccinés dans les temps. Espérons que le gouvernement japonais aura la possibilité d’attendre jusqu’au dernier moment."
Stéphane Caristan croise les doigts mais redoute déjà les conséquences d’une éventuelle annulation définitive du rendez-vous olympique nippon : "Ce serait un drame. Ni plus ni moins. Certains athlètes ne disputent qu’une fois les Jeux dans leur carrière. Ils ont organisé toute leur vie autour de cet événement. Et que dire à un immense champion comme Teddy Riner ? Désolé mais tu vas devoir encore patienter trois ans pour finir en beauté à Paris ? Je sais que tout cela n’est rien en regard du nombre de victimes de cette pandémie mondiale. Mais le sport aurait quand même du mal à se relever d’une telle annulation. Sur un plan humain, j’entends."