Présidentielle : les traders londoniens s'attendent à des répercussions sur les cours mondiaux du nickel

Acheteurs et vendeurs. Les Traders du Nickel à la bourse des métaux de Londres (LME)
Après la situation en Corée et la reprise des exportations indonésienne et philippine de nickel, les nouveaux « cygnes noirs » du marché londonien des métaux s’appellent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. L’aluminium, le cuivre et le nickel terminent la semaine dans le rouge…
Le London Metal Exchange (LME) et tous les marchés financiers se préparent à une nuit potentiellement agitée dimanche après l’annonce du résultat, encore imprévisible, du premier tour de l’élection présidentielle française.

Scénario

Comme lors du référendum qui a décidé de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, banquiers, traders de matières premières et gérants de fonds se mettent en ordre de bataille pour gérer les effets d'une éventuelle présence au second tour de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, voire des deux. Le scénario d'un "Frexit", une sortie de la France de l'euro et de l'Union européenne, ou encore la dénonciation de la mondialisation des échanges apparaissaient relativement improbables il y a encore quelques semaines. Mais la percée du candidat de la France insoumise et la solidité dans les sondages de la présidente du Front national donnent à présent des sueurs froides aux milieux financiers.
 

"Cygnes noirs"

À l'instar d'autres sociétés de gestion, La Société générale, qui gère quelque 60 milliards d'euros d'actifs, a par exemple mobilisé une équipe spéciale pour la soirée de dimanche. "Le marché londonien des métaux et plus généralement la City croient en la théorie du 'cygne noir'. Un événement qui serait d’une portée négative considérable. Les investisseurs ont trouvé deux nouveaux 'cygnes noirs', après les tensions géopolitiques en Corée. Ce sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon qui dénoncent l’économie mondialisée et le libre échange. Par leurs déclarations, ces deux candidats alimentent la spéculation à la baisse sur les métaux et le nickel qui sont au cœur de la mondialisation », confie Robin Bahr, un analyste-expert du LME basé à Londres.

Nickel-dollar

La volatilité du taux de change euro/dollar témoigne également de la nervosité des investisseurs. La monnaie nord-américaine sert de référence aux paiements des métaux industriels comme le nickel. Un dollar fort rend le nickel moins attractif pour les acheteurs munis d’autres monnaies, et c’est le cas des industriels chinois ou européens. Sur le marché des changes, l'euro recule vendredi face au billet vert, pour retomber sous 1,07 dollar. Le rendement des emprunts d'État français à dix ans est revenu à un plus bas de près de trois mois sous 0,84%.

Alerte pour les métaux

Les premières estimations du vote seront rendues publiques à 20h00 dimanche, mais des premiers résultats de sondages à la sortie des urnes pourraient circuler, notamment sur les réseaux sociaux et sur les sites internet de la presse étrangère, en début de soirée, alimentant les spéculations sur les marchés. Le site d’information de l’industrie mondiale des matières premières et du marché londonien des métaux, indique avoir fait de son mieux pour informer ses clients industriels et financiers des risques qui les attendent sur le marché londonien dès lundi : « Les actions et les actifs à risque sont sous tension et par effet miroir les contrats sur les matières premières et le nickel » précise un analyste du Metal Bulletin.

Certains intervenants se disent néanmoins relativement sereins, estimant que même si le scénario le plus "risqué" se réalisait, son impact sur les marchés pourrait être de courte durée, comme ce fut le cas pour le Brexit. Vendredi soir à Londres, les métaux industriels évoluaient en baisse. Le nickel perdait du terrain autour de 9.360 dollars la tonne, son cours le plus bas depuis le 1er janvier.