Face aux critiques internationales, le gouvernement du Brésil a finalement décidé d'annuler le décret visant à laisser des compagnies privées exploiter les réserves minières d'une gigantesque réserve d'Amazonie, précieuse pour sa biodiversité et ses ethnies indigènes.
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La présidence du Brésil va publier mardi un nouveau décret qui "rétablit les conditions de la zone, conforme au document qui a créé la réserve en 1984", a indiqué le ministère des Mines et de l'Energie (MME) dans un communiqué. Le décret qui avait déclenché l'ire de plusieurs ONG environnementales, signé le 23 août par le président conservateur Michel Temer, visait à supprimer la Réserve nationale de cuivre et associés (Renca) d'une superficie de 47.000 km2 (plus grande que la surface du Danemark) située dans la jungle amazonienne des Etats du Para et de l'Amapa (nord).
Mais les critiques avaient immédiatement fusé au Brésil et à l'étranger, les opposants au décret expliquant que l'exploitation privée allait aggraver la déforestation de cette réserve "poumon du monde", faire reculer la biodiversité et nuire aux ethnies indigènes.
Face au tumulte provoqué, M. Temer avait d'abord supprimé le décret initial et, quelques jours plus tard, signé un nouveau décret très similaire avec quelques détails sur la protection de l'environnement. Le Ministère des mines avait ensuite suspendu les effets du décret pendant 120 jours, promettant un large débat sur la question et assurant que la population avait mal interprété la décision. Saisie, la justice avait fin août suspendu ce décret abrogeant le statut de la Renca en motivant sa décision par des raisons constitutionnelles et par la défense de l'environnement. M. Temer avait alors annoncé le dépôt d'un recours.
Depuis sa nomination au pouvoir en 2016 après la destitution de Dilma Rousseff, M. Temer a pris une série de mesures environnementales controversées: il a récemment réduit à néant un sanctuaire naturel et gelé le transfert des titres fonciers aux peuples autochtones. Les opposants au décret dénonçaient le fait que Temer -poursuivi en justice pour des allégations de corruption- avait cédé aux pressions de groupes agro-industriels ou liés à la déforestation.
Or, selon le Ministère de l'Environnement, les superficies déboisées en Amazonie ont augmenté depuis 2012. Les autorités brésiliennes affirment cependant que cette tendance pourrait s'inverser cette année. Néanmoins, le communiqué du MME annonçant l'annulation du décret n'oublie pas de souligner que "le pays doit croître et créer des emplois, attirer des investissements dans le secteur minier, notamment pour exploiter le potentiel économique de la région".
une réserve "poumon du monde"
La réserve de Renca recèle d'importants gisements d'or, de fer, de cuivre ou de manganèse. Des minerais pratiquement inexploités jusqu'à présent, dans la mesure où le statut de réserve limitait cette activité à des entreprises publiques. Michel Temer avait alors déclaré que l'objectif de son décret était de contrôler et de dynamiser l'activité minière dans la réserve, sans affecter les zones protégées, dans le cadre de ses mesures libérales pour sortir le Brésil de la pire récession de son histoire.Mais les critiques avaient immédiatement fusé au Brésil et à l'étranger, les opposants au décret expliquant que l'exploitation privée allait aggraver la déforestation de cette réserve "poumon du monde", faire reculer la biodiversité et nuire aux ethnies indigènes.
Protestations internationales
Des ONG de défense de l'environnement telles que Greenpeace, Survival International et le World Wildlife Fund (WWF), des partis politiques, des célébrités comme le mannequin brésilien Gisele Bundchen ou l'acteur américain Leonardo DiCaprio et le clergé catholique étaient montés au créneau contre ce décret, critiqué au sein même du parti du président Temer. "C'est une tragédie annoncée qui peut entraîner la déforestation et la pollution des fleuves", avait alerté Mauricio Voidovic, directeur exécutif de WWF au Brésil. "C'est la pire attaque contre l'Amazonie des cinquante dernières années", avait fulminé le sénateur Randolfe Rodrigues, du parti de gauche Rede.Face au tumulte provoqué, M. Temer avait d'abord supprimé le décret initial et, quelques jours plus tard, signé un nouveau décret très similaire avec quelques détails sur la protection de l'environnement. Le Ministère des mines avait ensuite suspendu les effets du décret pendant 120 jours, promettant un large débat sur la question et assurant que la population avait mal interprété la décision. Saisie, la justice avait fin août suspendu ce décret abrogeant le statut de la Renca en motivant sa décision par des raisons constitutionnelles et par la défense de l'environnement. M. Temer avait alors annoncé le dépôt d'un recours.
ONG prudentes
Plusieurs ONG se sont félicitées lundi de la marche arrière du gouvernement, quoique avec une certaine prudence. "L'annulation du décret montre (...) qu'aucun gouvernement n'est absolument à l'abri de la pression publique", s'est satisfait Marcio Astrini, coordinateur des politiques publiques de Greenpeace Brésil. "C'est une victoire pour la société sur ceux qui veulent détruire et vendre notre forêt", a-t-il ajouté, avant d'avertir: "La Renca n'est qu'une bataille. La guerre contre l'Amazonie et ses populations, promue par Temer et la banque rurale, se poursuit".Depuis sa nomination au pouvoir en 2016 après la destitution de Dilma Rousseff, M. Temer a pris une série de mesures environnementales controversées: il a récemment réduit à néant un sanctuaire naturel et gelé le transfert des titres fonciers aux peuples autochtones. Les opposants au décret dénonçaient le fait que Temer -poursuivi en justice pour des allégations de corruption- avait cédé aux pressions de groupes agro-industriels ou liés à la déforestation.
Or, selon le Ministère de l'Environnement, les superficies déboisées en Amazonie ont augmenté depuis 2012. Les autorités brésiliennes affirment cependant que cette tendance pourrait s'inverser cette année. Néanmoins, le communiqué du MME annonçant l'annulation du décret n'oublie pas de souligner que "le pays doit croître et créer des emplois, attirer des investissements dans le secteur minier, notamment pour exploiter le potentiel économique de la région".