Le président comorien a échappé à un attentat au mois d'avril (justice)

Le président des Comores Azali Assoumani, le 25 janvier 2019 à Paris.
La police comorienne a interpellé une vingtaine de personnes soupçonnées d'avoir participé à une tentative d'attentat à la bombe le mois dernier contre l'avion du président Azali Assoumani, a révélé vendredi un haut magistrat de l'archipel.
"Des terroristes ont tenté d'introduire une bombe artisanale que l'on pouvait actionner à distance dans l'avion qui devait conduire le président de l'île d'Anjouan à l'île de Mohéli", a déclaré Mohamed Abdou, procureur auprès de la Cour de sûreté de l'Etat. "Par chance, les forces de sécurité, qui ignoraient tout du complot, avaient refusé l'embarquement du colis", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
    

19 arrestations

Dix-neuf personnes liées à cette tentative d'attentat ont été arrêtées et placées en détention provisoire et plusieurs autres sont "activement recherchées, à l'intérieur comme à l'étranger", a également indiqué Mohamed Abdou. Parmi les personnes arrêtées figurent deux militaires, dont le numéro 2 de la gendarmerie à Anjouan, a-t-il précisé.
    
Chef de l'Etat de 1999 à 2006, réélu en 2016, l'ex-colonel putschiste Azali Assoumani a remporté un nouveau mandat lors des élections générales de l'an dernier. L'opposition, qui compare son régime à une "dictature", n'a jamais reconnu ces résultats et dénoncé des fraudes caractérisées, comme la plupart des observateurs étrangers ou de la société civile. Le chef de l'Etat est particulièrement contesté sur l'île d'Anjouan, dont la population lui reproche une réforme constitutionnelle qui a privé en 2018 un de ses ressortissants de la présidence tournante de l'archipel.
 

Des bombes dissimulées dans un colis    

Une source proche de l'enquête a révélé sous couvert d'anonymat à l'AFP que les bombes qui devaient faire exploser l'avion du président "étaient dissimulées dans un colis qui devait voyager dans la soute à bagages". Refusé à bord, le colis a explosé pour des raisons non élucidées alors qu'il était transporté sur une moto, dont le conducteur a été grièvement blessé, selon cette source.
    
Lors de l'enquête qui a suivi, les policiers ont mis la main sur 16 autres engins explosifs artisanaux dissimulés sur l'île d'Anjouan, a indiqué le procureur. Les organisateurs de l'attentat souhaitaient "faire descendre la population dans la rue sur les trois îles de l'archipel une fois l'avion détruit et le président déclaré mort", a-t-il ajouté.
    
Selon son entourage, le président Azali avait déjà échappé l'an dernier à une tentative d'attentat visant son convoi sur Anjouan, en pleine campagne électorale.