Prisons : les syndicats de surveillants appellent au "blocage total" ce lundi

Les personnels pénitentiaires de Martinique suivent le mouvement de grève lancé au plan national ce lundi 15 janvier
Après une semaine de tensions dans les prisons, les syndicats de surveillants appellent à un "blocage total" des établissements lundi, partout en France. Ils ont rejeté un projet d'accord négocié avec le gouvernement. La semaine dernière, le mouvement avait été suivi Outre-mer.
Après une semaine de tensions dans les prisons, les syndicats de surveillants ont rejeté samedi un projet d'accord négocié avec le gouvernement. Ils appellent à un "blocage total" des établissements lundi à 6h (heure de Paris).

Le mouvement de colère des gardiens, lancé lundi dernier après l'agression de surveillants par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), s'était ralenti samedi pendant une phase de consultation, mais promet désormais de se durcir à nouveau. La semaine dernière, le mouvement avait également touché les prisons des outre-mer, notamment en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion.

Regardez le reportage Réunion 1ère de Thierry Chapuis, à la prison du Port lundi dernier :
Reportage ©Réunion 1ère

Des propositions en deçà des attentes

L'Ufap-Unsa, le syndicat majoritaire (40%), a annoncé samedi dans la soirée qu'après avoir consulté ses militants, il ne signerait pas ce texte, pourtant négocié avec le gouvernement durant la semaine sur base d'une plateforme commune de revendications avec la CGT-Pénitentiaire. La CGT-Pénitentiaire (environ 15%) avait déjà annoncé dans l'après-midi qu'elle ne signerait pas, évoquant des propositions "bien en deçà des attentes des collègues mobilisés, notamment en terme de reconnaissance et d'attractivité de (ses) missions de service public (indemnité et statut) et de l'insuffisance de création de postes proposés".


Que prévoit le projet d'accord ?

Ce projet d'accord prévoit notamment la création de 1.100 emplois de surveillants sur quatre ans, "dont une première tranche de 100 emplois dès 2018", ainsi que des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens et un régime de détention spécifique pour les "détenus terroristes et radicalisés".

A l'heure actuelle, on compte 28.000 surveillants pour près de 70.000 détenus dans 188 établissements en France. La chancellerie estime à environ 500 les détenus incarcérés pour des faits de terrorisme et à 1.500 les détenus considérés comme potentiellement radicalisés.

"Meurtris dans leur chair"

L'Ufap-Unsa, qui avait fait de la sécurité l'axe prioritaire de ses revendications, explique avoir "entendu" ses militants et "acte la demande de revalorisation indemnitaire des personnels mobilisés et meurtris dans leur chair".

De son côté, FO-Pénitentiaire (environ 30%), qui fait cavalier seul depuis le début du mouvement, a appelé à durcir le ton. Ce syndicat appelle non seulement à des débrayages mais aussi à des "dépôts de clés", geste qui consiste pour les surveillants à ne pas prendre leur travail et à laisser, le cas échéant, les forces de l'ordre prendre le relais.

Des agressions violentes

Le mouvement, renforcé ces derniers jours par une série d'agressions violentes de surveillants, a toutefois marqué le pas samedi, notamment pour laisser place à la consultation. Une vingtaine d'établissements ont été touchés "à des degrés divers", par le mouvement, consistant pour la moitié d'entre eux en des retards de prise de service, selon la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP).

En fin de journée, deux prisons restaient totalement bloquées, celle de Gradignan à Bordeaux et de Borgo en Corse. Dans ce dernier établissement, où deux gardiens ont été blessés à l'arme blanche, les parloirs n'ont pas pu se tenir, a-t-on précisé à la DAP.